"Le coronavirus tuera plus d'entreprises que d'êtres humains si ça continue" : le Haut-Rhin pâtit d'un ralentissement économique
L'interdiction des événements de plus de 50 personnes pèse fortement sur l'économie locale.
Dans cette agence de voyage du centre de Mulhouse, quand le téléphone sonne désormais, c’est rarement pour des réservations, très souvent plutôt pour des demandes de remboursement. "Là c'est un déplacement professionnel", décrit par exemple l'employée. "Comme tout est annulé pour tout le monde..." Les conséquences économiques de la progression du coronavirus Covid-19 se font ressentir fortement dans le Haut-Rhin, l'un des départements les plus touchés.
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Ce qui pèse sur l'économie notamment, ce sont les interdictions de rassemblements de plus de 50 personnes, qui induisent l'annulation de séminaires, de salons, de foires, en plus des concerts et des autres événements culturels. L’hôtel que dirige Jonathan Ricard, en plein centre de Mulhouse, est par exemple aujourd’hui quasi désert, le taux d’occupation a chuté de 90 à 20% : "On a perdu en 48 heures 350 nuitées réservées, assure-t-il. C'est clair que ce virus tuera plus d'entreprises que d'êtres humains si ça continue à ce rythme-là." Le dirigeant a demandé un étalement de ses charges et envisage de recourir au chômage partiel.
Depuis une semaine, ça fait sans doute plusieurs dizaines de milliers d'euros de chiffre d'affaires qui ne se réalisera pas.
Jonathan Ricard, patron d'hôtelà franceinfo
Depuis son bureau de dirigeant de la chambre de commerce et d'industrie de Mulhouse, Gilbert Stimpflin interroge la pertinence de l’interdiction des rassemblements de plus de 50 personnes : "D'où vient ce chiffre ? N'importe quelle réunion chez nous fait entre 30 et 40 personnes, voire 50. Les gens prennent peur, ils ne font plus rien du tout. Ce qui vous donne l'annulation des séminaires, et de tout le reste. Tout s'annule automatiquement."
"Une organisation pharaonique"
Depuis lundi, la fermeture des établissements scolaires a aussi des conséquences, avec des arrêts de travail pour des salariés qui doivent garder leurs enfants. "Plus de 10% de nos salariées sont chez elles, qui ne peuvent pas venir travailler", raconte par exemple Matthieu Domas, qui coordonne l’important réseau d’aide à domicile (APA). "Donc ça engendre une organisation pharaonique pour les remplacer. On est quelques fois obligés d'annuler des interventions qui sont plus liées à l'entretien du cadre de vie."
Dans l'industrie haut-rhinoise, là c'est le coronavirus en Chine qui pèse, avec notamment un manque de pièces importés. Pour casser cette dépendance, la région Grand Est a annoncé la semaine dernière un plan d'aide aux relocalisations. La collectivité convie également mardi après-midi les représentants de l'État et les entrepreneurs pour évoquer justement la dégradation de la situation économique.
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