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Covid-19 : "On a l'impression de rater notre jeunesse", racontent ces jeunes confinés à la campagne

"C'est dur d'avoir 20 ans en 2020", disait Emmanuel Macron il y a un mois. Ce confinement se vit-il de la même façon selon que l'on habite en ville ou à la campagne ? Dans l'Allier, franceinfo est allé à la rencontre de jeunes qui vivent parfois loin de leurs amis ou de leur établissement scolaire.

Article rédigé par Sébastien Baer - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Le village de Lurcy-Lévis (Allier) durant le confinement, en novembre 2020. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

Dans le centre de Lurcy-Lévis (Allier), commune d'un peu moins de 2 000 habitants, le café de la poste et la pizzeria, lieux de ralliement des jeunes, sont fermés à cause du confinement imposé pour lutter contre le coronavirus Covid-19. L'ancienne gare et les étangs sont également déserts... Et dans ce village aux rues vides, Justine, 19 ans, commence à trouver le temps bien long. "Mentalement, c'est compliqué. Voir personne, ni les cours, ni rien...", soupire-t-elle. Cela fait un mois que cette étudiante en deuxième année de médecine à Clermont-Ferrand suit ses cours à distance, confinée dans la maison de ses parents. "J'avoue que je ne sors pas énormément, explique-t-elle. On s'est habitué à rester enfermés. Pour les cours surtout, on se dit qu'on ne va pas y arriver vu que c'est assez compliqué de suivre à distance."

Je suis un peu enfermée dans la maison et ça joue sur le mental. Donc forcément, on n'a plus envie de ne rien faire.

Justine, 19 ans

à franceinfo

Pour maintenir le lien avec leurs amis, Cassandra et Romain, deux jeunes du village, chacun 23 ans, ont choisi, eux, de se tourner vers les réseaux sociaux. "Les soirées, ce n'est plus pareil, concède Cassandra. En visio, ça n'a rien à voir ! On ne peut pas danser en visio, ce n'est pas convivial ! Et puis, on est un peu désespérés : on se regarde, on se dit qu'on serait bien, tous ensemble, réunis, aller en boîte... et finalement, on se retrouve tous seuls derrière notre écran, un peu isolés." Romain ajoute : "On évite de ne parler que du Covid-19 parce que déjà tous les jours on y pense, on a le masque..."

C'est vrai qu'avoir 20 ans à cette époque, ce n'est pas facile.

Romain, 23 ans

à franceinfo

Rachel a testé ces soirées virtuelles et confinées, mais elles ne suffisent pas à la jeune femme qui s'autorise quelques libertés. "Des fois je sors, je peux faire une attestation en disant que je vais sortir mon chien, mais ensuite je vais voir mes potes, reconnaît-elle. Le premier confinement, je l'ai mal vécu. Je ne peux pas rester tout le temps avec ma famille. Parce qu'après, il y a des tensions."

Le Centre de Formation des Apprentis de Moulins, dans l'Allier, en novembre 2020. (SEBASTIEN BAER / RADIO FRANCE)

À 40 km de là, à Moulins, la préfecture, le centre d'apprentissage forme les jeunes aux métiers de la mécanique, de la vente, de la charcuterie et de la coiffure. Devant l'établissement, Eva et Tiffany, âgées de 16 ans, profitent d'être ensemble.

"Cela nous renferme un peu plus sur nous"

"Se retrouver tous ensemble et rire, on ne peut pas, déplore-t-elle. Et c'est vrai que, pour des ados, c'est un peu chiant, on va dire. Cela nous renferme un peu plus sur nous." Elles le disent : "On a l'impression de rater notre jeunesse parce qu'après, on rentre dans la vie active, donc on se dit qu'on rate quelque chose !"

Dans le petit groupe, certains s'autorisent des escapades au guidon de leur deux-roues ou se donnent rendez-vous dans des lieux isolés. Mais la semaine dernière, l'un d'eux a écopé d'une amende de 135 euros pour non-respect du confinement.

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