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Covid-19 : le débat sur les masques et les tests touche aussi l'Afrique

Plusieurs gouvernements africains ont décidé, les uns d’imposer le port du masque, les autres de multiplier les tests.

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des tentes dressées près d'un hôpital de Johannesburg, en Afrique du Sud, pour pratiquer des tests pour le Covid-19. Photo prise le 15 avril 2020 (MICHELE SPATARI / AFP)

Le bilan de la pandémie reste pour l’instant relativement modéré sur le sol africain : 17.200 personnes contaminées au total et 910 morts selon les derniers chiffres officiels de ce 16 avril. C’est évidemment beaucoup moins qu’en Europe, mais le bilan réel est sans doute plus lourd et surtout les chiffres grossissent depuis quelques jours, en particulier en Afrique du Sud, en Egypte ou au Cameroun. Et désormais 52 des 54 pays du continent sont touchés.  

Fait marquant : les gouvernements africains, depuis un mois, sont assez réactifs. Presque plus réactifs que les gouvernements européens, vu qu’ils prennent des mesures similaires alors que la pandémie est moins avancée.  Dernier exemple en date : le port du masque est désormais obligatoire dans plusieurs pays du centre de l’Afrique. C’est le cas au Gabon et en Guinée Equatoriale depuis le mercredi 15 avril, au Cameroun depuis le 10 avril. Cela dit, il est très difficile de trouver des masques chirurgicaux sur place, donc la consigne est de se doter d’un masque alternatif, en tissu. Et dans de nombreux pays, des ateliers de couture se sont donc mis à fabriquer ces masques en grande quantité.  

70.000 tests par jour en Afrique du Sud

Plusieurs pays africains cherchent aussi à généraliser les tests. Le milliardaire chinois Jack Ma a promis d’en livrer un million aux pays africains. Et l’ONU a également commencé à en fournir. En la matière, c’est l’Afrique du Sud qui est la plus avancée : elle affirme effectuer désormais 70 000 tests par jour. Quant au Rwanda, il pratique désormais le redoublement des tests : les personnes susceptibles d’avoir été contaminées par un proche sont testées deux fois, à deux semaines d’intervalle. On peut aussi citer le cas du Ghana, qui vient de mettre en place une application pour géolocaliser les personnes contaminées grâce à leur téléphone portable. On retrouve donc là des débats finalement très proches de ceux que l’on peut connaître ici en Europe.  

800 fois moins de lits d'hôpitaux qu'en Europe

La grosse difficulté pour les pays africains, c’est le confinement. Il est pratiqué dans quelques pays : l’Afrique du Sud, la Tunisie, l’île Maurice, le Rwanda. Et dans quelques grandes villes comme Abidjan en Côte d’Ivoire ou Lagos au Nigeria. Mais le plus souvent, ce confinement est impossible à mettre en œuvre. Dans certaines villes, 60% de la population vit dans des bidonvilles, il est juste inconcevable de rester enfermé chez soi. Plusieurs pays ont donc préféré imposer simplement des couvre-feux et une limitation des déplacements.

Le risque majeur, en Afrique, c’est aussi que l’arrêt de l’économie provoque tout simplement de la famine. En fin de semaine dernière, des distributions d’eau et d’aide alimentaire à Kibera au Kenya ont quasiment tourné à l’émeute. Dans de nombreux pays, la population mourra de faim avant que de mourir du virus. Et comme l’équipement sanitaire reste très faible (30 fois moins de médecins qu’en Europe, 800 fois moins de lits d’hôpitaux), la situation peut rapidement dégénérer.    

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