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Interdiction de l'alcool sur les berges : le président de la Fédération des médecins de France appelle le gouvernement à "donner un peu d'air aux Français"

Pour Jean-Paul Hamon, s'il est nécessaire d'instaurer des règles et rappeler les gestes barrières aux Français, il faut aussi donner aux gens l'occasion de s'aérer. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le canal Saint-Martin, lundi 11 mai, à Paris.  (ALEXIS SCIARD  / MAXPPP)

Le président de la Fédération des médecins de France, Jean-Paul Hamon appelle le gouvernement à "donner un peu d'air aux Français". Après l'interdiction de la consommation d'alcool aux abords du canal Saint-Martin et de l'ensemble des voies sur berges, décidée lundi en raison des attroupements observés, le Médecin généraliste demande sur franceinfo au gouvernement de ne pas se précipiter et de penser aussi au bien-être des Français nécessaire, selon lui, pour réussir le déconfinement, cette "course de longue durée dont on ne connaît pas la fin".

franceinfo : Que pensez-vous de l'attitude des Français que l'on a vu prendre l'apéritif au bord du canal Saint-Martin dès le premier jour du déconfinement ? Compréhensible, condamnable ou un peu des deux ?

Jean-Paul Hamon : Je pense que c'est un peu des deux. Quand vous sortez de deux mois de confinement, qu'il ne fait pas trop mauvais et que vous avez l'autroisation de sortir, pour les habitants du 11ème c'était tentant de se retrouver sur le canal Saint-Martin. C'est vrai qu'il n'y en avait pas beaucoup qui avaient des masques, mais même parmi les policiers beaucoup n'étaient pas masqués.

Il y avait donc des torts des deux côtés ?

Match nul, balle au centre. Je pense qu'Olivier Véran a tort de se précipiter sur l'interdiction des parcs, du canal et des forêts. Je pense qu'il faut mettre des règles, rappeler l'interdiction des groupes de plus de 10 personnes, que même ces groupes de moins de 10 personnes doivent respecter les distances et porter des masques. C'est capital si l'on ne veut pas se rater et que l'épidémie redémarre. Il y a des clusters un peu partout. À Clamart, j'ai vu des jeunes travailleurs stigmatisés par pas mal de journalistes. Ce sont des jeunes travailleurs, méritants, ce sont des infirmiers, étudiants, plombiers et là on les a présentés comme des jeunes délinquants. J'ai été très triste de voir comment l'affaire a été traitée car ce sont des gens qui habitent en face de chez moi. Ils sont absolument délicieux. Ce sont des jeunes, bon, ils ont eu la malchance d'être contaminés. C'est un cluster, il n'y a pas de raison de les stigmatiser.

Pensez-vous que l'on risque de voir ces phénomènes de stigmatisation apparaître avec le déconfinement ? Que l'on se donne les uns aux autres des leçons de distanciation ?

Je pense qu'il y a eu un moment où les gens ont eu envie de souffler. C'est tout à fait regrettable car le virus circule toujours, il faut que les Français en restent persuadés, il faut qu'ils portent des masques et qu'ils respectent les distances de sécurité. Maintenant, interdire l'alcool, qu'est-ce que c'est que cette histoire ? On ne va pas se retrouver au temps de la prohibition. Il faut réglementer l'accès aux parcs, il faut que les gens puissent se retrouver. Pas en groupe, ni en foule, il faut que ce soit contrôlé, mais il faut donner un petit peu d'air aux Français. Notamment à ceux qui sont dans les grandes agglomérations, parce que ça fait deux mois qu'ils n'ont pas d'air, ils ont parfaitement respecté les consignes. Il faut vraiment penser à ça, leur donner l'occasion de respirer au moins une heure ou deux. Car nous ne sommes pas sortis de ce virus, il faut que les Français en soient persuadés, il va falloir apprendre à vivre avec et c'est une course de longue durée dont on ne connaît pas la fin.

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