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Coronavirus : ce que l'on sait des deux projets de vaccins parmi les plus prometteurs

Deux vaccins testés sur les humains ont produit une réponse immunitaire encourageante contre le Covid-19, selon les résultats de deux essais cliniques publiés lundi dans la revue médicale britannique "The Lancet". 

Article rédigé par franceinfo - Coline Renault et Marion Fontaine
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un technicien dans un laboratoire de l'entreprise Sanofi à Val-de-Reuil (Eure), le 10 juillet 2020. (Photo d'illustration) (JOEL SAGET / AFP)

L'un est britannique, l'autre chinois. Deux projets de vaccins contre le nouveau coronavirus présentant des résultats concluants ont été publiés lundi 20 juillet par la revue médicale britannique The Lancet. Ils ont produit une réponse immunitaire chez les patients testés, sans qu'aucun effet indésirable grave n'ait été constaté.

Leur efficacité contre le Covid-19 doit encore être établie avant d'envisager une commercialisation à grande échelle. Franceinfo résume ce que l'on sait sur ces deux projets.

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L'un est anglais, l'autre chinois 

Le premier candidat-vaccin, AZD1222, a été développé aux Royaume-Uni par l'université d'Oxford et le groupe pharmaceutique AstraZeneca. Il a été créé à partir d'un virus de rhume touchant les chimpanzés, qui ressemble assez au Covid-19 pour que le système immunitaire humain puisse l'attaquer. Il a été testé sur 1 077 volontaires, âgés de 18 à 55 ans.

La société chinoise CanSino Biologics a, elle, élaboré le second candidat-vaccin, Ad5-nCOV à partir d'un virus de rhume humain. Il a été testé à Wuhan sur 508 volontaires allant de 18 à 83 ans, dont 126 se sont vu administrer un placebo.

Ils génèrent "une forte réponse immunitaire"

C'est une avancée notable parmi les dizaines de vaccins contre le Covid-19 qui sont en train d'être élaborés. Les personnes qui ont été vaccinées fabriquent des anticorps contre le Covid-19.  

Pour le candidat-vaccin, sur les 543 personnes ayant reçu le vaccin (les autres participants ont reçu un vaccin contre la méningite), 90% des participants ont développé des anticorps. Pour le projet chinois, ils sont 85%.

Outre la réponse immunitaire, il faut noter que les effets secondaires sont légers et semblables à ceux des autres vaccins : maux de tête, fièvre ou fatigue.    

Des essais cliniques doivent encore être réalisés à grande échelle

Ces résultats concluants n'ont pour l'instant été observés que sur quelques centaines de personnes. Avec la phase 3 des essais cliniques, les tests à grande échelle devraient commencer.

"La question qui se pose maintenant, c'est de savoir si ces anticorps permettent d'éviter l'infection, ou de contrôler dans tous les cas l'infection, ou d'éviter des formes sévères", a expliqué mardi 21 juillet sur franceinfo Odile Launay, infectiologue à l'hôpital Cochin à Paris.

"On ne sait pas encore si le vaccin est efficace, et combien de temps il le restera", estime sur franceinfo Eric Caumes, chef du service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière : "Ce n'est pas parce qu'il y a des anticorps que le corps est protégé contre le virus. Il faut aussi vérifier s'il marche chez tout le monde : les personnes âgées peuvent parfois moins bien réagir aux vaccins".

Pas un vaccin unique

Les chercheurs devront également effectuer des études sur des populations qui, selon leur âge ou leur origine géographique, ne présentent pas le même degré d'immunité avant l'injection du vaccin. "En Inde, 80% des adultes présentent des anticorps contre ce vecteur, contre 60% en Afrique du Sud et moins de 30% aux Etats-Unis", précisent les auteurs de l'étude effectuée par les chercheurs de Wuhan.

Il s'agirait alors d'un vaccin à dose modulable, selon les profils des patients : "Nous travaillons pour identifier les vaccins les plus prometteurs selon les différentes catégories. Il n'y aura probablement pas de vaccin unique pour tout le monde”, assure la chercheuse Kate Bingham à la BBC (lien en anglais).

Pour la troisième phase de l'étude clinique d'AstraZeneca, 10 000 Britanniques prendront part à la troisième phase (répétition) du test, ainsi que 30 000 personnes aux Etats-Unis, 2 000 en Afrique du Sud et 5 000 au Brésil.

La vaccination généralisée a priori pas pour demain… mais les vaccins sont commandés

Les pays ne veulent pas être en reste une fois que le vaccin sera disponible sur le marché. Le 12 juin, les ministres de la Santé allemands, français, néerlandais et italiens ont signé un contrat avec le laboratoire AstraZeneca pour s'assurer des vaccins en pré-commande : "L'accord de principe trouvé avec le laboratoire AstraZeneca prévoit que ce dernier, si son projet aboutit, fournira jusqu'à 400 millions de doses de vaccin à prix coûtant", explique le gouvernement français dans un communiqué.  

Selon la BBC (lien en anglais) les Britanniques ont d'ores et déjà commandé 190 millions de doses de différents vaccins, dont 100 du produit proposé par l'université d'Oxford. "Ce type de vaccin peut être fabriqué facilement à grande échelle", a commenté Sarah Gilbert, chercheuse à l'université d'Oxford qui a mis au point le vaccin.

D'autres projets de vaccins sont en cours d'étude

Plus d'une centaine de vaccins sont à l'étude dans le monde, selon le New York Times, dont 26 en essais cliniques.

Mercredi 22 juillet, c'est un autre vaccin chinois, cette fois-ci du laboratoire Sinovac Biotech, qui est entré en phase 3. Ces tests sont menés au Brésil, deuxième pays au monde le plus touché par la pandémie, où 9 000 volontaires vont recevoir des injections sur trois mois. Baptisé Coronavac, ce vaccin pourrait être produit à 120 millions de doses dès début 2021, si ses effets sont concluants. 

En attendant les résultats des phases finales des vaccins, "il ne faut pas s'emballer", préconise Eric Caumes. "Nous avons déjà eu assez d'excès de précipitation dans cette épidémie. Faisons plutôt avec ce que nous avons – les masques, le gel hydroalcoolique et la distanciation sociale", conclut-il, "plutôt qu'avec ce que nous n'avons pas encore".

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