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"Franchement, je préfère rester à la maison" : à Paris, les habitants d'une HLM, obligés de porter un masque dans leur rue, ont l'impression d'être à nouveau confinés

Rue des Panoyaux, dans le 20e arrondissement de Paris, beaucoup d'habitants ne partent pas en vacances et ont l'habitude de sortir s'aérer dans le quartier. Mais avec la chaleur et l'obligation d'être masqué, l'été s'annonce particulièrement éprouvant.

Article rédigé par franceinfo - Boris Loumagne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
De gauche à droite : Marbouba, la grand-mère, Monia, la maman et Féryel, la petite-fille qui vivent dans le même appartement de la rue des Panoyaux (20e arrondissement) à Paris. (BORIS LOUMAGNE / RADIO FRANCE)

"Quand il fait chaud comme ça, on sort à partir de 19 heures, 20 heures nous aérer. Ça veut dire que quand on va sortir là, derrière, il faudra mettre un masque ?", demande Nadia, habitante de la rue des Panoyaux, dans le 20e arrondissement de la capitale. Bien que peu touristique, cette rue du Paris populaire fait bien partie du périmètre où le port du masque est obligatoire depuis lundi 10 août.

Rester à la maison plutôt que porter un masque

Dans ce quartier du nord-est de Paris, la mesure sanitaire est d'autant plus mal vécue que la rue est, en quelque sorte, une extension des appartements HLM. "On ne prend pas de vacances, on n'a pas assez d'argent, on est confiné, mais je ne suis pas la seule, c'est pratiquement tous ceux qui habitent ici", explique Nadia. C'est dehors aussi que se passent les vacances des enfants. "J'ai une fille de 13 ans et elle ne va jamais porter le masque. On ne peut pas avec les petits", se désespère Nadia.

Comment voulez-vous qu'ils gardent un masque pendant deux, trois heures quand il fait chaud ? C'est impossible.

Nadia, mère de famille du 20e arrondissement

à franceinfo

Dans la cour de l'immeuble, Nadia prévient sa grande tante Marbouba : "Il faut que tu portes un masque." Marbouba habite au dixième étage, dans un 60 mètres carrés où vivent six personnes. "La chaleur, c'est incroyable", soupire la grande tante. Pas de vacances en Tunisie cette année pour elle et sa famille, par peur du virus et parce que les billets d'avion étaient trop chers. "Jusqu'ici on sortait tous les jours pour respirer un peu le soir", explique Féryel, la petite fille de Marbouba. "Et là, maintenant qu'il y a le masque, franchement, je préfère rester à la maison." 

"C'est pour nous, pour notre sécurité"

"Il faut changer de masque toutes les quatre heures et on est six, ça doit coûter cher pour nous six, tous les jours", ajoute Féryel. "Je ne compte pas mettre le masque, je ne peux pas, la chaleur plus le masque", prévient Monia, sa mère. "Mais moi, je pense qu'ils ont raison. C'est pour nous, c'est pour notre santé, c'est pour notre sécurité à tous", défend la jeune fille. 

Monia dit même ne pas vouloir payer l'amende de 135 euros prévue en cas de non-respect du port du masque. "Elle dit ça mais bon, quand il y aura des amendes, elle sera bien obligée", s'amuse Féryel. La mère et la fille se rejoignent au moins sur un point : le mois d'août sans vacances à Paris avec le masque sera long et pénible.

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