Covid-19 : la société Inotrem teste un traitement qui pourrait guérir les malades
En France, plusieurs dizaines de biotechs se sont lancées dans la recherche contre le Covid-19. Comment fonctionnent-elles, comment sont-elles financées ? franceinfo s'est rendu dans la société Inotrem, basée à Nancy, qui teste une molécule qui pourrait guérir les personnes malades du virus.
À l’hôpital de Nancy, 17 malades du Covid-19 ont reçu un traitement : soit un placebo, soit la molécule Nangibotide, un médicament expérimental liquide, donné sous forme de perfusion. "C'est une perfusion, tout ce qu'il y a de plus normal, une administration continue pendant 5 jours", explique Sébastien Gibot, chef du service de réanimation.
La nangibotide est une molécule qui pourrait soigner les formes graves de la maladie lorsque les corticoïdes n'ont pas fonctionné. "L'idée, c'est de diminuer un petit peu l'inflammation qui règne au niveau des poumons chez les patients Covid, poursuit Sébastien Gibot. Il n'existe à l'heure actuelle aucune thérapeutique solide pour les patients sévères de réanimation."
"Tout ce qui a été essayé jusqu'à présent s'est soldé par un échec. J'espère qu'on ne sera pas le énième échec d'un traitement de réanimation."
Sébastien Gibot, chef du service de réanimation à l'hôpital de Nancyà franceinfo
Pour le savoir, direction à quelques kilomètres de là, à la faculté de médecine de Nancy. C'est là que se trouve le laboratoire d'Inotrem, la biotech qui a créé cette molécule, à l’origine contre les chocs septiques. C'est dans une pièce de culture cellulaire que Marc Derive, directeur scientifique, analyse les résultats de l’essai clinique, patient après patient. "On vient, dans ces plaques, déposer une petite quantité de plasma, et là, on analyse les plasmas qui ont été collectés avant et après que le patient reçoive le traitement", explique-t-il.
Dans les trous d’une petite plaque, le plasma vire au bleu. "Plus la couleur sera intense, et plus la protéine sera présente en abondance", prévient Marc Derive. Et c'est mauvais signe, cela signifie que le corps du patient s'est emballé après avoir reçu soit le placebo, soit le nangibotide. Les chercheurs ne savent pas lequel des deux médicament a été administré car les données sont anonymes. Ils auront les premiers résultats sur l'efficacité de leur médicament d’ici deux mois.
Plus de sept millions d'euros d'aides publiques
Développer cette molécule, la tester, demande de l’argent. Le laboratoire d'Inotrem a investi un million d'euros et obtenu une aide de l’État français de près de 7,5 millions d'euros notamment par le biais de BPI France, la banque publique d’investissement.
"Cela correspondait à nos besoins pour mettre en place cette étude de phase 2 sur 60 patients Covid-19 dans six centres en Europe et aux États-Unis."
Marc Derive, directeur scientifique de Inotremà franceinfo
Marc Derive ne comprend pas le procès fait à l’État aujourd’hui sur un sous-financement de la recherche car dans son cas, la France a bien soutenu sa biotech. "En toute honnêteté, les choses sont allées très, très rapidement, assure-t-il. Le ministère et la BPI avaient mis en place une procédure d'évaluation rapide des projets, beaucoup plus rapide que d'habitude. Une procédure simplifiée également. Donc ils ne nous ont pas demandé de monter un énorme dossier. On a eu des discussions en direct avec eux."
Le directeur scientifique de la biotech l'assure : sans cet argent public, cette étude n'aurait pas été possible. "On aurait peut-être pu rechercher d'autres fonds mais il est certain que ça aurait certainement pris plus de temps."
Si sa molécule fonctionne contre les formes graves du Covid-19, la société Inotrem prévoit une commercialisation en 2023.
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