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Covid-19 : cinq questions sur le pic épidémique de la deuxième vague, "passé" selon le ministre de la Santé

Plusieurs indicateurs de l'épidémie de Covid-19 sont désormais orientés à la baisse. Mais le nombre d'hospitalisations peut encore augmenter.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Centre de depistage gratuit du Covid-19 dans un laboratoire itinérant, dans le 15eme arrondissement de Paris, le 22 septembre 2020. (BENOIT DURAND / HANS LUCAS / AFP)

Le pire est-il derrière nous ? Quinze jours après le nouveau confinement décrété pour juguler l'épidémie de Covid-19, plusieurs indicateurs portent "à croire que nous avons passé un pic épidémique", a affirmé, dimanche 15 novembre, le ministre de la Santé Olivier Véran dans une interview accordée aux titres de la presse régionale du groupe Ebra. "Nous reprenons le contrôle sur l'épidémie", a-t-il estimé. Cinq questions autour de ces affirmations, alors que la France frôle désormais les deux millions de cas de Covid-19 enregistrés depuis le début de la pandémie.

Que signifie la notion de "pic épidémique" ?

La définition du pic épidémique est simple : il s'agit du moment où la courbe des nouvelles contaminations s'infléchit. Olivier Véran s'appuie sur trois indicateurs pour dire que ce pic a été franchi : "Depuis dix jours consécutifs, le nombre de nouveaux diagnostics de Covid-19 diminue, le taux de positivité des tests et le taux d'incidence baissent. Tout porte donc à croire que nous avons passé un pic épidémique", indique-t-il.

Quels sont les indicateurs qui baissent ?

Ces trois indicateurs figurent dans le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'agence nationale Santé publique France qui fait état, jeudi 12 novembre, d'une triple baisse, comparée à la semaine précédente : baisse du taux de dépistage (nombre de personnes testées par rapport à la population), baisse du taux de positivité (nombre de personnes testées positives par rapport au nombre de personnes testées) et baisse du taux d'incidence (nombre de nouveaux cas rapporté à la population).

Comme l'illustre l'infographie ci-dessous, le taux de positivité décroît en effet, se fixant à 19,5% contre 21% la semaine précédente. Cette tendance semble se confirmer ces derniers jours (le chiffre est passé à 16,9% dimanche 15 novembre, selon le tableau de bord publié par Santé publique France qui fait une moyenne, pour cet indice, des sept derniers jours).

Evolution du taux de positivité au Covid-19 en France selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire publié par Santé Publique France le jeudi 12 novembre. (SANTE PUBLIQUE FRANCE)

Dans le relevé hebdomadaire de Santé publique France, deux autres courbes piquent du nez, comme le montre le graphique ci-dessous. Le taux de dépistage est en baisse de 7% par rapport à la semaine précédente. Le taux national d’incidence (nombre de nouveaux cas sur sept jours pour 100 000 habitants) diminue également (427,6 cas pour 100 000 habitants contre 496,7 cas la semaine précédente, soit une baisse de 14%). 

Evolution des taux d'incidence et de dépistage en France depuis la 23e semaine de 2020, données établies au 11 novembre 2020. (SANTE PUBLIQUE FRANCE)


Une précision : tous ces chiffres sont basés sur les seuls tests RT-PCR. A partir de cette semaine, les tests antigéniques rapides réalisés en pharmacies depuis début novembre doivent également être pris en compte par le système SI-DEP [la base de données qui recense les cas positifs au Covid-19]. Et il est encore trop tôt pour savoir s'ils vont modifier les données actuelles.

Le gouvernement a-t-il surévalué la crise ?

Ultime bonne nouvelle, le nombre de nouvelles personnes hospitalisées en réanimation semble se stabiliser, alors qu'il n'avait cessé d'augmenter depuis début août. Selon les chiffres de Santé publique France dimanche 15 novembre, 2 761 malades du Covid-19 ont été admis en services de réanimation sur les sept derniers jours, alors que cet indicateur dépassait encore les 3 000 en début de semaine dernière.

Mais au total, 4 896 lits de réanimation sont désormais occupés par des malades du Covid, soit un chiffre toujours en hausse, souligne cet analyste de données sur Twitter. 

Un chiffre élevé, donc, et qui peut continuer à progresser, mais qui reste très inférieur à celui avancé par Emmanuel Macron fin octobre. "A ce stade, nous savons que quoi que nous fassions, près de 9 000 patients seront en réanimation à la mi-novembre, soit la quasi-totalité des capacités françaises", avait déclaré le président de la République lors de son allocution du 28 octobre sur le nouveau confinement. 

L'Elysée avait-il noirci le tableau ? Il s'en défend aujourd'hui. "Quand le discours est prononcé, ce chiffre se base sur un scénario médian de modélisation de l’institut Pasteur à ce moment-là, qui était considéré comme hautement crédible à date si rien n’était fait", répond le service de presse de l'Elysée. Avant d'ajouter : "L’institut Pasteur a ensuite revu ces projections à la baisse en tenant compte des différentes mesures qui ont été prises, comme le couvre-feu, le confinement, ou une meilleure prise en charge par la médecine de ville. Si ce chiffre est aujourd’hui plus bas, c'est une bonne nouvelle, sachant qu’on reste à un niveau élevé et qu’il n’y a pas encore de conclusion définitive pour savoir si le pic est franchi". 

"Clairement, il est trop tôt pour crier victoire et relâcher nos efforts", a également prévenu dimanche Olivier Véran, en soulignant que "le niveau de diagnostics reste élevé, entre 20 000 et 30 000 (cas) par jour". Loin de l'objectif des 5 000 cas quotidiens fixé par Emmanuel Macron quand il avait annoncé le confinement, le 28 octobre.

Le confinement sera-t-il donc allégé le 1er décembre ?

On peut le supposer puisque le Premier ministre Jean Castex a évoqué, jeudi 12 novembre, une éventuelle réouverture à cette date des commerces jugés "non essentiels" pendant le confinement. A trois semaines de Noël, cette décision sera cruciale pour les libraires, vendeurs de vêtements, de jouets et autres magasins confrontés à la concurrence d'Amazon et des plateformes de vente en ligne. 

Peut-on déjà programmer ses fêtes de famille à Noël ?

Pour Noël, le flou règne toujours. "Les incertitudes (...) sont encore trop nombreuses pour se projeter précisément", a déclaré Olivier Véran, tout en promettant un allègement du confinement si la trajectoire se maintient, "sans (le) lever complètement". Dans un entretien au Monde ce week-end, Jean Castex, lui, a  fermé la porte "avant longtemps" aux "rassemblements festifs, familiaux dans des salles de fêtes".

Reste la question non tranchée des rassemblements festifs ou familiaux chez soi, sachant qu'à la SNCF, les réservations sont ouvertes et les billets remboursables pour les vacances de fin d'année. Le nouveau déconfinement "sera accompagné d'une reprise des TGV. A partir du moment où on déconfine, on augmentera l'offre de transports, donc on augmentera l'offre de TGV, donc les places disponibles en vente sur internet seront augmentées", avait expliqué le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, à franceinfo.

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