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Impayés des logements en raison de la crise sanitaire : "C'est un torrent jamais vu dans ces proportions", alerte le Secours populaire

Le gouvernement vient de prolonger la trêve hivernale pour les expulsions locatives. Mais "quand on dit : 'Vous avez une trêve supplémentaire de deux mois', tout le monde entend : 'Dans deux mois, je suis dehors'", pointe la secrétaire générale de l'association.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire, le 21 août 2019. (LOU BENOIST / AFP)

Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire, a alerté mardi 2 février sur franceinfo sur les conséquences sociales de la crise sanitaire, jamais vues "dans ces proportions", alors que la Fondation Abbé Pierre annonce une explosion des expulsions locatives. De nombreux Français tombent dans la pauvreté et ne peuvent plus garder leur logement : "C’est un torrent", a confirmé Henriette Steinberg. "La question n'est pas prise au niveau où elle devrait l'être par rapport à la réalité des situations des personnes", a-t-elle ajouté.

franceinfo : Beaucoup de Français sont tombés dans la précarité depuis le début de la crise sanitaire ?

Henriette Steinberg : Beaucoup, beaucoup. C'est en dessous de la réalité. Le Secours populaire est sur 1 300 lieux sur le territoire. Et s'y ajoutent les petits commerçants parce qu'un petit commerçant qui ne peut pas renouveler son bail perd en même temps son logement et il va dans la rue. L'ensemble du tissu de la vie courante est frappé dans tous les éléments de la vie. Et le logement est évidemment une pierre angulaire.

C’est une situation que vous n’aviez jamais vue ?

Non, dans ces proportions, jamais. Au Secours populaire, on reçoit tout le monde et de façon inconditionnelle. Donc, on a vraiment la réalité de la vie sans demander aux personnes de justifier de quoi que ce soit. Donc on les écoute et de ce fait, on sait quelle est la situation de ces personnes. Il y a toute une cohorte de personnes qui sont en difficulté, mais qui, aidées par le Secours populaire ou par d'autres collègues dans d'autres associations, arrivent au moins à relever un peu la tête. Mais là, c'est un torrent et il nous semble que la question n'est pas prise au niveau où elle devrait l'être par rapport à la réalité des situations des personnes.

Que faut-il faire ?

Ce n'est pas pour autant que je peux donner un mode d'emploi. Il faut en tout cas en prendre la mesure et voir lieu par lieu quelles sont les situations rencontrées. J'ai entendu ce matin que la trêve hivernale allait être repoussée de deux mois. C'est une bonne chose.

"Je voudrais juste souligner que la loi qui a déjà plusieurs années précise qu'il ne peut pas y avoir d'expulsion sans relogement préalable. Si nous commencions par appliquer nos propres lois, il y a une partie des questions qui seraient résolues."

Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire

à franceinfo

La deuxième chose, c’est que les dispositifs tels qu'ils existent fractionnent les populations. On va aider celui-ci ou celui-là, mais on ne part pas du sujet lui-même. Et le sujet lui-même, c'est qu'à partir du moment où on a perdu son job, derrière on ne peut plus payer son loyer et donc on commence par se priver sur la nourriture. Et après, on est dehors. La puissance publique doit traiter ce sujet en consacrant non seulement des fonds, mais aussi des dispositifs qui permettent d'éviter que l'angoisse soit reportée de mois en mois. Quand on dit : "Vous avez une trêve supplémentaire de deux mois", tout le monde entend : "Dans deux mois, je suis dehors."

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