Reportage "Cette maladie m'a volée deux ans de ma vie" : à l'hôpital de Marseille, les malades traités pour un Covid long veulent retrouver "leur vie d'avant"

Une unité des hôpitaux publics de Marseille accueille les patients atteints d'un Covid long, dont la prise en charge est loin d'être facile, même plusieurs années après l'apparition des premiers symptômes.
Article rédigé par Mathilde Vinceneux
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
À l'Assistance publique - hôpitaux de Marseille (AP-HM), une unité prend en charge les patients atteint d'un Covid long notamment pour faire de la rééducation. Photo d'illustration. (VALLAURI NICOLAS / MAXPPP)

Il y a quatre ans, le premier confinement débutait et marquait l'arrivée de l'épidémie de Covid-19 en France. Aujourd'hui encore, des centaines de milliers de personnes souffrent au quotidien du virus, victimes du Covid long. Une maladie que l'on a encore du mal à expliquer avec des symptômes très nombreux - fatigue extrême, troubles digestifs et cognitifs - qui rendent le quotidien des patients très difficiles. Une unité des hôpitaux publics de Marseille (AP-HM), propose des consultations à ces patients atteints d'un Covid long.

Sur un tapis, guidée par sa kinésithérapeute, Laurence, 53 ans, s'étire tant bien que mal. "On a un corps de personne âgée alors qu'on est toute jeune", déplore la quinquagénaire. Il y a deux ans, elle a été diagnostiquée d'un Covid long. Elle souffre depuis de douleurs dans tout le corps. "Mon corps est complètement déréglé", décrit Laurence. Au moindre effort, son cœur s'emballe, elle s'essouffle, tremble. Alors elle vit la plupart du temps enfermée chez elle et doit compter ses pas pour éviter un malaise.

"Comme je dis à tout le monde : j'ai un bracelet électronique. Quand je marche trop, après je perds ma voix. Ce n'est pas possible d'aller faire ses courses."

Laurence, 53 ans

à franceinfo

Sans compter les troubles digestifs et cognitifs, Laurence cherche souvent ses mots et a beaucoup de mal à réfléchir : "J'adore cuisiner. Quand je fais une recette, vous me mettez les aliments et les quantités devant moi, je vais louper le truc. Il faut que quelqu'un m'assiste. Parfois, je n'écris pas ce que je pense." Elle ne peut plus conduire ni travailler, elle qui était masseuse à son compte. Elle enrage face à cette maladie qui n'en finit pas : "J'étais hyperactive et j'ai été touchée de plein fouet. Le Covid-19 m'a volée deux ans de ma vie. Il faut que je reprenne ma vie. Je veux ma vie d'avant."

Du cas par cas pour soigner les patients

Malgré toutes ces souffrances, il est arrivé à Laurence qu'on ne la croit pas, que même un médecin lui dise que cette maladie était "dans sa tête". Mais le Covid long est bien réel et l'on peut agir. "Ce n'est pas parce qu'il n'y a pas de traitements médicamenteux qu'on ne peut pas prendre en charge les patients", explique Meriem Chine, médecin à l'unité de consultation Covid long de l'Assistance publique - hôpitaux de Marseille (AP-HM). Une unité qui a permis à Laurence d'être prise en charge notamment pour faire de la rééducation.

"On peut organiser les mesures de rééducation pour espérer une amélioration de l'état de santé du patient, détaille Meriem Chine, et orienter les patients vers des kinésithérapeutes, des psychologues ou des orthophonistes."

"On voit des patients qui vont mieux après avoir été accompagnés, parfois au bout de 24 ou 36 mois. Et on finit par en guérir, pour la grande majorité d'entre nous."

Meriem Chine, médecin à l'unité de consultation Covid long de l'AP-HM

à franceinfo


Face à cette maladie, il faut adapter les réponses au cas par cas, insiste la docteure Chine. Dans son unité, une dizaine de nouveaux patients viennent consulter chaque semaine pour un Covid long.

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