Cet article date de plus de deux ans.

Covid-19 : ce que l'on sait du "Covid long", une affection qui toucherait un malade sur dix en France

Cette forme persistante de la maladie pourrait concerner plus d'un demi-million de personnes en France.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4 min
Le président de la République, Emmanuel Macron, en visite à l'hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine), le 22 avril 2021. (CHRISTIAN HARTMANN / AFP)

Comme les patients qu'a rencontrés Emmanuel Macron jeudi 22 avril lors de sa visite à l'hôpital Foch de Suresnes (Hauts-de-Seine), plusieurs milliers de Français souffrent encore de symptômes plusieurs semaines après avoir contracté le Covid-19. Cette forme dite de "Covid long" cause de nombreuses difficultés aux malades et les empêchent parfois de retrouver leur pleine capacité physique voire de reprendre leur activité professionnelle.

>> Suivez l'évolution de l'épidémie de Covid-19 dans notre direct

Pour mieux comprendre cette affection et ses possibles conséquences, franceinfo fait le point sur les symptômes les plus fréquents et les parcours de soins proposés aux malades.

Les symptômes peuvent être divers

Chez les personnes atteintes de "Covid long", les symptômes qui persistent plusieurs mois après l'apparition de la maladie restent divers : certains peinent à retrouver l'odorat ou le goût, quand d'autres conservent des séquelles respiratoires, qui les empêchent de se déplacer ou de dormir comme ils le souhaiteraient.

Parmi les autres désagréments rapportés par les malades : maux de tête, fatigue, douleurs musculaires, pertes de mémoire ou encore sensation de "brouillard" cérébral. Dès l'été 2020, plusieurs patients atteints de forme longue du Covid-19 se sont regroupés au sein d'associations pour soulever la problématique dont ils souffrent et qui les empêche souvent de reprendre une activité professionnelle.

Environ un quart des malades du Covid-19 ressentent encore des symptômes plus d'un mois après l'apparition de la maladie, estime l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Après trois mois, le chiffre baisse à un cas sur dix. Le 20 février, le ministre de la Santé, Olivier Véran, estimait ainsi que "plus de 500 000 cas potentiels" pourraient être concernés par un "Covid long".

Des études sont toujours en cours

Une étude nationale, nommée "Cocolate", a été lancée fin 2020 par le docteur Olivier Robineau, médecin au service universitaire des maladies infectieuses et du voyageur au centre hospitalier de Tourcoing (Nord). "On dit toujours qu'il faut avoir un diagnostic pour avoir un traitement. Là, il n'y a pas de diagnostic mais il faut être très pragmatique : les gens ont des plaintes, on utilise des traitements symptomatiques et de la rééducation", expliquait-il en mars. Olivier Robineau reçoit près de 70% de femmes, qui ont souvent entre 30 et 50 ans. Plusieurs études sont en cours pour comprendre cette surreprésentation, constatée par les praticiens.

La revue médicale britannique The Lancet (en anglais) avait également publié en janvier une étude menée par des chercheurs chinois sur 1 733 patients de l'hôpital de Wuhan. Plus de six mois en moyenne après l'apparition des symptômes du Covid-19, 76% de ces patients présentaient encore au moins un symptôme. Cette proportion s'élevait à 81% pour les femmes contre 73% pour les hommes. Des données corroborées par une étude publiée en mars 2021 par une autre revue médicale britannique, Nature Medicine (en anglais) : sur les 488 patients suivis, près d'un tiers rapporte des "symptômes persistants" soixante jours après leur sortie de l'hôpital.

D'autres études sont en cours, notamment celle de l'université de Paris en lien avec l'AP-HP, ou une autre initiée par l'association toulousaine Tous partenaires Covid avec un laboratoire de l'université de Dijon (Côte-d'Or) spécialisé dans les données génétiques. Elle avait déjà reçu 3 000 réponses en février, rapporte France Bleu Occitanie. Des questionnaires sont adressés aux volontaires chaque semaine sur les conséquences physiques et une fois par mois sur les effets psychologiques.

Des soins adaptés peuvent être mis en place

La Haute Autorité de santé (HAS) a reconnu en février l'existence d'une affection longue chez certaines personnes ayant été testées positives au Covid-19. Trois critères permettent officiellement de reconnaître ce "Covid long" : il faut que le patient souffre d'une forme symptomatique de la maladie, que les symptômes persistent plus de quatre semaines après leur apparition et qu'aucun autre diagnostic ne puisse les expliquer.

Pour faciliter la prise en charge de ces patients, la HAS a notamment édité dix fiches pratiques dans lesquelles elle détaille les moyens à mettre en œuvre pour tenter de remédier aux principaux symptômes et de soulager les malades : fatigue, douleurs thoraciques ou encore hyperventilation font notamment partie des affections détaillées. La HAS invite également "les médecins à faire preuve d'écoute et d'empathie envers les patients souffrant de symptômes prolongés, et à les rassurer quant aux possibilités de prise en charge et au caractère temporaire et réversible de leur situation".

Une résolution a été votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale le 17 février. Les députés invitent le gouvernement à "proposer un parcours de soins adapté (...) aux personnes souffrant de complications persistantes" du Covid-19 et de "faciliter la reconnaissance en tant que maladie professionnelle". Pour le moment, le gouvernement a accordé une reconnaissance automatique en maladie professionnelle aux seuls soignants malades du Covid-19 qui présentent des séquelles respiratoires.

L'hôpital Foch, dans lequel s'est rendu Emmanuel Macron jeudi, a été l'un des premiers en France à mettre en place, dès juin 2020, un parcours de soins pour les patients atteints de "Covid long", les services de pneumologie, médecine physique et réadaptation et ORL se coordonnant pour organiser le suivi des patients.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.