"Il n’y a pas de raisons que les agriculteurs le fassent et pas les vignerons" : à Chinon, le vin aussi a son drive pendant le confinement
Habitués à la vente direct au domaine, des vignerons d'Indre-et-Loire ont décidé d'opter pour le drive. Une manière de s'adapter à la crise sanitaire et d'essayer de faire face à ses conséquences économiques.
Frappés de plein fouet par la crise sanitaire du coronavirus, les vignerons ont vu leurs revenus chuter depuis le début du confinement. À Chinon, en Touraine, dans la très touristique vallée de la Loire, les viticulteurs se mettent au drive, pour limiter la casse et payer leurs salariés en activité.
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C’est sur un parking en bordure de Chinon, au pied des vignes, que Bertrand et Vincent Couly, vignerons de père en fils, ont installé ce qu’ils appellent leur "drive vin". "On leur prépare les commandes, ils arrivent, ils nous préviennent par téléphone, on les livre dans leur coffre, et ils payent par carte bancaire, donc il n’y a pas de contacts directs", explique Bertrand Couly. "Ça nous est venu, parce que tout le monde fait des drive partout, il n’y a pas de raisons que les agriculteurs et les maraîchers le fassent et pas les vignerons", poursuit son fils Vincent.
D’habitude nos clients se fournissent chez les producteurs donc pourquoi les laisser aller dans les supermarchés ?
Vincent Couly, vigneronà franceinfo
Des revenus dérisoires, mais qui permettent de payer les salaires des ouvriers agricoles a l’œuvre dans les vignes. Depuis l’annonce du confinement, 80 % du chiffre d’affaires s’est envolé. "Nous on fait 50 % de notre chiffre d’affaires rien qu’à la vente au domaine, donc depuis le 17 mars on n’a plus personne, et on fait aussi 30 % sur les restaurants", explique Bertrand Couly.
C’est dramatique pour toute la région. Ça va être très compliqué. On ne sait pas où on va et on a sept salaires à assurer tous les mois.
Bertrand Couly, vigneronà franceinfo
Un peu plus haut sur les coteaux, Marc Plouzeau lui aussi fait le dos rond. Le vigneron a relancé tous ses clients. Il fait trois à quatre livraisons par jour, mais c’est loin d’être suffisant. "Moi je regarde ma banque tous les jours. Pour l’instant on tient, on utilise notre bas de laine. Mais on voit bien qu’il s’amenuise petit à petit. Il faut absolument qu’on tienne, il faut absolument qu’on s’occupe de nos vignes, jusqu’au bout."
"L’État nous propose un emprunt pour tenir ces mois où on n’a pas de commercialisation", poursuit Marc Plouzeau. "J’espère qu’on va pouvoir ouvrir notre cave rapidement, parce ce que c’est un endroit qui fait beaucoup de vente. Dès que les restaurant vont ouvrir ça va nous donner un peu d’oxygène, mais l’inquiétude est là", confie-t-il D’autant que les restaurants vont rester fermer le 11 mai prochain, sans horizon ni date de réouverture. Les vignerons espèrent qu’ils seront eux aussi reconnus par l’État comme sinistrés du tourisme.
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