Covid-19 : en Guyane, le reconfinement "était inévitable", estime le préfet Thierry Queffelec
Un faible taux de vaccination et la forte présence du variant brésilien, jugé plus transmissible, expliquent un rebond de l'épidémie.
"C'était inévitable", a affirmé le préfet de Guyane Thierry Queffelec, vendredi 14 mai sur franceinfo alors que le confinement annoncé mercredi dans ce département entre en vigueur ce vendredi pour une durée de quinze jours en raison de la progression du variant brésilien et d'un taux de vaccination faible. "Il fallait limiter de façon rapide et brutale les contacts sociaux", a-t-il expliqué.
franceinfo : Deux semaines de reconfinement en Guyane, c'était inévitable ?
Thierry Queffelec : C'était inévitable. On a des indicateurs qui ne sont pas très bons. En cinq semaines, le taux d'incidence, qui est maintenant un indicateur classique, est passé de 70 à 346, c'était beaucoup trop, avec un taux de positivité à 14%. Nous sommes sur un variant brésilien à 84% des personnes malades donc il fallait prendre des mesures et il fallait limiter de façon rapide et brutale les contacts sociaux, même si nous avons déjà un couvre-feu.
Ce variant brésilien explique largement la situation actuelle mais il est déjà présent depuis des semaines. Pourquoi jusqu'ici avoir laissé ouvert les bars et les restaurants ?
Parce que nous avons très rapidement réussi à faire des protocoles d'accord, depuis un bon trimestre. Et nous avons réussi à obtenir un plateau avec ce variant brésilien, qui est beaucoup plus agressif, qui a une rapidité de transmission. On pensait le contenir, mais il y a peut-être eu un relâchement de la population, qui s'est habituée à des organisations sociales qui étaient établies. Le variant brésilien est reparti d'une façon beaucoup plus dure et on a dû prendre des mesures.
Les écoles vont rester ouvertes, ce qui ne plaît pas forcément au syndicat enseignant de l'UNSA, qui aurait préféré les voir fermées.
Tout à fait, il y a des débats syndicaux. Mais il faut savoir qu'on a deux fois plus de chance d'attraper un variant en famille qu'à l'école. Il faut voir que l'école est bien celle l'école de la République en Guyane. Lorsqu'il y a eu la première vague, il y a eu un confinement beaucoup plus strict, les violences intrafamiliales avaient augmenté de 200%. Parfois l'école est le seul moment où les enfants peuvent prendre un repas. Et il faut faire attention aussi à la fracture scolaire qui est très importante. Maintenir l'école a été une décision unanime avec les maires des communes.
On n'est pas du tout au même rythme entre la Guyane et la métropole en termes de vaccination. Comment l'expliquez-vous, est-ce un problème de doses ?
Non, nous avons suffisamment de doses pour vacciner tous les volontaires. Il y a des freins parce que les gens ont estimé que le vaccin arrivait trop vite, qu'ils regardent aussi le voisin s'il n'y a pas de petits problèmes. Il y a aussi des gens qui pensent que la pharmacopée guyanaise serait suffisante. Donc on travaille systématiquement autour de ces freins, on essaye de convaincre et actuellement nous avons à peu près 4% de la population qui a reçu ses deux doses. Dans l'attente des gens qui sont dans leur deuxième dose, on pourra arriver jusqu'à 14%. Tout ça est beaucoup trop faible, quand on voit nos voisins brésiliens, ils sont à à peu près 9% en deuxième dose. Nous avons du retard et c'est aussi la raison du frein qui a été mis en place pour les 15 prochains jours.
Ces mesures de reconfinement, pensez-vous qu'elles vont parvenir à inverser la tendance ?
Le but c'est d'inverser la tendance évidemment, convaincre les gens qu'il faut aller à la vaccination, et surtout éviter l'embolie des hôpitaux qui ont été renforcés en capacité de réanimation avec un module militaire. Entre la première vague et cette troisième vague qui nous touche, il faut bien comprendre que le nombre de places en réanimation a été doublé.
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