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Le mot de l'éco. Chômage partiel : comment le généreux dispositif mis en place par l’État va-t-il évoluer ?

Les modifications, qui n’ont pas encore été arbitrées, doivent intervenir à partir de juin. Le chômage partiel a permis jusqu’ici d’éviter des licenciements massifs.

Article rédigé par franceinfo, Sarah Lemoine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
3,6 millions de salariés sont concernés par le chômage partiel a annoncé, mercredi 1er avril, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud. (CLAIRE LEYS / FRANCE-BLEU DRÔME-ARDÈCHE)

C’est ce que répète inlassablement la ministre du Travail, Muriel Pénicaud : les salariés français n’ont pas connu le sort des salariés américains, qui ont été plus de 38 millions à pointer au chômage pendant la crise. Et cela grâce au dispositif de chômage partiel remodelé et étendu par le gouvernement français.

Depuis le 1er mars, de nouvelles catégories de salariés ont pu y accéder comme les cadres au forfait, les assistantes maternelles, les VRP, ou les salariés employés à domicile. Et surtout, l’État a considérablement relevé le niveau de prise en charge de la feuille de paie. Le salarié placé en chômage partiel reçoit 84% de son salaire net. Mais l’employeur est intégralement remboursé par l’État, à hauteur de 4,5 smic. Il n’a donc rien à débourser jusqu’à ce plafond. 

Un dispositif qui coûte cher à l’État

On imagine que la facture ne va pas être légère, mais pour le moment, c’est compliqué à chiffrer. En fait, il y a un décalage entre la demande d’heures chômées et la consommation réelle. Les entreprises préfèrent voir large, pour ne pas se retrouver coincer et affiner si besoin. Et c’est ce qui s’est passé.

Depuis le début de la crise, 12,7 millions de salariés sont théoriquement concernés par une demande de chômage partiel. Mais en avril, 70% seulement ont vraiment eu des heures chômées. Et le gouvernement n’a pas encore indiqué le montant des sommes jusqu’ici remboursées.  

Le gouvernement veut durcir le dispositif 
Quelles sont les pistes ?
 

Il y en a plusieurs. La première : le gouvernement conserve le plafond de 4,5 smic. Mais au lieu de rembourser 100% des salaires dans cette limite, il baisse sa prise en charge. À 90% par exemple. Cette piste, soutenue par Bercy, est favorable aux grandes entreprises qui versent des salaires élevés.

Deuxième solution : le gouvernement baisse le plafond de 4,5 smic. À 3,5 smic par exemple. Ou moins. Mais continue de rembourser les salaires à 100% dans cette nouvelle limite. Une hypothèse qui favorise cette fois les TPE où les salaires sont plus faibles.

Troisième piste, plus radicale : le gouvernement baisse à la fois le plafond et le niveau de prise en charge des salaires. Reste enfin la question du rythme. La prise en charge de l’État va-t-elle baisser tous les mois à partir de juin. Ou par paliers plus espacés ? La décision finale n’est pas encore tranchée. "Si tout le monde était d’accord au gouvernement, ça fait longtemps qu'on aurait la réponse", glisse un responsable patronal. 

Le patronat s’inquiète de cette réduction de voilure

 Les patrons la jugent prématurée. Le Medef et l’U2P auraient souhaité que le gouvernement maintienne l’actuel dispositif de chômage partiel, au moins jusqu’à septembre, le temps que la reprise d’activité et la consommation s’intensifient. Aujourd’hui, c’est trop tôt, disent-ils, l’exécutif prend le risque de voir nombre d’entreprises licencier, alors que c’est précisément ce qu’il a essayé d’éviter.

Seule certitude, certains secteurs ne seront pas concernés. Le tourisme, par exemple, continuera de bénéficier du dispositif de chômage partiel jusqu’à la rentrée.    

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