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Un tennisman dans sa bulle. Fin de quarantaine et retour à la compétition pour Pierre-Huges Herbert à Melbourne

Pendant la quarantaine imposée par les organisateurs de l'Open d'Australie avant le début du tournoi, Pierre-Hugues Herbert a tenu son journal de bord sur franceinfo. Sixième et dernier épisode : la fin du confinement, et les leçons que le Français en a tiré. 

Article rédigé par Fabrice Abgrall
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7 min
Pierre-Hugues Herbert à l'entraînement à Melbourne (Australie) le 28 janvier 2021 (BENJAMIN BALLERET)

Après deux semaines de quarantaine relative, avec cinq heures d'entraînement par jour, Pierre-Hugues Herbert et les autres joueurs engagés sur l'Open d'Australie ont pu quitter leurs chambres d'hôtel. L'objectif est maintenant de renouer avec la compétition, de retrouver les sensations sur le court, même si le Français reconnaît que cette période l'a laissé un peu "émoussé".

franceinfo : Pierre-Hugues, c'est fait, vous êtes sorti de confinement, c'est terminé. Vous êtes dehors. C'est comme une sorte de libération pour vous ? 

Pierre-Hugues Herbert : Complètement. Je suis dehors, la quarantaine est derrière moi ! J'ai j'ai pu sortir de ma chambre librement, seul, et ça fait beaucoup, beaucoup de bien au moral. La première chose que l'on a faite avec Benjamin, mon entraîneur, a été de transférer nos valises dans notre nouveau "chez nous", ici en Australie, dans un appartement, et on est allés directement prendre un petit déjeuner dans Melbourne. On a profité de notre liberté, on s'est baladé un peu dans la ville. Ça fait beaucoup de bien au moral, de pouvoir se promener dans Melbourne à l'air frais, sans horaire prédéfini et de pouvoir profiter de ça.

Comment avez-vous passé ces quinze jours de confinement, finalement ?

Si on doit tirer un bilan, ça s'est bien passé. On a eu la chance de pouvoir sortir cinq heures par jour pendant une dizaine de jours. Ça a fait beaucoup de bien. Après, c'est vrai qu'il y a eu un peu des hauts et des bas au niveau de l'état mental. Mais dans l'ensemble, on peut dire que ça s'est très bien passé pour nous. Et je pense que ce qui a défini un petit peu le fait que ça se passe bien, c'est l'avion dans lequel je suis arrivé : la chance de ne pas avoir été cas-contact dans l'avion en arrivant. 

Comment organisiez-vous vos journées ? Certes, il y avait les cinq heures d'entraînement, mais il y avait aussi les 19 heures passées dans la chambre. Qu'est-ce que vous faisiez pendant ces 19 heures ? 

C'est vrai qu'il fallait gérer ces 19 heures dans la chambre, un peu seul. Bon, il y a eu une partie où on essayait de dormir un maximum la nuit. Sinon, j'ai essayé d'être un maximum actif dans la chambre, tant que je pouvais. Il y a eu des jours où j'ai réussi à faire pas mal de choses et à être fier de moi le soir, il y en a eu d'autres où ça a été plus dur, où j'étais plus inactif sur mon téléphone à regarder des séries. Ça dépendait un peu de comment je me levais le matin. Mais dans l'ensemble, je suis assez fier de moi parce qu'il y a plus de jours positifs que négatifs. Et la guitare !

"À partir du moment où j'ai reçu ma guitare au jour 5, j'ai fait énormément de guitare. Ça m'a énormément aidé à passer le temps dans la chambre et à prendre du plaisir aussi. J'espère que mes voisins ont pris du plaisir aussi pendant ce confinement !" 

Pierre-Hugues Herbert

à franceinfo

Qu'est-ce qui vous a manqué le plus ?

C'est le contact avec les gens ou le tennis, ou tout simplement la liberté de pouvoir décider de son programme, de pouvoir décider de quand on va s'entraîner quand on décide d'aller un peu en ville, se changer les idées... Et je pense que ce qui a été le plus dur, c'est cette solitude. 19 heures par jour dans sa chambre, tout seul dans un endroit qui est restreint, puisque c'est qu'une chambre d'hôtel, de ne pas avoir cette liberté. 

Dîner d'après-quarantaine à Melbourne pour Gilles Simon, Benjamin Balleret, Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert (de gauche à droite et de haut en bas) (PIERRE-HUGUES HERBERT)

Est-ce que vous en voulez aux organisateurs de vous avoir imposé ce confinement de 15 jours ?

