Covid long : la prise en charge sur le temps long permet de "nettement améliorer l'état des patients"
La prise en charge des patients atteints d'un Covid long par des équipes pluridisciplinaires sur le temps long, "de 24 à 48 mois", permet de "nettement améliorer l'état des patients", affirme dimanche 17 mars sur franceinfo le docteur Nicolas Barizien, médecin du sport, chef du service rééducation fonctionnelle de l’hôpital Foch et auteur du livre Covid long, comment s’en sortir (éditions Marabout).
franceinfo : Combien de personnes sont concernées en France ?
Nicolas Barizien : C'est compliqué de le savoir en France, mais on a une grosse étude réalisée en Angleterre avec une population à peu près équivalente : fin 2022, on estimait qu'1,1 million de personnes étaient atteintes de Covid long en Angleterre, avec presque 60% qui ont un impact négatif sur leur qualité de vie, 40% qui ont un impact sur leurs capacités physiques et 30% qui ont un impact direct sur leur capacité à travailler. On estime qu'il y a environ 2 millions de personnes qui ont des symptômes persistants, dont la moitié n'a pas un impact très négatif sur leur qualité de vie, mais l'autre moitié si.
À partir de quand parle-t-on d'un Covid long ?
On estime que passé un mois après une infection aiguë et la persistance de symptômes, sans autre explication médicale, on commence à parler de Covid long. Ce qui est important, c'est de prendre en charge ces patients très précocement, dans une démarche pluridisciplinaire. Les médecins vont faire des diagnostics, mais ceux qui vont soulager et faire avancer les patients, ce sont les nutritionnistes, les psychologues, les kinésithérapeutes, en particulier. Il y a beaucoup de patients de Covid long qui s'ignorent et beaucoup qui sont ignorés, malheureusement, par nos capacités de prise en charge.
Le rapport du Covars sorti le 7 novembre 2023, dirigé par la professeure Autran, montre bien que par rapport aux "gold standards" internationaux de la prise en charge des patients, en France on est un petit peu en retard sur cette capacité à répondre à la prise en charge de l'activité physique des patients, le retour à l'emploi, la prise en charge des anosmies [perte de l'odorat]. Il y en a plus qu'on le pense, ceux qui sont faiblement atteints finissent par s'habituer à leur petit handicap. On parle de sujets jeunes, actifs, autour de la quarantaine, pour qui il faut qu'on se batte pour leur rendre une vie la plus normale possible.
Est-ce qu'aujourd'hui le Covid long se soigne ?
Toutes les équipes pluridisciplinaires qui s'occupent des patients, à partir du moment où on se met sur un temps long, de 24 à 48 mois, arrivent à très nettement améliorer l'état des patients. Ce qui nous embête un petit peu plus, c'est qu'à l'occasion d'une réinfection avec un variant moins agressif, ces patients Covid long vont avoir un risque de rechute. Cette rechute, il faut la prendre en charge rapidement.
Pourquoi certaines personnes sont-elles concernées et pas d'autres ?
On commence à avoir des explications biologiques. Une grosse étude vient de sortir dans la revue "Nature" en novembre, qui montre que ça touche les cellules de l'immunité. Elle montre qu'il y a un déséquilibre, un dérèglement du système immunitaire probablement lié à des facteurs génétiques. Il y a aussi la réaction inflammatoire que ça va provoquer : cette inflammation un peu chronique, on sait maintenant qu'on en trouve des stigmates à l'intérieur du cerveau.
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