Gestion de la crise sanitaire, "nouvelle étape" du quinquennat et violences policières : les enjeux de l'allocution d'Emmanuel Macron
Cette allocution doit permettre au chef de l'Etat, contraint de gérer l'urgence depuis trois mois, de se projeter sur l'après-Covid.
Une nouvelle étape du déconfinement arrive, et les nuages économiques et sociaux s'amoncellent : Emmanuel Macron présente aux Français ses projets de redémarrage du quinquennat, dimanche 14 juin, à moins de deux ans de l'échéance présidentielle. Le président prendra la parole à 20 heures pour une allocution solennelle depuis l'Elysée, la quatrième depuis le début de la crise du coronavirus.
Le président de la République devrait d'abord s'exprimer sur les sujets d'urgence, à commencer par la troisième étape du déconfinement prévue le 22 juin et ses principaux enjeux : réouverture des restaurants en Ile-de-France, assouplissement des règles dans les écoles... Les appels à accélérer le processus de déconfinement se sont multipliés ces derniers jours.
Faire le bilan de la crise sanitaire
Mais Emmanuel Macron devrait surtout revenir sur sa gestion de la crise, dont il n'a guère tiré de bénéfices politiques, sa cote de popularité continuant de baisser, à l'inverse de celle du Premier ministre, Edouard Philippe. Cette allocution doit permettre à Emmanuel Macron, contraint de gérer l'urgence depuis trois mois, de commencer à se projeter sur l'après-Covid-19.
Il semble encore trop tôt pour présenter le plan de relance prévu à la rentrée. Les résultats du "Ségur de la santé" pour renflouer l'hôpital pourraient, par ailleurs, faire l'objet d'une nouvelle allocution en juillet. Selon le chef de file des sénateurs macronistes, François Patriat, "il doit redonner confiance dans l'avenir" alors que se profile une crise économique et sociale monstre. Et "il faut un rappel à l'unité nationale, qui a fait défaut" de la part des oppositions, pointe-t-il dans Le JDD.
Le président de la République pourrait promettre une nouvelle méthode, moins verticale, en construisant ses décisions avec des élus locaux ou des partenaires sociaux. Il envisagerait une déconcentration au profit des départements, tirant les leçons des lourdeurs de l'Etat central pendant la crise.
Prendre la parole sur les violences policières et le racisme
Le chef de l'Etat est, par ailleurs, bousculé par un nouveau front, celui des manifestations contre le racisme et les violences policières, après la mort de George Floyd aux Etats-Unis et le rappel de celle d'Adama Traoré en 2016. "Il ne faut pas perdre la jeunesse", s'est-il inquiété jeudi. Selon Bruno Retailleau et Damien Abad, patrons respectivement des sénateurs et députés LR, "Le chef de l'Etat doit montrer aux Français qu'il est vraiment un chef et qu'il y a encore un Etat".
Son ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, a annoncé des sanctions systématiques à l'encontre de policiers en cas de "soupçon avéré" de racisme, provoquant leur colère, avant de reconnaître une erreur. Les syndicats de police demandent à être reçus par le chef de l'Etat, alors que de nouvelles manifestations ont été organisées samedi par la famille d'Adama Traoré. A Paris, ils étaient 15 000 d'après la préfecture à réclamer "justice". Le 2 juin, 20 000 personnes avaient déjà battu le pavé.
Plusieurs membres du gouvernement ont déjà avancé leurs idées pour mieux lutter contre les discriminations : la porte-parole Sibeth Ndiaye souhaite rouvrir "le débat autour des statistiques ethniques", tandis que le ministre de la Ville, Julien Denormandie, n'est prêt qu'à des "statistiques en fonction du lieu d'habitation".
Tracer les contours de la "nouvelle ère"
A une semaine de la fin des travaux de la Convention citoyenne pour le climat, le chef de l'Etat pourrait également évoquer ses intentions sur l'écologie, affichée comme une priorité de la fin du quinquennat. Les propositions de la Convention pourraient faire l'objet d'un référendum, hypothèse toujours envisagée, selon l'entourage du président.
Emmanuel Macron a, en effet, évoqué pendant la crise sa volonté de "se réinventer", puis parlé d'une "nouvelle ère" et d'une "nouvelle étape". Lors d'un déjeuner avec des éditorialistes jeudi, il s'est dit convaincu d'avoir fait les bons choix depuis trois ans. Pas question donc de rétablir un impôt sur les plus riches, ni d'un "Grenelle des salaires".
Il compte également reprendre le chantier de la retraite par points, malgré le conflit social qu'elle a suscité, et espère rallier des syndicats en revoyant des dispositions clivantes, comme l'âge pivot.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.