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Infographies Coronavirus : seuil d'alerte dépassé dans 14 départements, nombre d'hospitalisations en hausse... On fait le point sur quatre indicateurs

Les autorités sanitaires s'inquiètent d'une éventuelle reprise épidémique, mais il est difficile de s'y retrouver dans la série d'indicateurs qui sont observés pour l'apprécier. Franceinfo fait le point sur quatre des données épidémiologiques les plus pertinentes.

Article rédigé par Brice Le Borgne
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Carte de France du taux d'incidence Covid-19 par département. (FRANCEINFO)

[Edit - Les données sont actualisées de façon hebdomadaire. La dernière mise à jour a eu lieu vendredi 28 août à 10h30.]

Depuis la mi-juillet, les craintes d'un rebond de l'épidémie de coronavirus se précisent. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a partagé, lundi 20 juillet, son inquiétude d'une "reprise épidémique dans certains endroits". "Il y a une dynamique de circulation du virus qui nous inquiète", a-t-il déclaré, tout en précisant que "nous sommes très loin de la deuxième vague". Sur franceinfo, l'épidémiologiste Catherine Hill a estimé que le coronavirus "ne demand[ait] qu'à repartir".

Comment surveiller la propagation du virus ? Une myriade d'indicateurs existe : sur son site, Santé publique France indique en scruter une dizaine, croisés avec d'autres signalements tels que les nouveaux foyers de contamination. Pris de manière isolée, un indicateur ne suffit pas à jauger l'épidémie et présente parfois des limites. Franceinfo fait le point et décrypte l'intérêt des principales données prises en compte.

Le taux d'incidence augmente dans presque tous les départements

Ce qu'il mesure. Le taux d'incidence correspond au nombre de personnes infectées sur une semaine, ramené à 100 000 habitants. Deux seuils ont été définis par le ministère de la Santé : le seuil de vigilance est atteint si plus de 10 personnes sont infectées pour 100 000 habitants. Au-delà de 50 personnes infectées pour 100 000 habitants, le seuil d'alerte est atteint. Le taux d'incidence étant calculé à partir des résultats des tests PCR, il est important de le croiser avec le taux de positivité (part des tests positifs sur la totalité des tests réalisés).

Ce que montrent les dernières donnéesLe taux d'incidence continue d'augmenter presque partout en France. Au 24 août, le seuil d'alerte (en rouge) était dépassé dans 14 départements, contre sept une semaine plus tôt : les Bouches-du-Rhône (145,8, le plus haut en France à cette date), le Var, les Alpes-Maritimes, l'Hérault, le Rhône, Paris et sa petite couronne, le Val-d'Oise, la Sarthe, la Gironde, la Guadeloupe et la Guyane. Par ailleurs, 72 autres départements étaient au-dessus du seuil de vigilance (en orange), contre 52 la semaine précédente. Seuls 15 départements restaient en vert. Globalement, le taux d'incidence était en hausse dans 92 départements sur la semaine écoulée, et baissait dans seulement 9 autres.

Pourquoi il faut l'observer avec précaution. Le taux d'incidence a une limite majeure : il dépend du périmètre de la population testée. Plus les autorités sanitaires réalisent de tests, plus on compte de nouveaux cas, plus le taux d'incidence augmente, sans pour autant que la situation ne soit alarmante. Or, la politique de dépistage peut grandement varier d'une région à l'autre et évolue dans le temps. Le taux d'incidence peut aussi changer selon que les tests ciblent plus ou moins les personnes les plus susceptibles d'être porteuses du virus. 

>> Lire aussi : pourquoi il faut prendre le "taux d'incidence" de l'épidémie avec des pincettes

Le taux de reproduction "R" en hausse localement

Ce qu'il mesure. Le taux de reproduction effective, ou R, représente le nombre moyen de personnes qu'un malade contamine. Un R à 2,2, par exemple, signifie que 10 malades vont infecter en moyenne 22 personnes. Lorsque que le R passe en dessous de 1, l'épidémie recule. Au-dessus, elle se développe. Calculé à partir du nombre de tests positifs notamment, et sur la base d'un modèle élaboré par l'Institut Pasteur, "il permet d'analyser la dynamique de circulation du virus, dans un contexte d'épidémie", note Santé publique France sur son site. "En période de faible circulation du virus, le R est davantage un indicateur d'alerte permettant d'identifier une situation inhabituelle", continue l'agence.