Non. On savait que c'était l'obligation qu'ils avaient en organisant le tournoi ici, en Australie. Ils ont fait leur maximum pour qu'on passe cette quarantaine dans les meilleures conditions. Je pense qu'ils se sont beaucoup battus pour arriver à négocier ces cinq heures par jour. Malheureusement, il y a eu des cas dans les avions et il y a eu 72 joueurs qui ont dû rester dans leur chambre.

Mais moi, je n'en veux pas à Tennis Australia de s'être battu pour organiser le premier Grand Chelem de l'année, dans ces conditions avec le Covid, et de permettre à beaucoup de joueurs de pouvoir jouer, de pouvoir faire des matchs, de pouvoir être en compétition. Tout simplement de pouvoir vivre de leur métier et de leur passion. 

Qu'avez-vous appris sur vous même pendant ces quinze jours de confinement, seul dans votre chambre ? 

On ressort de cette quarantaine, je pense, différent. J'ai appris que je pouvais m'en sortir et que même dans des conditions qui ne sont pas faciles, pendant 15 jours, on peut trouver du plaisir et même dans une chambre d'hôtel tout seul, on peut arriver à vivre d'une certaine manière et on peut arriver à faire des choses qui peuvent être intéressantes pour nous. Et je pense que c'est peut être ça la plus grande leçon que j'ai reçue : qu'en arrivant à organiser une journée, même tout seul dans sa chambre, on peut sortir de cette journée avec le sentiment d'avoir accompli des choses. 

On peut ressortir plus fort psychologiquement d'une épreuve pareille ? 

C'est le temps qui dira si on sort plus fort. Moi, j'ai le sentiment de sortir de cette quarantaine assez fatigué. Je n'ai pas le sentiment de ressortir plus fort que dans des conditions où j'aurais été proche de ma famille ou dans des conditions où j'aurais pu m'entraîner un peu comme je voulais, gérer mes journées comme je voulais, être libre. 

"J'ai le sentiment de ressortir un peu plus émoussé qu'une semaine où j'aurais pu être beaucoup plus libre."

Pierre-Hugues Herbert

à franceinfo

 Vous allez participer à un tournoi la semaine prochaine à Melbourne, sur le site même de l'Open d'Australie. Vous êtes impatient de retrouver la compétition ? Vous avez des craintes malgré tout ? 

Non. Aujourd'hui c'est l'impatience qui prend le dessus. Il y a toujours des craintes en abordant une compétition, mais aujourd'hui, non. Ça fait deux semaines qu'on n'attend que ça ! Donc on est extrêmement impatients et on a très envie de pouvoir commencer le tournoi, commencer les matchs. On espère que les sacrifices faits pendant cette quarantaine et que toute la préparation de la fin de l'année dernière vont payer sur cette tournée australienne. 

C'est quoi le danger en reprenant la compétition, c'est quoi les craintes ? Se blesser tout de suite ? 

Je pense que c'est la première crainte. Effectivement, c'est arriver à gérer la compétition, le stress de la compétition qu'on n'a pas eu pendant deux semaines et surtout la sortie de quarantaine. Ceux qui ont pu sortir et qui n'ont pas été cas-contact auront peut être plus de facilité. J'ai plus de soucis pour ceux qui n'auront pas pu sortir de leur chambre pendant 15 jours. 

Le premier objectif va être d'essayer de passer le plus de temps sur le terrain et retrouver un peu le rythme de la compétition. Gérer la sortie de quarantaine, ça va être un des premiers objectifs, et ensuite être compétitif. C'est vrai que moi, personnellement, dans ma situation, j'ai le sentiment de me sentir bien sur le terrain depuis un moment. Donc, j'ai hâte d'être en compétition et j'espère que les bonnes sensations se transformeront en bons résultats. 

J'imagine qu'il va y avoir des mesures sanitaires que vous devrez respecter. Si oui, quelles seront ces mesures ? Est-ce que ce sera très strict ? 

Ce sera moins strict que la quarantaine. Après, il faudra continuer de faire attention. Ça fait maintenant un an qu'on vit avec, de toute façon. Mais il va falloir continuer à porter le masque, se laver les mains régulièrement. Pas tout le temps, mais par exemple dans les transports, dans les centres commerciaux et au stade, il va falloir continuer à porter le masque. Il y aura forcément un suivi. Ils feront toujours attention à ce qu'on n'ait pas le Covid, et qu'on ne se le transmette pas. On continuera à être testés quotidiennement. 

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