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Covid-19 : le développement de l'épidémie était "attendu et redouté", selon une infectiologue

Pour autant, Odile Launay, professeure à l'hôpital Cochin à Paris, estime que la stratégie de la France "est pour l'instant une stratégie gagnante".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Odile Launay, infectiologue à l’hôpital Cochin à Paris. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Le développement de l'épidémie de coronavirus Covid-19 était "malheureusement attendu et redouté", a assuré sur franceinfo mardi 25 février Odile Launay, infectiologue à l'hôpital Cochin à Paris. Pour elle, la stratégie mise en place par la France est gagnante pour l'instant.

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franceinfo : A-t-on des raisons de s'inquiéter, notamment en voyant ce qu'il se passe en Italie ?

Odile LaunayL'inquiétude vient du fait que le virus a maintenant été retrouvé dans de nombreux pays dans le monde. En Italie, avec un nombre très important de cas qui est lié probablement au fait qu'une personne n'ait pas été identifiée et a transmis cette infection à de nombreuses personnes.

On est aujourd'hui dans une situation où on est inquiet par rapport à cela, parce qu'on n'a pas encore repéré cette personne qu'on appelle le patient zéro. Et puis une diffusion du virus dans beaucoup d'autres pays, en particulier au Moyen-Orient et probablement dans d'autres pays qui n'ont pas forcément la capacité de faire le diagnostic. C'est ce qui était malheureusement attendu et redouté. Jusqu'à présent, on espérait que les mesures qui ont été prises de mise en quarantaine et d'identification des patients auraient permis de limiter la diffusion de cette infection. Aujourd'hui, oui, on est inquiet.

Est-ce qu'il peut y avoir des porteurs sains du virus, qui l'ont, mais n'ont pas de symptôme ?

Comme dans la majorité des infections virales, on a une présentation clinique qui est extrêmement variable, qui va du portage asymptomatique jusqu'aux formes très sévères. On connaît très bien ça avec la grippe, par exemple. Quand on est porteur asymptomatique, certes, le risque de transmission est probablement plus faible parce qu'on ne tousse pas.

On n'a pas d'éternuement, donc on a moins de risque de diffuser le virus. Mais malgré tout, on est porteur du virus et on peut très bien le transmettre. On peut très bien être porteurs du virus, être contagieux et ne pas avoir ni de fièvre ni de syndrome respiratoire. C'est aujourd'hui toute l'inquiétude, même si ce n'est probablement pas la situation la plus fréquente aujourd'hui.

Le virus peut-il muter ?

Les risques de mutation existent toujours, en particulier avec ce virus respiratoire. On sait que le génome, c'est-à-dire le matériel génétique de ce virus, est important et que ce sont des virus qui mutent. Les mutations peuvent se faire dans deux sens. Elles peuvent se faire pour adapter le virus à l'homme. Dans ces cas-là, on peut augmenter la transmission. Donc bien sûr, ce sont des mutations qu'on redoute. Elles peuvent aussi se faire dans l'autre sens, c'est-à-dire rendre un virus qui serait moins grave et transmissible.

Il y a une surveillance extrêmement importante au niveau des laboratoires de virologie dans tous les pays du monde qui sont concernés par cette infection. Pour l'instant, à ma connaissance, le virus reste relativement stable. Il y a quelques mutations, mais qui n'ont pas l'air d'avoir un impact sur la virulence ou la transmissibilité du virus.

La stratégie mise en place en France est-elle la bonne, avec notamment les mesures de précaution prises dans les écoles ?

La stratégie de la France, qui est pour l'instant une stratégie gagnante, c'est de pouvoir identifier les cas, l'entourage des cas, pour pouvoir isoler le plus rapidement possible ces personnes qui sont infectées, qui risquent de transmettre le virus. Pour ces enfants et leurs familles, je pense que c'est une solution qui est tout à fait adaptée pour permettre au maximum de limiter le risque de réintroduction et de diffusion du virus au niveau du territoire national.

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