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Covid-19 : "Je vois monter un risque d'impayés de loyers", alerte la ministre déléguée au Logement

Emmanuelle Wargon lance lundi un observatoire des impayés de loyer pour mieux repérer les foyers concernés.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Emmanuelle Wargon, ministre déléguée chargée du Logement, était l'invitée du "8h30 franceinfo", mardi 29 septembre 2020. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)

"On sait que ce risque est réel, il faut utiliser la période actuelle pour pour éviter que ne se développent beaucoup d'impayés", a indiqué lundi 16 novembre sur franceinfo Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement. Elle lance lundi un observatoire des impayés de loyer pour mieux repérer les foyers concernés. Un risque qui s'accroît en cette période de confinement imposé par le gouvernement pour lutter contre l'épidémie de Covid-19.

Les Adil, les agences départementales pour l'information sur le logement, ont reçu le mois dernier 15% d'appels à l'aide en plus. Des actions ont été mises en place a rappelé la ministre : "Pour les salariés, nous avons demandé à Action Logement d'augmenter les aides. Ce sera opérationnel dans quelques jours. Donc, les salariés pourront toucher jusqu'à 150 euros par mois pendant six mois pour aider au paiement des loyers."

franceinfo : Quel est le but de cet observatoire des loyers impayés qui est lancé aujourd'hui ?

Emmanuelle Wargon : En tant que ministre du Logement, je vois monter un risque d'impayés de loyers et je veux qu'on soit en capacité de mieux le comprendre et de réagir. Et donc, cet observatoire, c'est de l'idée de mettre tout le monde autour de la table. Les associations dont c'est le métier, l'Anil (Association nationale pour l'information sur le logement) par exemple, et qui informe les locataires, les associations de lutte contre l'exclusion, mais aussi les communes, les départements, les bailleurs sociaux, les propriétaires privés, les associations de locataires, pour qu'on ait un diagnostic commun et donc un plan d'actions commun. Parce que ce qu'on a entendu, c'était vraiment intéressant, c'est que tout le monde partage l'idée qu'il y a un risque.

Pour l'instant, il n'y a pas une matérialisation réelle d'augmentation des impayés de loyers. Ça n'est constaté ni chez les bailleurs sociaux, ni dans les départements, ni chez les bailleurs privés.

Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement

à franceinfo

En revanche, on sait que ce risque est réel et donc il faut utiliser la période actuelle pour mieux faire connaître ce qui existe, pour éviter que se développent après beaucoup d'impayés.

Dans le privé et dans le public, on observe déjà des retards de paiement, ce qui peut déjà inaugurer, en tout cas, le risque de voir des impayés. D'où cet observatoire. Est-ce qu'en parallèle, quand même, vous préparez des actions concrètes ?

Oui, bien sûr qu'on prépare l'action. D'abord, les bailleurs sociaux ont une charte avec leurs locataires qu'ils avaient expérimentée pendant la première période de confinement, et qu'ils remettent en place pour dire surtout : "Signalez-nous vos difficultés". Il existe des systèmes d'étalement et des aides. Ensuite, pour les salariés, nous avons demandé à Action Logement d'augmenter les aides. C'est en cours, cela a été décidé il y a environ deux semaines. Ce sera opérationnel dans quelques jours.

Les salariés pourront toucher jusqu'à 150 euros par mois pendant six mois pour aider au paiement des loyers.

Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au Logement

à franceinfo

Et puis, il y a beaucoup d'aides locales, mais on a compris ce matin, en écoutant les départements, qu'elles sont toutes différentes. Certains ont changé leur règlement d'intervention, la manière dont ils attribuent les aides face à la crise, d'autres pas. Et puis, ces aides ne sont pas assez connues. Il y a une partie information, il y a une partie montée des aides et après, il y a une partie prévention des expulsions elles-mêmes. C'est surtout ça qu'on va travailler.

Est-ce qu'en tant que ministre du Logement, vous demandez également un peu d'indulgence aux propriétaires ?

Bien sûr, si les propriétaires ont la possibilité de rendre possible un étalement, par exemple des loyers, c'est une très bonne chose. Je crois aussi que c'est important que les locataires, parlent tôt de leurs difficultés aux propriétaires. C'est plus facile de trouver une solution quand on est en amont que quand la situation s'est dégradée. Après je pense aussi aux propriétaires pour lesquels c'est une ressource pour vivre. Et donc, il faut absolument qu'on arrive à aider les locataires pour ne pas non plus mettre en difficulté les propriétaires eux-mêmes. Je vous parle des locataires privés, donc des personnes, des familles qui normalement ont leurs revenus, qui ont été maintenus grâce au chômage partiel, puisque pour tous les gens qui sont salariés, quand ils ne peuvent pas travailler, il y a chômage partiel.

Mais malgré tout, on a des cas, par exemple des jeunes, des indépendants ou des commerçants à titre privé, qui sont en difficulté. L'idée est d'abord de mobiliser les aides de la solidarité nationale. Il y en a plein et aussi de mieux quantifier la difficulté pour être capable, éventuellement après, d'agir. Il y a des aides qui existent et qui ne sont pas suffisamment mobilisées. Quand je suis arrivée, c'est une question que je me suis posée tout de suite. C'est une initiative que j'ai prise de créer cet observatoire.

Nous avons aussi limité très fortement les expulsions locatives cette année. La trêve s'est arrêtée le 2 juillet, mais nous avons cette année une anticipation d'avoir à peu près quatre fois moins d'expulsions en 2020 qu'en 2019. Donc, on a un très gros effort pour qu'il n'y ait pas d'expulsions cette année. Il y en a beaucoup moins. La question se reposera après la prochaine traditionnelle trêve hivernale qui se termine fin mars. Effectivement, ça ne serait pas juste que la crise amène à mettre des gens en très grande difficulté jusqu'à ce qu'ils soient poussés hors de leur appartement ou de leur maison.

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