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"Je continue à faire la bise" : pourquoi tant de Français rechignent à appliquer les "gestes barrières" face au coronavirus

Plusieurs sondages indiquent qu'une large majorité de Français continuent à se serrer la main ou à s'embrasser, à l'encontre des consignes des autorités. Il faut dire que la bise fait partie du patrimoine français.

Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une femme passe devant un message d'information sur le coronavirus à la gare de Rennes. (DAMIEN MEYER / AFP)

Le gouvernement recommande depuis le début de l'épidémie de coronavirus de mettre en place des "gestes barrières", des mesures simples pour freiner la propagation du virus, comme se laver les mains ou éviter de faire la bise et de serrer les mains.

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Si dans les entreprises, les consignes sont globalement respectées, la situation est bien différente en famille ou entre amis. Dans ce bar en région parisienne, des amis se retrouvent et se font la bise : "Je n'ai pas peur. Dans mon entourage, je n'ai personne qui craint cette maladie donc je continue ma vie normalement", explique un trentenaire. Idem pour cette jeune maman : "Je trouve qu'on va beaucoup trop loin dans la paranoïa. Par ailleurs, je ne côtoie pas de personnes âgées donc je continue à faire la bise avec les gens que je connais".

Selon une étude Elabe pour BFMTV publiée le 11 mars dernier, 66% des Français ont fait la bise, ces derniers jours, à des personnes qu’ils connaissent et 61% des Français ont serré la main aux personnes qu’ils connaissent.

La contestation de l'autorité est très ancrée en France

Comment expliquer cette résistance aux consignes sanitaires ? La première explication est la méconnaissance. Contrairement à ce que dit la jeune maman de notre reportage, le coronavirus ne concerne pas que des personnes âgées. Des infectiologues expliquent qu'il n'est plus rare désormais de voir des jeunes de 30 ou 40 ans, sans pathologie, admis en service de réanimation.

Autre raison : le Français conteste l'autorité : "Les Parisiens sont toujours des gens un peu rétifs, un peu 'gaulois réfractaires', ils veulent continuer de faire la bise", avance le patron de ce bar parisien.

Je vois beaucoup de gens qui se font la bise et qui disent : on n'a pas envie qu'on nous dise ce qu'on doit faire.

Un patron de bar parisien

à franceinfo

Pour les spécialistes en psychologie sociale, la contestation de l'autorité est très ancrée en France. Par conséquent, pour changer les habitudes, plusieurs facteurs entrent en compte, notamment le comportement des autres individus. A partir du moment où le corps social commence à ne plus adopter l'ancienne norme (faire la bise, serrer la main, etc...), l'individu se retrouve à la marge et décide également de changer. C'est notamment ce qu'il s'est passé avec l'interdiction de fumer dans les lieux publics. "Quand les gens vont arrêter de me faire la bise, je serai obligé d'arrêter. Car il faut être deux pour faire la bise, donc quand l'autre moitié arrêtera, je serai obligé de ne plus la faire".

Enfin, au fil des siècles, ces gestes sont devenus des automatismes, un réflexe implanté dans notre cerveau depuis l'enfance. On date l'origine de la poignée de mains à l'an 1000, en marge des codes de la chevalerie.

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