Variante du Covid-19 au Royaume-Uni : "Ce qui est particulier, c'est la localisation de cette mutation. Elle touche un endroit stratégique"
Une variante du Covid-19 a été détectée au Royaume-Uni. Plusieurs pays dont la France ont suspendu pour 48 heures les arrivées en provenance du sol britannique. "On voit souvent des virus qui évoluent, on le voit dans toutes les épidémies", a commenté Sylvie Briand, de l'OMS.
"Ce qui est particulier, c'est la localisation de cette mutation. Elle touche un endroit stratégique de l'interaction entre le virus et les cellules", a réagi Sylvie Briand, directrice à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), chargée des risques épidémiques et pandémiques, ce lundi 21 décembre sur franceinfo. Explication après l'apparition d'une nouvelle variante, qui serait plus contagieuse, du Covid-19 au Royaume-Uni. "Cette évolution n'est pas une surprise", selon elle, car "on voit souvent des virus qui évoluent, on le voit dans toutes les épidémies. C'est attendu, on n'est pas surpris particulièrement".
franceinfo : Que sait-on de cette variante du virus ?
Sylvie Briand : Alors on sait qu'il y a une mutation dans le génome du virus, qui en fait une évolution. On a vu déjà depuis le début de la pandémie des évolutions de ce virus. Mais le problème, c'est que cette mutation touche une partie du génome qui code pour la protéine qui est celle qui s'accroche à la cellule. Donc, un impact sur la morphologie du virus. Et la grosse question, c'est de savoir, d'une part, si cette mutation pourrait provoquer par exemple une plus grande virulence du virus ou si ça aurait une implication sur les vaccins. Et ça on ne le sait pas encore. Il faut faire des études en laboratoire, des tests pour savoir quelle sera la réaction immunitaire de ce nouveau virus.
Est-ce que cette variation en particulier suscite plus d'inquiétude que d'autre ?
On voit souvent des virus qui évoluent, on le voit dans toutes les épidémies. C'est attendu, on n'est pas surpris particulièrement. Ce qui est particulier, c'est la localisation de cette mutation. Elle touche un endroit stratégique de l'interaction entre le virus et les cellules. C'est pour ça que ça demande quand même plus d'attention. Mais c'est vrai que on a plusieurs souches de ce virus. Ça a commencé avec la souche "L" en Chine. Puis après, on a eu les souches "S", "V", "G", d'autres souches en fonction des continents. En fait, on n'a pas tout à fait les mêmes souches qui circulent partout.
Les autorités britanniques disent que cette nouvelle variante du virus serait plus contagieuse. Est-ce qu'on peut le prouver ?
Ce virus, plus il circule dans les populations humaines, plus il va s'adapter. Donc il peut-être plus transmissible, mais cela ne veut pas forcément dire qu'il est plus virulent. C'est-à-dire qu'on n'aura pas une maladie nécessairement plus grave parce que le virus a changé. Mais tout cela reste encore sujets aux études. Il y a plusieurs laboratoires, justement, qui s'en occupent. Il faut rechercher d'abord sur la transmissibilité pour essayer de mieux comprendre si ça se transmet plus facilement ou pas. Et puis ensuite, des études in vitro pour voir effectivement si les anticorps qui existent déjà dans des sérums humains neutralisent ce virus ou pas. C'est tout l'intérêt d'avoir une recherche mondiale. Parce qu'au lieu d'avoir un laboratoire qui travaille 24 heures sur 24, on a plusieurs laboratoires dans le monde qui font ces études, et ça va beaucoup plus vite qu'avant.
Que faire en attendant ces réponses ? Faut-il renforcer les contrôles, les dispositifs sanitaires ?
Non. Je pense qu'en attendant, les mesures qu'on a déjà mis en place ne changent pas. Il faut toujours mettre en œuvre les gestes barrières. Les gens qui sont malades, il faut les traiter, les tester, les isoler. Et puis bientôt, il y aura la vaccination. Comme l'ont dit les autorités britanniques, cette mutation n'aura probablement pas d'impact sur la vaccination.
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