Covid-19 : comment expliquer la flambée de l'épidémie en Russie, qui a enregistré un nouveau record de décès quotidiens ?
Le pays a déploré 887 morts liées au Covid-19 en 24 heures, selon les chiffres publiés vendredi matin par le gouvernement.
La Russie a enregistré un nouveau record de décès quotidiens liés au Covid-19, pour le quatrième jour consécutif, selon le bilan publié vendredi 1er octobre par l'agence sanitaire Rospotrebnadzor. Le pays a déploré 887 morts en 24 heures, ce qui porte le bilan officiel total de l'épidémie à 208 142 victimes, dans ce pays de 144 millions d'habitants. Ce bilan est néanmoins sûrement sous-estimé car la surmortalité en Russie est d'environ 596 000 décès depuis le début de l'épidémie, estime The Moscow Times (article en anglais). Comment expliquer cette situation ? Franceinfo fait le point.
Le variant Delta est majoritaire dans le pays
Depuis le début de l'été, la Russie fait face à un fort rebond épidémique favorisé par la circulation du variant Delta, considéré par les scientifiques comme 40 à 60% plus contagieux que le variant Alpha. Quelque 24 522 nouvelles infections ont été recensées en 24 heures, selon les chiffres dévoilés vendredi 1er octobre. Ce niveau n'avait plus été atteint depuis le 22 juillet. Selon Le Monde, la prévalence du variant Delta parmi ces nouveaux cas positifs est de 97%. Cette troisième vague touche notamment Moscou (3 993 cas en 24 heures) et Saint-Pétersbourg (2 281 cas).
La situation est d'autant plus préoccupante que le port du masque dans les lieux publics, censé être obligatoire, est peu observé et "les consignes de distanciation rarement respectées", relève Le Monde. Le quotidien note en outre qu'il est difficile d'évaluer la situation dans les hôpitaux, très variable selon les régions, du fait d'un manque de statistiques régulières et d'une communication verrouillée des médecins.
La campagne de vaccination est à la traîne
Plus d'un an après être devenu le premier pays au monde à autoriser un vaccin contre le Covid-19, la Russie voit désormais l'épidémie renforcée par le faible succès de sa campagne d'injections. Selon Our World in Data (en anglais), un peu moins de 29% de la population était complètement vaccinée à la date du 30 septembre, alors qu'il existe désormais quatre vaccins nationaux.
"Nous avons environ 110 à 115 millions d'adultes [dans le pays], dont quelque 47 millions ont reçu au moins une dose de vaccin. C'est moins de la moitié de [la population adulte de la Russie], donc nous n'avons aucun signe que les contaminations vont s'arrêter", a mis en garde, mi-septembre, Anna Popova, directrice de l'agence sanitaire fédérale Rospotrebnadzor, citée par CNN (article en anglais).
Comme le pointe la chaîne américaine, ce faible taux de vaccination s'explique notamment par une forte défiance au sein de la population. Un sondage de l'Institut Morning Consult (article en anglais), relayé par L'Express, note ainsi que 34% des Russes se disaient opposés à recevoir une injection, jeudi 30 septembre. Cela place le pays en tête du classement des populations les plus méfiantes face au vaccin, loin devant les Etats-Unis (18% de personnes opposées à la vaccination) et la France (15%).
Les autorités rechignent à prendre des mesures sanitaires fortes
Autre facteur expliquant la hausse des cas de Covid-19 : les autorités refusent depuis plusieurs mois d'introduire des mesures sanitaires plus strictes. Tout confinement est pour l'instant écarté, afin de préserver l'économie de la Russie. Le gouvernement avait un temps imposé la vaccination pour les employés de certains services publics et du tertiaire, mais elle a finalement rétropédalé au mois d'août, pointe Le Monde.
Deux régions russes ont bien annoncé, mardi 28 septembre, qu'elles allaient imposer un pass sanitaire pour accéder aux restaurants et aux événements rassemblant du public, rapporte The Moscow Times (article en anglais). Mais d'autres ont renoncé à des mesures équivalentes ces derniers mois, à commencer par la capitale. Début juillet, la mairie de Moscou avait mis en place un tel système pendant quelques jours, avant finalement d'y renoncer. La ville, la plus peuplée de Russie, est pourtant le principal foyer d'infections de Covid-19 du pays.
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