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Coronavirus : pourquoi l'OMS est aussi alarmiste face à l'évolution de la pandémie

Quelque 60% des cas de coronavirus depuis le début de la pandémie ont été enregistrés au cours du seul mois de juin. La progression de l'épidémie est particulièrement inquiétante sur le continent américain.

Article rédigé par franceinfo
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Le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une conférence de presse à Genève, le 3 juillet 2020. (FABRICE COFFRINI / AFP)

En France, l'évolution favorable de l'épidémie de coronavirus a fait quelque peu retomber la pression. Mais dans de nombreuses régions du monde, la pandémie de Covid-19 ne faiblit pas, bien au contraire. Et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sonne l'alarme.

"Il est vraiment temps que les pays regardent les chiffres. S'il vous plaît, n'ignorez pas ce que vous disent les chiffres", a déclaré le responsable des urgences sanitaires à l'OMS, Michael Ryan, vendredi 3 juillet lors d'une conférence de presse. "Les gens doivent se réveiller. Les chiffres ne mentent pas et la situation sur le terrain ne ment pas, a-t-il poursuivi. Il n'est jamais trop tard, dans une épidémie, pour prendre le contrôle." Franceinfo vous explique pourquoi l'OMS se montre si inquiète.

Une forte accélération de l'épidémie depuis un mois

Dans une précédente conférence de presse, mercredi 1er juillet, le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a dressé un constat alarmant. Parmi les plus de 10 millions de cas de coronavirus détectés dans le monde jusqu'à présent, 60% ont été signalés au cours du seul mois de juin.

Alors que le nombre de nouveaux cas quotidiens est resté plus ou moins stable au cours du dernier mois en Europe et au Moyen-Orient, il n'a cessé de grimper en Asie du Sud-Est, en Afrique, mais surtout sur le continent américain. Ce dernier est désormais le plus touché (en jaune sur le graphique ci-dessous).

Nombre de cas quotidiens de coronavirus recensés dans le monde, par continent. (OMS)

Comme le montre cet autre graphique, l'écrasante majorité des décès du coronavirus dans le monde sont enregistrés sur le continent américain.

Nombre de décès quotidiens du Covid-19 enregistrés dans le monde. (OMS)

Et la situation ne semble pas aller en s'améliorant : samedi 4 juillet, l'OMS a enregistré un nombre record de contaminations, avec 212 326 cas en seulement vingt-quatre heures. Le monde compte désormais plus de 11 millions de cas.

Une situation inquiétante sur le continent américain

Pour la première fois depuis le début de l'épidémie, l'Amérique latine a dépassé vendredi l'Europe en nombre de cas, même si le Vieux continent reste à ce jour la région du monde la plus endeuillée.

Sur le continent américain, plusieurs pays suscitent l'inquiétude. C'est bien sûr le cas des Etats-Unis, pays le plus touché au monde avec 2,8 millions de cas recensés et près de 130 000 morts, selon les chiffres de l'université Johns-Hopkins. Après une légère baisse, le nombre de nouveaux cas quotidiens est reparti franchement à la hausse à partir de la mi-juin, notamment en Californie, au Texas, en Floride et en Arizona. Sur la seule journée du vendredi 3 juillet, les Etats-Unis ont dénombré 57 000 nouvelles contaminations, un record.

Au Brésil, deuxième pays au monde le plus touché, plus de 1,5 million de personnes ont été infectées et plus de 60 000 personnes sont mortes du coronavirus. Depuis début juin, le nombre de décès dépasse fréquemment les 1 000 par jour. Autre pays sur la mauvaise pente : le Mexique, devenu samedi le cinquième pays le plus endeuillé avec plus de 30 000 morts, devant la France.

Des restrictions s'appliquent de nouveau dans plusieurs pays européens

En Espagne, durement touchée par la vague de coronavirus ce printemps, deux zones ont été de nouveau l'objet de restrictions. La région de Lérida, en Catalogne, a ainsi été isolée du reste du territoire à partir de samedi, "sur la base de données qui confirment une croissance très importante du nombre de cas de contagion", selon le président catalan, Quim Torra. Une décision qui concerne 200 000 habitants. Dans le nord-ouest du pays, en Galice, les 70 000 résidents de A Mariña ne peuvent plus quitter la ville juqu'à vendredi prochain.

Au Royaume-Uni, alors que l'Angleterre s'est engagée ce week-end dans une nouvelle étape de déconfinement avec notamment la réouverture des pubs, restaurants, hôtels et salons de coiffure, le gouvernement avait annoncé en début de semaine un durcissement des mesures à Leicester. Cette ville d'environ 340 000 habitants a en effet enregistré une hausse importante des contaminations, représentant 10% de tous les nouveaux cas détectés dans le pays dans la semaine du 22 au 28 juin.

Jusqu'alors plutôt épargné par l'épidémie, le Portugal a pris la décision de confiner à domicile 700 000 habitants d'une vingtaine de quartiers dans la région de Lisbonne, pour au moins deux semaines. En Allemagne, les restrictions touchant le canton de Gütersloh, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, ont été prolongées jusqu'au 7 juillet.

Ailleurs dans le monde, des mesures plus ou moins drastiques ont été prises, à Buenos Aires (Argentine), à Antananarivo (Madagascar), en Cisjordanie, au Kazakhstan ou encore à Melbourne (Australie).

Des gouvernements pas suffisamment réactifs

Dans son message d'alerte, mercredi, le directeur général de l'OMS a souligné qu'"il est inquiétant de constater que certains pays n’ont pas utilisé tous les outils à leur disposition et ont adopté une approche fragmentée". "Ces pays ont devant eux un long et difficile chemin à parcourir", a prévenu Tedros Adhanom Ghebreyesus.

Si elles ne sont pas explicitement mentionnées, les autorités américaines sont visées par cette déclaration. Malgré les statistiques catastrophiques de l'épidémie aux Etats-Unis, Donald Trump a une nouvelle fois minimisé la gravité de la situation, lors des célébrations de la fête nationale, samedi. "Nous avons fait beaucoup de progrès. Notre stratégie fonctionne bien", a-t-il lancé, se disant convaincu qu'un traitement ou un vaccin serait probablement disponible "bien avant la fin de l'année".

Très critiqué dans son pays pour avoir sous-estimé l'épidémie, le président brésilien est quant à lui parti en guerre contre le port du masque, pourtant rendu obligatoire par plusieurs Etats brésiliens. Vendredi, le dirigeant d'extrême droite a fortement édulcoré une loi sur le port du masque dans les lieux publics, en opposant son veto à deux articles le rendant obligatoire dans les commerces et les lieux de culte.

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