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Un tennisman dans sa bulle : "On est en détention, ici, ça ne rigole pas !", raconte Pierre-Hugues Herbert, confiné en Australie

Pendant toute la durée de l'Open d'Australie, Pierre-Hugues Herbert tient son journal de bord pour franceinfo. Dans ce deuxième volet, il raconte son arrivée à Melbourne, et décrit une quarantaine extrêmement stricte contre le Covid-19.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Pierre-Hugues Herbert à Melbourne, samedi 15 janvier 2021. (PIERRE-HUGUES HERBERT / FRANCEINFO)

Les joueurs arrivent progressivement à Melbourne, où ils participeront à l’Open d’Australie de tennis du 8 au 21 février prochain. Ils doivent tous arriver avant le dimanche 17 janvier, pour un confinement strict de 15 jours, dans un hôtel de Melbourne qui leur est entièrement réservé. Les joueurs ne pourront sortir de leur chambre que cinq heures par jour pour aller s’entraîner, sur le site du tournoi.

Pierre-Hugues Herbert est lui aussi arrivé à Melbourne, dans la nuit de samedi. Avant de se rendre en Australie, le joueur alsacien racontait qu'il ne savait pas trop à quoi s’attendre. Dès son arrivée à l’aéroport, il a compris que les Australiens redoutaient la venue d’étranger sur leur sol. Il raconte dans ce deuxième volet de ce journal de bord qu'il a accepté de tenir pour franceinfo.

franceinfo : Vous disiez avant de prendre l'avion pour l'Australie que c'était "un saut dans l'inconnu". Comment s'est passé le voyage ?

Pierre-Hugues Herbert : Le vol était rempli à 20%, on avait quasiment tous une rangée pour nous, la distanciation était respectée. Tout le monde portait le masque. Le voyage s'est très bien passé. En revanche, c'est vrai que en arrivant en Australie, l'ambiance a été posée tout de suite, en atterrissant. C'est là la première fois que j'ai entendu le mot qui résonne encore dans ma tête, le mot "détention". On est en détention ! On a signé un "contrat de détention" dans le pays... La détention, c'est plutôt un prisonnier ou quelque chose comme ça, alors qu'aujourd'hui, on arrive pour jouer un tournoi de tennis ! Ils ont posé le décor... On est sortis dix par dix de l'avion. Ils étaient tous en blouse blanche, masque... la totale. On nous a posé des questions, est-ce que vous avez de la fièvre, est-ce que vous toussez, est-ce que vous avez, le rhume... Il fallait pouvoir passer tous ces tests-là. Ensuite, ils ont checké tous nos bagages. On a donc signé ce "contrat de détention". On a tous été transportés dans des bus. On a atterri vers 2 heures du matin et vers 3h30-4h00, j'étais dans ma chambre. Tout était extrêmement bien organisé parce que c'est le genre de choses qui aurait pu prendre énormément de temps. Et finalement, en une heure et demie, on était dans la chambre. Mais c'était assez intense.

Vous n'aviez pas le droit de prendre de photos de votre arrivée à l'aéroport, ni de filmer.

Ça ne m'est même pas venu à l'idée. J'avais même le sentiment qu'on n'avait limite pas le droit de respirer, par le droit de tousser ! Même si les gens étaient accueillants, cela a vraiment posé les bases. La quarantaine, c'est pas de la rigolade. Ils ne sont pas dans la même logique qu'en Europe ou autre où ils sont dans la gestion. Eux, ils veulent vraiment zéro cas.

Et à l'hôtel, comment ça se passe?

Je suis assez content de ma chambre. Ça pourrait être pire, tout se passe bien. La seule petite anecdote, c'est qu'il y a un garde qui est constamment dans les couloirs pour ne pas qu'on sorte de la chambre. pour ne pas qu'on se mélange et pour qu'on respecte vraiment la quarantaine. Je ne pense pas que ce soit un policier. Je pense qu'ils ont mis en place une équipe Covid pour que l'organisation du tournoi puisse assurer que la quarantaine est respectée. Ils ne rigolent pas du tout. Là, par exemple, on vient de toquer à ma chambre. On dépose à manger devant la chambre. J'ai mangé mon petit déjeuner en étant servi comme ça. C'est pas la très grande cuisine mais ça reste correct.

Quand est-ce que vous allez partir au stade pour vous entraîner ?

Pour le coup, je ne sais pas. Je me suis fait tester ce matin. Déjà, il va falloir que je sois négatif et il va falloir que tout l'avion soit négatif aussi si je veux avoir une chance de pouvoir m'entraîner. D'après ce que j'ai entendu, je crois qu'un des premiers vols qui est arrivé en Australie, ça ne s'est pas extrêmement bien passé. Il y a deu des cas positifs en arrivant et je crois que l'État australien a pris la décision de mettre en quarantaine tout l'avion. [L'Australian Open a confirmé que des cas positifs de passagers de deux vols en provenance d'Abu Dhabi et de Los Angeles ont été décelés. Considérés comme cas contacts, 47 joueuses et joueurs ont donc été placés en quarantaine complète. Ils ne pourront pas s'entraîner pendant 14 jours et devront rester à l'isolement. L'Australian Open précise que les cas positifs ne sont pas des joueurs.]

Si dans un avion, il y a un cas positif, tous les joueurs présents dans cet avion seront donc mis en quarantaine stricte et n'auront pas le droit de s'entraîner pendant 14 jours ?

C'est ça. Si dans l'avion il y a un cas positif, on reste tous isolés en chambre, pendant 14 jours.

Vous êtes dans quel état d'esprit ?

On ne contrôle plus rien... Moi, c'est vraiment ce mot "détenu", ce mot "détention" qui me reste en travers de la gorge. Après, quand je suis monté dans cette avion, je savais que ça pouvait être comme ça. Je connais le pays, je suis déjà venu en Australie. Je sais comment ça se passe à la douane, au niveau des règles. Je respecte. C'est comme ça.

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