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Covid-19 : pourquoi le déconfinement à venir ne ressemblera pas à celui du mois de mai

Interrogé mardi 17 novembre par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, Jean Castex a évoqué le prochain déconfinement. L'exécutif a d'ores et déjà admis qu'il serait "progressif".

Article rédigé par franceinfo
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Le Premier ministre Jean Castex (au premier plan) et le ministre de la Santé, Olivier Véran, à Marseille, le 24 octobre 2020. (NICOLAS TUCAT / AFP)

Pendant près de trois heures mardi 17 novembre, Jean Castex s'est expliqué sur la gestion de la crise sanitaire du Covid-19 devant la commission d'enquête de l'Assemblée nationale. Le Premier ministre a notamment évoqué plusieurs points concernant la sortie "progressive" de l'actuel confinement, selon le locataire de Matignon. Emmanuel Macron va quant à lui prendre la parole au milieu de la semaine prochaine pour s'adresser aux Français. Il devrait être question des stratégies de déconfinement. On vous explique pourquoi il ne ressemblera pas à celui que nous avons connu le 11 mai.

Parce que le déconfinement du printemps a été trop rapide 

Souvent attaqué à ce sujet par l'opposition, Jean Castex s'était défendu avec virulence le 30 octobre dernier devant les députés, lors de sa présentation des modalités de l'actuel confinement à l'Assemblée nationale. "Si nous avons soi-disant raté le déconfinement en France, alors il a été raté partout car partout la réalité est la même, car partout la flambée épidémique de la deuxième vague est là, hélas, et produit les mêmes effets." 

Mais interrogé par la commission d'enquête sur les raisons de ce nouveau confinement, le responsable du déconfinement au printemps a reconnu à demi-mot ses erreurs. "Peut-être nous avons déconfiné un peu trop vite. Peut-être aussi que le peuple français avait cru que l'épidémie était derrière nous", a-t-il glissé.

Parce que des mesures de restrictions vont perdurer après le déconfinement

Une fois que la sortie du confinement sera actée, des mesures de restrictions vont rester en vigueur. "Une attestation pour se déplacer sera nécessaire au-delà du 1er décembre", avait déjà prévenu Jean Castex le 12 novembre dernier lors de son point presse sur l'épidémie"Des dispositions de freinage" "perdureront" après le confinement, a confirmé, mardi, le Premier ministre devant la commission d'enquête, en précisant que l'épidémie de Covid-19 devrait être "gérée plus dans la durée". Ce sera notamment le cas dans les établissements recevant du public, a-t-il prévenu "parce que la situation se sera améliorée mais pas suffisamment" pour reprendre la vie d'avant l'épidémie. Ainsi, les salles de sport devraient pouvoir accueillir les mineurs dès le 1er décembre et les cultes pourraient reprendre aussi à cette date, mais avec des restrictions sanitaires.

Par ailleurs, le 29 octobre, juste après l'annonce du second confinement, Jean-François Delfraissy avait prédit qu'un couvre-feu pourrait devenir une habitude au-delà du 1er décembre, la date annoncée pour une éventuelle sortie du confinement. "Le scénario est plutôt d'avoir un confinement de ce type pendant un mois (le mois de novembre), de regarder les indicateurs […] et de sortir du confinement avec un couvre-feu", avait-il indiqué sur la matinale de France Inter. "La stratégie de déconfinement sera nécessairement progressive et tiendra compte de l’imprévisibilité de l’épidémie", souligne-t-on au plus haut niveau de l’exécutif auprès de franceinfo, avec une préoccupation : mieux isoler les personnes testées positives. 

Parce que les fêtes de fin d'année sont des facteurs de risque

A l’Elysée, on remarque que l’épidémie semble avoir atteint "un plafond", que "les services de réanimation s’allègent doucement", tout en mettant en garde face à "une baisse puis une hausse soudaine du nombre de personnes contaminées", alerte auprès de franceinfo un collaborateur d’Emmanuel Macron. Alors, si le chef de l'Etat tient à ce que chacun puisse fêter Noël en famille, rapporte l'entourage du président, il s'agit de rester très prudent pour éviter une reprise incontrôlée de l'épidémie.

Ainsi, anticipant la stratégie du gouvernement sur le prochain déconfinement, Jean Castex avait averti les Français dès le 12 novembre quant à ses conditions. "On pourra bien sûr retrouver les siens, mais il ne serait pas raisonnable d'espérer pouvoir organiser cette fête à plusieurs dizaines de personnes, notamment pour le réveillon du 31 décembre." 

Parce qu'un autre confinement n'est pas à exclure

Le déconfinement à venir pourrait être suivi d'une nouvelle période de confinement. En effet, l'hypothèse d'une troisième vague a déjà été évoquée par le conseil scientifique dans son dernier avis du 26 octobre. "On peut ainsi avoir plusieurs vagues successives durant la fin de l’hiver/printemps 2021, en fonction de différents éléments : état climatique, niveau et efficacité opérationnelle de la stratégie 'Tester, Tracer, Isoler'", écrivait-il. Les Etats-Unis par exemple, connaissent selon plusieurs scientifiques une troisième vague après la première du mois d'avril et la deuxième de juillet. En France, le conseil scientifique propose la stratégie du "on/off". Cela signifierait alterner les périodes de restrictions (couvre-feu, confinement, etc.) et les périodes de levée des restrictions. Le déconfinement pourrait ainsi correspondre à une période de levée de restrictions avant de nouvelles mesures contraignantes à venir.

"On fera les annonces dès que nous aurons calé les décisions" a prévenu le chef du gouvernement mais "il faut que les taux d'incidence continuent d'être orientés à la baisse, que les services de réanimation soient moins saturés", a-t-il souligné. "J'ai espoir", a-t-il encore dit, en promettant d'"essayer de donner le maximum de visibilité" aux Français.

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