Cet article date de plus de deux ans.

Covid-19 : "indispensable", "pas suffisant", contraignant... Des professeurs racontent leur expérience avec un capteur de CO2

Les capteurs de CO2 sont-ils utiles pour prévenir le Covid-19 au sein des établissements scolaires ? Plusieurs enseignants ont livré leur sentiment à franceinfo.

Article rédigé par Noémie Bonnin
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un capteur de CO2 est installé dans une classe à Limoges (Haute-Vienne), le 6 janvier 2022. (STEPHANE LEFEVRE / MAXPPP)

Alors que le ministère de l'Éducation nationale et les syndicats du secteur se réunissent mardi 8 février pour échanger sur les allègements envisagés du protocole sanitaire à l'école, un sujet fait régulièrement débat : installer des capteurs de CO2 dans les établissements scolaires est-il utile pour lutter contre la propagation du Covid-19 ? Ces petits appareils permettent de mesurer la présence de dioxyde de carbone dans l'air et donc la nécessité d'aérer la pièce.

À l'heure actuelle, selon le ministère de l'Éducation nationale, un tiers des écoles de plus de deux classes en ont au moins un. C'est le cas de 40% des collèges et 75% des lycées. Le ministre Jean-Michel Blanquer a admis début janvier que le déploiement de ces appareils était "totalement insuffisant", malgré un fonds d'aide de l'État de 20 millions d'euros pour aider les collectivités locales à financer leur achat. Que pensent les enseignants qui en ont dans leur classe de leur utilité ? franceinfo leur a posé la question.

Un délai de saturation variable selon les classes

Les constats des enseignants sont différents, suivant la taille de la classe ou le nombre d'élèves. "Le taux de CO2 monte très vite dans une salle de classe. Il faut entre trente et quarante-cinq minutes pour être vraiment dans le rouge", témoigne par exemple une enseignante. Son collègue, lui, a un délai beaucoup plus court : "Au bout de quinze minutes, l'air commence à être pollué." Une autre enseignante, elle, dit avoir plus de marge : "Après une heure et demie, ça me signale qu'il va falloir aérer la classe." La plupart de ces enseignants affirment suivre les indications du capteur de CO2.

"Je pensais bien aérer ma classe et que le taux de CO2 ne montait jamais. En fait, très rapidement, on arrive à ce que le détecteur soit dans le rouge !", s'étonne Frédérique, directrice d'une école maternelle dans l'Eure. Le petit appareil, fourni par sa mairie il y a dix jours, lui a fait totalement changer ses habitudes :

"Ça a complètement changé notre manière de voir et d'aérer la classe. Je pense que c'est indispensable dans toutes les classes."

Frédérique, directrice d'une école maternelle dans l'Eure

à franceinfo

Malheureusement, en cette saison ouvrir les fenêtres en grand a des conséquences rapides sur le confort de travail. "Il y a des fois où on est obligés de tomber à 14 degrés. Les élèves me disent parfois 'là, maîtresse, j'ai froid'. On referme donc les fenêtres." Malgré tout, le capteur a été quasiment une révélation pour cette directrice de maternelle, d'autant plus qu'à ce niveau les petits ne sont pas masqués. "Ça aurait dû être mis en place d'entrée de jeu. On aurait évité pas mal de contaminations."

Covid-19 : des professeurs racontent leur expérience avec un capteur de CO2. Le reportage de Noémie Bonnin

Plus ou moins efficaces sur les contaminations

C'est bien l'objectif : aérer les classes pour réduire la circulation du virus. Pourtant, certains enseignants doutent de l'efficacité de ces capteurs. "Ça n'a pas empêché d'avoir des cas dans la classe. Le mois de janvier a été assez chaotique au niveau des absences. On a eu beaucoup d'élèves contaminés", raconte ainsi Chloé, qui enseigne en maternelle dans le Val-de-Marne et a installé un appareil fourni par sa mairie début janvier. "Malgré ces précautions, ça n'a pas suffi."

D'autres, au contraire, trouvent les capteurs de CO2 très efficaces : "J'ai des élèves qui ont eu le Covid-19 dans ma classe mais il n'y a pas eu de surinfection avec d'autres élèves", témoigne ainsi Christophe professeur de CE1/CE2 en Isère. Il a acheté lui-même un capteur en janvier 2021, voyant que le maire de sa commune ne croyait pas du tout à son utilité : "On a absolument rien de contraignant à l'école. Ça a bien arrangé tout le monde de ne pas s'occuper de la question du traitement de l'air et de l'aérosolisation du Covid-19."

Le capteur de CO2 reste cependant seulement un indicateur, comme un thermomètre de la qualité de l'air. Il ne peut rien faire dans les salles qui ne s'aèrent pas ou mal, comme les cantines ou les dortoirs de sieste en maternelle.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.