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Déconfinement : "À peaufiner ces dispositifs à l'excès, on risque de poser des freins à la reprise de l'activité", s'inquiète le président délégué du Medef

400 000 entreprises vont rouvrir à partir de la semaine prochaine, a annoncé jeudi Bruno Le Maire, le ministre de l'Économie.

Article rédigé par franceinfo
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Patrick Martin, président délégué du Medef, le 26 novembre 2019. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Lors de la présentation du plan de déconfinement par le gouvernement, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a insisté sur la nécessité de reprendre l'activité économique tout en veillant à la sécurité sanitaire. Pour Patrick Martin, le président délégué du Medef, invité jeudi 7 mai sur franceinfo, si l'essentiel "de ces dispositions vont dans le bon sens", "à peaufiner ces dispositifs à l'excès, avec de très bonnes intentions, on risque de poser des freins involontaires à la reprise de l'activité".

franceinfo : Est-ce que les entreprises sont prêtes à reprendre le travail dans de bonnes conditions ?

Patrick Martin : Les entreprises sont prêtes et sont impatientes. Beaucoup de salariés disent être désireux de reprendre le travail, en étant évidemment soucieux de leur sécurité sanitaire. Mais tous les protocoles, tous les guides qui ont été élaborés, et qui sont enrichis et complétés au fil des jours, vont tout à fait dans ce sens. Des équipements de protection sont évidemment arrivés. Les conditions sont réunies. On est très content que cette date soit confirmée parce qu'on avait quand même un doute. Après, il y a un certain nombre de points qui nous interroge. Typiquement, l'annulation de charges sur trois mois pour les "métiers interdits", c'est une bonne chose. Mais le ministre a oublié de préciser si c'était toujours uniquement pour les entreprises qui ont jusqu'à 10 salariés, comme il l'avait annoncé précédemment, ou au-delà. On ne sait pas comment les consommateurs vont se comporter non plus. Il y aura des surcoûts liés à la sécurité sanitaire dans la quasi-totalité des métiers. Aucun ministre parmi ceux qui sont intervenus, pas même le Premier ministre, n'a évoqué le régime d'activité ou de chômage partiel. On est très soucieux que ce système soit réduit au fil du temps parce qu'il coûte une fortune à la collectivité. Mais on ne peut pas non plus le débrancher du jour au lendemain. Mais sur ce point, la ministre du Travail nous a apporté des assurances, on est donc assez confiant.

Est-ce que les inquiétudes sur le comportement des consommateurs sont fortes, particulièrement dans tout le quart nord-est de la France qui est en rouge aujourd'hui ?

On perçoit une inquiétude de la part des employeurs comme des salariés, plutôt dans les grandes villes et singulièrement en Île-de-France. Tout cela étant lié aux transports en commun. Les dispositifs qui ont été annoncés pour l'Île-de-France sont extrêmement complexes et extrêmement lourds. On en voit bien la finalité, mais ça va évidemment compliquer considérablement la reprise de l'activité. Les attestations employeurs par exemple, c'est une lourdeur administrative. On en comprend l'esprit, mais le diable est dans les détails. À peaufiner ces dispositifs à l'excès, avec de très bonnes intentions, on risque de poser des freins involontaires à la reprise de l'activité. Donc, on a beaucoup de remontées de la part de nos adhérents qui nous disent 'mais comment va t-on faire ?' Ça traduit une forme d'administration de l'économie. Et puis, une forme de défiance quant à la capacité des salariés et des employeurs eux-mêmes à s'assumer, à mettre en place, à leur propre initiative, un certain nombre de dispositifs. Il est bien évident que personne ne souhaite que l'épidémie se propage ou redémarre.

Le Medef va devoir répondre aux questions pratiques de certaines entreprises ou de certaines branches sur la manière dont ça va se passer ?

Absolument et c'est d'ores et déjà le cas, typiquement sur les horaires aménagés ou décalés entre les différentes équipes. Ça ne se prête pas à certains métiers. Il faut vraiment que ce soit à l'initiative des secteurs, à l'initiative des entreprises elles-mêmes. Sur le télétravail, dont on est les chauds partisans, singulièrement dans ces grandes agglomérations, il y a là aussi des précisions à apporter. Mais il y aura un guide publié par Mme Pénicaud, la ministre du Travail l'a redit lors de la conférence de presse, c'est ce qui me rassure. Essentiellement, ces dispositions vont dans le bon sens, avec quand même une angoisse, pour les secteurs du tourisme, de l'événementiel, de la restauration. Ils ne seront fixés sur le calendrier de redémarrage que fin mai, alors même que les vacances vont commencer fin juin. Ça va être très compliqué pour eux, notamment pour recruter des saisonniers ou pour recruter du personnel d'une manière générale, de le faire en temps et en heure.

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