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Covid-19 : une dizaine de sociétés savantes accusent Didier Raoult d'avoir mené un essai clinique "sauvage" géant avec l'hydroxychloroquine

L'ancien directeur de l'IHU Méditerranée Infection est dans le viseur d'une dizaine de sociétés savantes, qui fustigent, dans une tribune publiée par "Le Monde", ses essais de grande ampleur concernant ce traitement.
Article rédigé par franceinfo
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Didier Raoult à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 27 août 2020. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Elles dénoncent un "énorme scandale sanitaire". Dans une tribune publiée par Le Monde, dimanche 28 mai, une dizaine de sociétés médicales critiquent le traitement à l'hydroxychloroquine qu'ont reçu plusieurs milliers de patients de l'institut hospitalo-universitaire (IHU) de Marseille sous l'égide du professeur Didier Raoult. Ce médicament, inefficace contre le Covid-19 voire dangereux, selon certaines études, n'aurait pas dû être administré en masse par l'IHU, estiment ces sociétés.

"La prescription systématique aux patients atteints du Covid-19, quels que soient leur âge et leurs symptômes, de médicaments aussi variés que l'hydroxychloroquine, le zinc, l'ivermectine ou l'azithromycine, sur des ordonnances préimprimées, s'est d'abord effectuée sans bases pharmacologiques solides, et en l'absence de toute preuve d'efficacité", peut-on lire dans cette tribune.

"L'inaction n'est plus une option"

Dans les faits, 30 423 personnes positives au Covid-19 ont pris de l'hydroxychloroquine dans le cadre de cet essai entre le 2 mars 2020 et le 31 décembre 2021, comme le révèle une étude prépubliée le 3 avril dernier par le professeur Raoult et son équipe. Ces données en font "vraisemblablement le plus grand essai thérapeutique 'sauvage' connu à ce jour". "Ces prescriptions systématiques ont été poursuivies, ce qui est plus grave, pendant plus d'un an après la démonstration formelle de leur inefficacité", poursuivent les auteurs de la tribune.

"Nous estimons que ces prescriptions systématiques ont en outre été réalisées en dehors de toute autorisation de mise sur le marché, mais aussi en dehors de tout cadre éthique ou juridique."

Les organisations signataires d'une tribune

Le Monde

"En l'absence de mesures appropriées, ce qui s'est pratiqué restera ainsi perçu par un grand nombre de nos concitoyens comme un comportement finalement acceptable, voire souhaitable", dénoncent les signataires. "L'inaction n'est plus une option !", concluent-ils.

Depuis que Didier Raoult n'est plus à la tête de l'IHU, son successeur, le professeur Pierre-Edouard Fournier, a mis fin aux prescriptions d'hydroxychloroquine. L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait par ailleurs saisi la justice et engagé des poursuites administratives en avril 2022 pour d'autres manquements, concernant cette fois des essais cliniques sur la tuberculose après une inspection menée au sein de l'IHU et de l'AP-HM, lorsque Didier Raoult était aux commandes.

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