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"Les auteurs de violences conjugales utilisent le confinement pour continuer à exercer leur contrôle sur les femmes", déplore la Fédération nationale Solidarité Femmes

Les signalements de violences conjugales ont augmenté de 60% pendant le deuxième confinement. Sur franceinfo, la directrice générale de la Fédération nationale Solidarité Femmes, Françoise Brié, réclame "une politique pénale extrêmement sévère".

Article rédigé par franceinfo
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Françoise Brié, directrice générale de la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF), le 5 mars 2018 à Paris. (THOMAS SAMSON / AFP)

Alors que la plateforme de signalement en ligne des violences sexuelles et sexistes arretonslesviolences.gouv.fr enregistre une hausse de 60% des appels de victimes pendant le deuxième confinement par rapport à la normale, la directrice générale de la Fédération nationale Solidarité Femmes (FNSF) explique dimanche 10 janvier sur franceinfo que "les auteurs de violences utilisent le confinement pour continuer à exercer leur contrôle sur les femmes". Françoise Brié décrit également un cercle vicieux. "Le confinement dégrade également la situation socio-économique des femmes, qui est déjà un facteur aggravant des violences conjugales." Elle dénonce des "failles et des disparités selon les départements" quand la ministre Marlène Schiappa vante dans Le Parisien/Aujourd'hui en France une amélioration du suivi des victimes. Françoise Brié réclame "une politique pénale extrêmement sévère pour faire reculer ces meurtres de femmes et ces violences conjugales."

franceinfo : le confinement seul explique-t-il la flambée des violences conjugales ces dernières semaines ?

Françoise Brié : Plusieurs facteurs expliquent ces violences, le confinement en est un. Les auteurs de violences l'utilisent pour continuer à exercer leur contrôle sur les femmes, pour les empêcher de sortir et d'avoir des espaces de liberté qui leur permettraient de signaler ces violences et d'entamer des démarches. Le confinement dégrade également la situation socio-économique des femmes, qui est déjà un facteur aggravant des violences conjugales. Il y a aussi une meilleure connaissance des dispositifs d'aide, donc ces différents facteurs se croisent. Le 3919 (numéro d'écoute national Violences Femmes Info) garde un niveau d'appel très élevé, avec environ 450 appels par jour, mais c'est quand même moins que ce que nous avions lors du premier confinement.

Constatez-vous, comme Marlène Schiappa l'assure dans Le Parisien/Aujourd'hui en France, que le suivi des victimes s'est amélioré une fois qu'elles ont déclaré les violences ?

Je pense qu'il y a des avancées, avec notamment cette grille d'évaluation du danger et une formation qui s'améliore. Maintenant, il y a encore des failles et des disparités selon les départements.

"Il faut une politique pénale extrêmement sévère pour faire reculer ces meurtres de femmes et ces violences conjugales."

Françoise Brié

à franceinfo

Souvent, les peines prononcées à l'encontre des auteurs de violences sont insuffisantes et le dispositif de protection des femmes n'est pas forcément bien articulé. Il y a donc eu des améliorations mais on doit encore étudier toutes les failles des dispositifs pour empêcher les féminicides.

Que manque-t-il pour aider ces femmes victimes de violences ?

Je pense qu'il faut poursuivre les efforts produits depuis des années. Contrairement à l'Espagne, on n'a pas de tribunaux spécialisés. On devrait avoir des tribunaux qui gèrent ces situations à la fois sur le plan civil, comme par exemple les procédures de divorce, mais aussi tout ce qui est pénal. Il faut que les procédures civiles se croisent avec le dépôt de plainte, avec les différentes mains courantes, et qu'on puisse à un moment articuler mieux les réponses. Les derniers féminicides montrent que c'est souvent après la séparation qu'il peut y avoir des actes de violence extrêmement graves. On a également besoin de moyens supplémentaires, en particulier pour les centres d'accueil et d'hébergement spécialisés. Il faut repenser le parcours des femmes à travers ces différents dispositifs. Pour qu'il soit raccourci, la femme victime de violence doit pouvoir s'adresser immédiatement à des spécialistes qui vont pouvoir évaluer le danger. Il faut enfin que la justice réagisse plus rapidement et à la hauteur du danger encouru par ces femmes.

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