Covid-19 : "Je crains le pire, ce qu'on fait n'est pas raisonnable", s'alarme une épidémiologiste
"C'est une décision politique qui est juste pour faire plaisir, qui a l'air très sympathique sur le papier, mais qui dans la réalité est une catastrophe", regrette l'épidémiologiste Catherine Hill.
Catherine Hill, épidémiologiste, affirme jeudi 29 avril sur franceinfo craindre "le pire" après l'annonce par Emmanuel Macron d'un déconfinement progressif en 4 étapes à partir du 3 mai. "Ce qu'on fait n'est pas raisonnable", dit-elle. "Le gouvernement a l'air de se ficher complètement des indicateurs, des morts et de l'épuisement du personnel hospitalier", a-t-elle accusé.
franceinfo : Le plan du gouvernement est-il en phase avec la réalité sanitaire ?
Catherine Hill : Non parce que la réalité sanitaire n'est franchement pas bonne. Il y a beaucoup de gens qui arrivent tous les jours en réanimation. Plus de 400 chaque jour. Il y a 6 000 lits de réanimation pratiquement qui sont occupés par le Covid-19. On ne peut pas vraiment faire de médecine. Il y a presque 300 morts par jour depuis très longtemps. Cela va continuer. Au lieu de freiner davantage et de s'organiser enfin pour dépister massivement la population et isoler les gens qui sont positifs avant qu'ils n'aient des symptômes, on va laisser le virus à se remettre à circuler et je crains le pire. C'est vraiment extrêmement catastrophique comme idée. Je comprends bien que tout le monde en a assez. C'est plaisant d'entendre tous ces projets de réouverture mais il faudrait les associer avec un dépistage massif.
Vos propos tranchent avec l'espoir qu'il y a dans la population. Vous comprenez qu'il est difficile d'entendre ce que vous dites ?
Évidemment, mais 300 morts par jour c'est monstrueux. C'est la réalité d'aujourd'hui. On n'a jamais pris le problème par le bon bout. Une maladie contagieuse, il faut trouver les gens qui sont contagieux avant qu'ils aient contaminés largement autour d'eux. Or, ça n'est pas ce qu'on fait. On ne teste pas massivement. On a décidé de tester 400 000 enfants dans les écoles, mais il y a 6,6 millions d'enfants à école. À quoi ça sert de tester 400 000 enfants une semaine et de fermer les écoles où a trouvé des cas. Cela n'a aucun sens. Dans les écoles où on n'a pas testé, il y a aussi des cas où on n'a pas fermé ces classes. Donc, c'est ridicule.
"C'est comme vider une baignoire avec une passoire. Ce qu'on fait n'est pas raisonnable."
Catherine Hill, épidémiologisteà franceinfo
Vous attendez vous à une augmentation des contaminations ?
Oui c'est probable. On va voir comment les indicateurs évoluent mais le gouvernement a l'air de se ficher complètement des indicateurs, des morts et de l'épuisement du personnel hospitalier. C'est une décision politique qui est juste pour faire plaisir, qui a l'air très sympathique sur le papier, mais qui dans la réalité est une catastrophe.
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