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Coronavirus : "C'est une désolation", "ça me donne envie de pleurer", Paris sous confinement donne le blues à ses habitants

"Pour revenir plus vite, restez chez vous”, peut-on lire, écrit en lettres rouges, sur la façade de l'Olympia. À Montmartre, on entend désormais très bien les oiseaux, mais on ne croise plus aucun touriste.

Article rédigé par Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une femme est assise seule sur un banc, dans le quartier de Montmartre, à Paris, pendant le confinement, le 27 avril 2020.  (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Après plus de 40 jours de confinement en France, le temps semble parfois suspendu. Cette impression d'un monde figé est encore plus frappant dans les grandes villes, où le bruit et l'agitation sont intenses en temps normal, comme à Paris, une capitale à l’arrêt depuis le 17 mars.

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Premiers vestiges de ce monde d’avant, les affiches électorales placardées devant les écoles désertes. Dans le 18e arrondissement, au nord de la capitale, elles sont en partie arrachées, taguées. "C'est des restes de l'ancien temps, ça." Elles rappellent vaguement à Didier, un habitant du quartier, qu’il y a eu un premier tour des élections municipales. "J'ai voté là le 15 (mars). Il paraît qu'il va y avoir un deuxième tour, on verra. C'est pas d'actualité, c'est ailleurs dans le temps."

Dans le 18e arrondissement de Paris, les affiches électorales sont restées figées après le 1er tour, qui s'est tenu juste avant le début du confinement.  (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Un temps suspendu comme à Montmartre, où on entend désormais très bien les oiseaux, mais où on ne croise plus aucun touriste. Dans le quartier, il y a aussi ces anachronismes un peu étranges. Dans deux petites rues, des devantures de magasins ressemblent à des devantures de la Seconde Guerre mondiale. Un arrêt dans le temps non pas en 2020, mais en 1942. "Je crois qu'on est venu tourner un film", explique Pablo qui est venu se promener en trottinette avec ses parents. "Ils avaient dû tout installer sans penser que ça allait durer tant que ça."

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Les devantures de magasins, décors d'un film dont le tournage est stoppé durant le confinement, figent deux rues de Montmartre, à Paris, dans une ambiance de Seconde guerre mondiale.  (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Sur les Grands boulevards, au centre de Paris, un peu plus de circulation, mais tout aussi peu de piétons. Un des rares promeneurs s'approche avec un appareil : "Je fais des photos de Paris vide, les magasins vides, les rues vides et je trouve que c'est une désolation", confie le Parisien qui a notamment immortalisé la façade de l'Olympia, "J'y ai des souvenirs extraordinaires parce que j'y suis allé très souvent."

L'entrée de l'Olympia fermée, surmontée d'un message incitant les Parisiens à rester chez eux, le 27 avril 2020.  (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

"Pour revenir plus vite, restez chez vous”, peut-on lire, écrit en lettres rouges, sur la célèbre façade de la célèbre salle de spectacle. Elle est évidemment fermée, tout comme les cinémas du quartier de l'Opéra Garnier, où vieillissent les affiches des films sortis juste avant le confinement. Cela rend Marie-Hélène nostalgique : "On a un copain qui a été un des producteurs de De Gaulle (sorti le 4 mars 2020). L'autre jour j'ai vu des affiches, ça m'a donné envie de pleurer", raconte cette habitante de la capitale.

Marie-Hélène voit d'ailleurs dans ce film racontant l'histoire du célèbre appel du général de Gaulle, un écho à la période actuelle : "C'est un très beau film sur le courage, sur un homme politique qui a pris des décisions. C'est ce qu'on attend de nos politiques actuellement, des réponses précises, veut croire cette Parisienne. C'est pour ça qu'il y a cette perte de confiance, on a besoin d'un De Gaulle." Paris confiné, Paris figé... Et demain Paris libéré ? C’est ce que tous espèrent tout en se demandant à quoi ressemblera ce monde d’après, remplis des vestiges, parfois encombrants, du vieux monde d’avant.

Paris sous confinement donne le blues à ses habitants - le reportage de Matthieu Mondoloni

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