Ce que montrent les dernières données. D'après les chiffres du 25 août, le facteur de reproduction était au-dessus de 1,5 (en rouge) dans quatre régions métropolitaines : Nouvelle-Aquitaine (2,01), Bourgogne-Franche-Comté (1,72), Corse (1,69) et Auvergne-Rhône-Alpes (1,63). Le reste de la France métropolitaine était en orange, avec un facteur de reproduction entre 1 et 1,5. De manière générale, le taux de reproduction est en hausse dans neuf régions, et en baisse dans sept autres.

Pourquoi il faut l'observer avec précaution. Le facteur de reproduction est très volatil, et ses limites sont similaires à celles du taux d'incidence. Sur son site, Santé publique France explique que "la valeur du R peut augmenter sans que cela soit nécessairement le signe d'une intensification de la circulation du virus". Par exemple, la découverte d'un cluster dans une entreprise peut entraîner un certain nombre de dépistages positifs, faisant augmenter ponctuellement le R sans pour autant qu'il y ait une plus large diffusion du virus. C'est le cas en Bretagne, où le R a augmenté à la suite de la découverte de plusieurs foyers. Par ailleurs, le facteur de reproduction est issu d'un calcul complexe qui tente de modéliser, et donc simplifier, les comportements humains. Il ne reflète donc pas précisément la réalité et doit être contextualisé avec d'autres indicateurs. 

>> Lire aussi : Pourquoi le taux de reproduction du virus est un indicateur à prendre avec précaution

Le nombre d'interventions de SOS Médecins en légère augmentation

Ce qu'elles mesurent. Depuis début mars, le réseau des associations SOS Médecins recense le nombre d'actes pour suspicion de Covid-19 réalisés chaque jour par leurs médecins. Cette donnée permet d'avoir un regard quotidien sur les actes médicaux en dehors des hôpitaux et cabinets. 

Ce que montrent les dernières données. Santé publique France a constaté, début juillet, trois semaines de hausse consécutives, chez toutes les classes d'âge et dans toutes les régions de France métropolitaine. Après un pic observé le 14 juillet à 576 interventions, ce chiffre est redescendu les jours suivants autour de 300 interventions quotidiennes pour suspicion de Covid-19. Mais depuis début août, la courbe a tendance à remonter légèrement.

Pourquoi c'est à observer avec précaution. Les interventions de SOS Médecins pour suspicion de Covid-19 ne permettent de surveiller qu'une partie de la réaction à un éventuel rebond épidémique. Elles sont à compléter avec ce qui est observé chaque jour à l'entrée des hôpitaux. 

Les nouvelles hospitalisations et admissions en réanimation en légère hausse

Ce qu'elles mesurent. Si nouvelle vague il y avait, celle-ci se traduirait finalement à la porte des hôpitaux. Les nouvelles hospitalisations pour Covid-19, ainsi que les nouvelles admissions en réanimation, très scrutées au plus fort de l'épidémie, sont des indicateurs très parlants d'un éventuel regain de l'épidémie.

Ce que montrent les dernières données. Au niveau national, le nombre de nouvelles hospitalisations augmente. Il était de 1084 en semaine 34 (semaine du 17 août), contre 1008 la semaine précédente, comme le rappelle le dernier point hebdomadaire de Santé publique France. Même constat pour les admissions en réanimation : on a dénombré 174 nouveaux patients en réanimation, contre 128 la semaine précédente. Au niveau régional, on note de légers frémissements à la hausse concernant les nouvelles hospitalisations, particulièrement en Provence-Alpes-Côte d'Azur et en Ile-de-France.

Pourquoi c'est à observer avec précaution. Cette stabilité des données récentes n'est pas suffisante pour prouver l'absence d'une nouvelle vague. Si celle-ci survenait, elle se manifesterait probablement d'abord dans les indicateurs liés aux tests, puis, en bout de course, dans les données hospitalières.

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