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Déconfinement : "Ça reprend, on a plus de commandes", les brasseurs sont prêts pour la réouverture des terrasses

Après les litres de bière jetés en raison des restrictions sanitaires liées au Covid-19, la réouverture des terrasses le 19 mai est synonyme de reprise pour les brasseurs. Reportage à Saint-Denis près de Paris.

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Illustration bière. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

"On pourra bouger ta palette pour charger le camion ?" Pas une minute à perdre dans cette brasserie artisanale cachée dans une zone industrielle de Saint-Denis. Sur la ligne d’embouteillage, Mélissa remplit les cartons à toute vitesse. Enfin de la véritable action pour la jeune femme : "Ça reprend, on a plus de commandes. On croise les doigts pour que ça dure. C’est quand même plus sympa de pouvoir espérer que ça reparte que d’attendre." Trente millions de litres de bière ont été jetés à cause de la fermeture des bars et restaurants en raison de l'épidémie de Covid-19. Il s'agit du constat amer dressé par le syndicat les Brasseurs de France. À quelques jours de la réouverture des premières terrasses pour la deuxième étape du déconfinement, le 19 mai, les amateurs peuvent être rassurés il n’y aura pas de pénurie comme en Grande-Bretagne car les brasseurs seront prêts.

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À Saint-Denis, Fabrice Le Goff, co-patron de la brasserie du Grand Paris, couve du regard huit énormes cuves en inox et une vieille machine manuelle qui symbolise à elle seule le redémarrage de l’activité : "C’est une machine qui nous permet de remplir des fûts pour aller servir les bars, c’est typiquement une machine qu’on n'a plus utilisée depuis des mois. On a fait des bouteilles ou des canettes mais il faut se remettre en mouvement sur ce type de conditionnement."

Des incertitudes demeurent

La commercialisation des fûts de 30 litres pour les bars représente la moitié du chiffre d’affaires de cette entreprise de neuf personnes et les incertitudes du calendrier de réouverture, du fait de l’épidémie, ne l’arrangent pas. "Un fût de 30 litres, si les bars ne peuvent pas servir de la bière en pression, ça ne sert à rien, explique Fabrice Le Goff. Je ne vais pas la vendre à un particulier ni à un restaurant qui va faire quelques couverts au démarrage. Donc, il faut vraiment qu’on ait des débouchés pour ce type de produit et c’est là que sont les incertitudes."

Frabrice Le Goff, cogérant de la brasserie du Grand Paris, devant les fûts de brassage de la bière, remis en activité ces derniers jours, le 5 mai 2021. (GRÉGOIRE LECALOT / RADIO FRANCE)

Devant la brasserie, des containers contiennent des dizaines de fûts stockés à trois degrés depuis des mois. "On stocke nos bières à froid ce qui vraiment ralentit considérablement le processus de vieillissement, indique Fabrice Le Goff. Je n’ose même pas imaginer le stock des confrères qui n’auraient pas cette option." Sur les 800 fûts qui lui sont restés sur les bras l’été dernier, il ne sait pas encore combien il devra en jeter. Ils valent entre 100 et 150 euros pièce. Mais sa plus grosse inquiétude, ce sont les faillites qui menacent les bars restaurants fragilisés. Nombre de brasseries artisanales qui se sont endettées pour investir avant la crise quand leur croissance affichait deux chiffres, risquent de ne pas s’en relever.

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