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Déconfinement : pourquoi le retour à l'école pour tous le 22 juin est loin d'être évident

Le président de la République a annoncé, dimanche soir, qu'à l'exception des lycées, les établissements scolaires rouvriraient "pour tous" le lundi 22 juin.

Article rédigé par franceinfo
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Une élève récupère un plateau repas dans le restaurant scolaire de son collège, le 2 juin 2020, à Beaucamps-Ligny (Nord). (JULIE SEBADELHA / AFP)

Non, non, l'école n'est pas finie. "Crèches, écoles et collèges rouvriront pour tous à partir du 22 juin", avec une présence "obligatoire", a annoncé Emmanuel Macron, dimanche 14 juin. Cette reprise des cours généralisée doit être rendue possible, selon le ministère de l'Education nationale, grâce à un allègement des règles de distanciation physique dans les classes. Dans la réalité, ce retour à la normale ne semble pas si simple. Voici pourquoi.

Même allégée, la distanciation physique ne permet pas d'accueillir tous les élèves

Le retour de tous les enfants à l'école pourra se faire grâce à un allègement des règles sanitaires, explique le ministre de l'Education nationale. Jusqu'à présent, un protocole très strict imposait de prévoir pour chaque élève un espace de 4 m2. A partir du 22 juin, il ne faudra plus respecter qu'une distance d'"un mètre latéral entre chaque élève". Ce système "beaucoup plus souple" devra permettre d'accueillir "tous les élèves", selon Jean-Michel Blanquer. Il fera en particulier sauter la limite des 15 élèves par classe en primaire et 10 en maternelle.

"Il restera probablement quelques endroits où tous les élèves ne pourront pas tenir" dans la classe, en raison de l'exiguïté des locaux, admet-on dans l'entourage du ministre. Un euphémisme, pour les syndicats. Les écoles ne seront pas en capacité d'accueillir tout le monde, estime Francette Popineau, porte-parole du Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, sur CNews. "Tout dépendra de deux choses", résume-t-elle : les effectifs par classe et la surface des salles de classe. "C'est pour cela qu'il ne faut pas s'attendre à ce que cette rentrée du 22 juin soit possible partout. Croire le contraire serait illusoire". Directeur d'école près de Lyon (Auvergne-Rhône-Alpes), Gabriel Heinz déclare à France 2 qu'il lui est impossible d'accueillir ses 450 élèves en même temps. "Si un élève est assis à une table et que l'on considère qu'il doit y avoir un mètre de distance entre les deux, l'autre élève ne peut occuper la table", expose-t-il.

Il ne reste que trois jours pour organiser la reprise avec le nouveau protocole sanitaire

Autre difficulté : le nouveau protocole sanitaire ne doit être connu que mercredi 17 juin. Même s'il doit être assoupli, il reste encore à expliciter une série de règles. Quelle doit être la fréquence de désinfection des locaux ? De lavage des mains ? Quelles précautions prendre durant les récréations ?

"A ce stade, nous comprenons que dans les écoles maternelles, la distance d'un mètre latéral entre les enfants ne sera pas obligatoire, ni dans les classes, ni dans la cour. Cela reste à être précisé dans le nouveau protocole", demande ainsi Stéphane Crochet, secrétaire général de SE-Unsa. Une fois ces précisions apportées, il ne restera que trois jours aux directeurs d'école pour prendre les dispositions nécessaires. Soit un temps très court.

Une partie des professeurs et la majorité des élèves encore absents des établissements

Enfin, à 15 jours du début officiel des vacances, les écoles et collèges vont-ils vraiment voir revenir la quasi-totalité des enfants et des adultes ? Jusqu'a présent, la majorité des élèves ne sont toujours pas accueillis dans les écoles, en raison des règles sanitaires, et 40% des professeurs enseignent encore en "distanciel".

Depuis la réouverture des établissements, 60% des professeurs ont repris "en présentiel", mais les autres pratiquent toujours l'enseignement à distance, pour diverses raisons (santé, garde d'enfants ou pour assurer les cours des élèves qui ne souhaitaient ou ne pouvaient pas retourner à l'école). Reviendront-ils tous dans les établissements ? Dans la nouvelle étape qui arrive, "on peut être absent pour une raison de santé", mais "l'absence d'un professeur devient l'exception", affirme Jean-Michel Blanquer.

Du côté des élèves, seuls 1,8 million d'écoliers – sur un total de 6,7 millions – sont pour l'instant retournés à l'école, rarement à temps complet. Au collège, ils sont 600 000 sur 3,3 millions. Quant aux lycées, ils n'ont même pas été mentionnés par le président de la République. "Ça s'arrête au collège, parce que dans les lycées, à partir du 24 juin, la plupart des enseignants sont pris par les jurys du baccalauréat", a expliqué Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU.

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