Covid-19 : quatre scénarios à la disposition du gouvernement pour lutter contre l'épidémie après la trêve de Noël
Des médecins et des maires plaident pour un reconfinement de quelques semaines après les fêtes. Une option parmi d'autres, sur la table du gouvernement.
Un troisième confinement se profile-t-il après les fêtes de fin d'année ? La question se pose, alors que le nombre de nouvelles contaminations au Covid-19 reste élevé en France et que la situation demeure critique dans certaines régions comme le Grand Est. Des voix s'élèvent déjà pour demander le rétablissement du confinement, une fois Noël passé.
A ce stade, le gouvernement n'a pas annoncé de nouvelles restrictions. "Toutes les solutions sont toujours dans les tuyaux", a répondu le ministre de la Santé, Olivier Véran, interrogé sur un possible reconfinement, sur le plateau de TF1 mardi 22 décembre. Quelles sont les options de l'exécutif pour éviter une nouvelle flambée de l'épidémie ?
1Confiner à nouveau tout le territoire
C'est ce que souhaitent ouvertement certains médecins et des élus. Le professeur Djillali Annane, chef du service de réanimation de l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches, est catégorique. "Il faut quelque chose de drastique, court, qui se terminerait autour du 20 janvier et qui permettrait de ramener le nombre de contaminations quotidiennes proche de 1 000 par jour", déclarait-il à franceinfo mardi.
Christian Rabaud, professeur au CHRU de Nancy, acquiesce. Interrogé par Le Monde, il estime que plus tôt un confinement sera mis en place, moins il durera, avant de rappeler qu'il "faut peser le pour et le contre, l'impact psychologique sur la population, la faisabilité et l'acceptabilité sont cruciales pour l'efficacité d'une mesure".
2Reconfiner localement
L'épidémiologiste Mircea Sofonea, maître de conférences en épidémiologie et évolution des maladies infectieuses à l'université de Montpellier (Hérault), prévient dans Le Monde qu'un reconfinement national "risquerait d'être mal accepté et donc mal respecté". Il plaide pour un confinement "limité aux zones les plus touchées".
C'est également ce qu'espère Arnaud Robinet, maire LR de Reims. Il réclame des mesures décidées "de façon territoriale", "à partir du 25 ou du 26 décembre jusqu'au 3 ou 4 janvier" afin "de permettre un retour à la vie presque normale à la rentrée", comme il l'expliquait au micro de franceinfo, mardi.
Le maire de Nancy, Mathieu Klein, interrogé par France 3 Lorraine, propose "de reconfiner dès le 28 décembre". Selon l'édile, on ne peut "pas attendre des journées entières et des malades supplémentaires". "Je demande au gouvernement de regarder la circulation du virus, elle est très forte ici, il faut agir ici, en premier lieu", a-t-il poursuivi.
Cette demande intervient alors que la situation s'est fortement dégradée dans le Grand Est, où l'épidémie a retrouvé le "même niveau qu'à la mi-octobre", et dans la métropole nancéienne, où le taux d'incidence du Covid-19 inquiète le maire. En Meurthe-et-Moselle, le taux de positivité est de 7 pour 100 tests, bien supérieur au taux pour la France entière, qui est de 4,7, selon les données de Santé publique France du 21 décembre.
Interrogé à ce sujet mardi soir sur le plateau de TF1, le ministre de la Santé a rappelé que ce choix ne se ferait pas "en fonction de l'appel d'un maire ou d'un autre même s'ils ont raison de s'en inquiéter. Ces décisions se font en fonction de la situation sanitaire".
3Prolonger couvre-feu et télétravail
Agnès Ricard-Hibon, la cheffe du Samu du Val-d'Oise, ne croit pas que le reconfinement, local ou national, après Noël soit nécessaire. "On n'est pas dans une cinétique de l'épidémie équivalente à d'autres pays. On est plutôt dans la décroissance et la stabilisation. Les pays qui reconfinent sont dans une phase de croissance", a-t-elle expliqué sur France Inter mercredi. Elle en appelle à la population pour éviter que l'épidémie ne reparte et pointe une forme de relâchement des Français.
"Je pense que la bonne stratégie, c'est celle que le gouvernement avait énoncée au début de l'épidémie, qui consiste à tester, tracer et isoler", a estimé de son côté Annie Genevard, députée LR du Doubs, vice-présidente de l'Assemblée nationale et présidente du Conseil national des Républicains, interrogée lundi sur franceinfo.
Le couvre-feu de 20 heures à 6 heures, en vigueur jusqu'au 20 janvier, pourrait aussi être prolongé au-delà de cette date, comme l'a déjà évoqué l'exécutif. "Le 20 janvier, si la période des fêtes ne s'est pas traduite par un rebond de l'épidémie, alors nous pourrons envisager de lever le couvre-feu et d'autoriser la reprise des restaurants", avait prévenu le Premier ministre, le 26 novembre.
Enfin, reste la question du recours au télétravail, généralisé depuis le 2 novembre. La ministre du Travail, Elisabeth Borne, a déjà évoqué un possible relâchement du travail à distance dès la première semaine de janvier, "sous réserve qu'il n'y ait pas une dégradation de la situation sanitaire". Cet assouplissement ne fait pas l'unanimité chez les professionnels de santé. Dans Le Monde, Hélène Rossinot, médecin de santé publique, demande de "la cohérence" et regrette les "messages contradictoires" du gouvernement. "La ministre du Travail évoque un relâchement sur le télétravail en entreprise envisagé au 7 janvier… Ça n'a pas de sens", commente-t-elle.
4Retarder la réouverture des restaurants et des lieux culturels
Jean Castex avait souligné mi-décembre au micro d'Europe 1 qu'il ne pouvait pas "garantir" que les cafés, bars et restaurants rouvriraient le 20 janvier. "Cela va dépendre de la façon dont nous aurons passé la période des fêtes", avait-il avancé. Si les indicateurs sont alarmants, les rideaux resteront fermés. Un scénario déjà anticipé par le chef étoilé Philippe Etchebest, porte-voix des restaurateurs depuis le début de la crise, qui a du mal à imaginer une réouverture le 20 janvier.
Par ailleurs, le Conseil d'Etat a validé, dans un avis rendu mercredi, la fermeture des lieux culturels prônée par le gouvernement jusqu'au 7 janvier, considérant le "contexte sanitaire" et le "risque d'augmentation de l'épidémie à court terme". Cependant, la plus haute juridiction administrative a redonné espoir au secteur culturel en affirmant que si la situation sanitaire s'améliore, le maintien de la fermeture générale des cinémas et autres lieux de spectacles deviendra attentatoire aux libertés. Elle ne pourra alors être "justifiée par la seule persistance d'un risque de contamination de spectateurs par le virus Sars-CoV-2", juge-t-il.
D'autres lieux, comme les salles de sport, pourraient voir leur réouverture retardée, si les chiffres ne présentent aucun signe d'amélioration. Dans les lycées, le retour en cours avec la totalité des élèves en présentiel, également prévu le 20 janvier, est aussi susceptible d'être repoussé. De même pour les universités, où la reprise des cours avec une présence physique de tous les élèves est envisagée quinze jours plus tard, soit le 3 février.
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