"Ce qui nous manque, c'est des clients" : les annulations massives de feux d’artifice fragilisent les sociétés pyrotechniques
Seulement 5% des 7 800 feux d’artifice tirés pour la fête nationale illumineront le ciel cette année, d’après le SFEPA, le Syndicat des Fabricants d’Explosifs et de Produits Accessoires en France.
En raison de la crise sanitaire, la plupart des communes ont annulé les festivités du 14-Juillet. C'est une catastrophe pour les artificiers, dont l’activité se concentre sur l’été.
Dans le petit village de Sarrey (Haute-Marne) la société Prevot abrite en ce moment dix tonnes d’explosifs sur sont site classé Seveso. Soit "dix tonnes de matière active de poudre noire" explique Thibaut Prevot, le directeur commercial de l'entreprise, l'une des plus importantes du secteur en France. Et à quelques heures des festivités du 14-Juillet, les grandes étagères sont encore pleines de cartons. "À cette époque-ci, ce n’est pas normal du tout", admet Thibaut Prevot. "L’artifice, ça vient de Chine et c’est commandé un an en avance pour pouvoir être livré nos clients. Et des clients, c’est ce qui nous manque."
Des salariés au chômage partiel
En effet, les maires sont très nombreux à avoir annulé les festivités par peur de provoquer de grands rassemblements. Mais aussi par manque de moyens dû à la crise sanitaire, ou encore à cause du dispositif sanitaire, trop compliqué à mettre en place. Résultat : les artificiers de France sont dans une véritable détresse économique. Et pour preuve, dans l’atelier de la société Prevot où sont normalement assemblés les artifices, c’est très calme. "En temps normal il y a des camions, des livraisons, il y a des travailleurs" indique Justin Prevot, le directeur de production. "Je suis en train de faire les quelques montages que l’on a pour les 13 et 14 juillet dans la région. Cela fait quelques années que je n’en avais plus fait mais vu que nos gars sont en chômage partiel c’est moi qui m’en occupe."
D’habitude on est entre 20 et 25 sur le site mais à cette heure-ci, je suis tout seul.
Justin Prevot, directeur de productionà franceinfo
L'activité est quasi à l’arrêt concède Thibaut Prevot : "Sur la saison d’été d’ordinaire on tire 125 spectacles. Mais cette année au planning on va, peut-être, en faire cinq ou six". Au total, 120 maires ont annulé leurs feux d’artifice commandés ici. Si certains invoquent le manque de finances dû à la crise, la plupart ont été découragés voire empêchés par la complexité du dispositif sanitaire. "Ceux qui ont validé un devis, ils ont fait les démarches, ils ont rédigé un protocole sanitaire. Et ils ont soit reçu une fin de non-recevoir, soit ils ont reçu des mails décourageants de la part des services de l’Etat", indique le directeur commercial du site.
A trente kilomètres de là, dans la ville de Chaumont (Haute-Marne), Véronique Nickels, l’adjointe chargée de l’événementiel, confirme : "Trouver un endroit qui convient à tout le monde et imposer des gestes barrières, c’est compliqué car on ne peut pas être derrière chaque citoyen." Pour autant, pas question pour Véronique Nickels de renoncer au feu d’artifice."Il sera tiré sur cinq points différents, c’est quelque chose qui ne s’est jamais fait, afin de permettre à chacun de rester chez soi en famille ou avec des amis pour voir le ciel s’illuminer." Ce dispositif innovant en ville c’est aussi pour les frère Prevot l'espoir de voir d’autres maires revenir sur leur décision, d’ici la fin de l’été.
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