Annonces de Jean Castex : "Il y a beaucoup d'incohérences et de difficultés d'explications pour les Français", analyse le politologue Bruno Cautrès
Le politologue Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, estime samedi que l'intervention la veille du Premier ministre donnait une impression de "précipitation".
"Il y a beaucoup d'incohérences et de difficultés d'explications pour les Français", au lendemain des annonces de nouvelles restrictions liées au Covid-19 par le Premier ministre Jean Castex vendredi soir, analyse sur franceinfo samedi 30 janvier Bruno Cautrès, chercheur au Cevipof, le Centre de recherches politiques de Sciences Po et au CNRS. "Nous pouvons encore nous donner une chance d'éviter le confinement", a expliqué le chef du gouvernement hier après le Conseil de défense sanitaire.
franceinfo : Qu'avez-vous pensé de l'intervention de Jean Castex ?
Bruno Cautrès : Cela donnait une impression de précipitation. Même dans la communication du Premier ministre, les premières secondes, on avait l'impression qu'il était presque à court de souffle. Il faut quand même d'abord voir que la situation est extrêmement compliquée. Il y a un dilemme presque tragique qui se pose à tout le monde et pas seulement au chef de l'État. Un dilemme depuis le premier confinement entre le sanitaire et l'économique. Il s'est complexifié. Il repose maintenant sur le triptyque, le sanitaire, l'économique, le psychologique. C'est devenu extrêmement compliqué de faire tenir tout ceci ensemble. Mais il y a aussi beaucoup d'incohérences et de difficultés d'explications pour les Français dans ce qui a été annoncé hier.
Quels sont les changements qui sont apparus dans la communication de crise du gouvernement ?
Oui, elle a changé, incontestablement. Donc, elle s'est complexifiée de ce fait là. Mais alors, ce qui est difficile, c'est que cela n'est pas totalement explicité aux yeux des Français. Ce qui manque dans la communication de l'exécutif, c'est une narration cohérente qui explique aux Français le poids de chacun de ces trois éléments : le sanitaire, l'économique, le psychologique, dans la réalité et dans la prise de décision. Est ce qu'il y a l'un de ces trois éléments qui est, quoi qu'il en coûte, plus important que les autres ? Et donc, on voit qu'il y a, de ce point de vue-là, une communication qui cherche toujours son modèle au niveau de l'exécutif.
Quelles sont les incohérences ?
On a eu dans un premier temps le premier ministre, accompagné de son ministre, qui dit quelque chose. Deux jours après, on a le président de la République qui dit quelque chose d'un peu différent. Et puis, nous avons le ministre de la Santé Olivier Véran, qui disait que le virus se propage plus vite chaque semaine. Et puis, hier, le premier ministre n'annonce pas de reconfinement. Qu'est-ce que ça veut dire ? Que les chiffres des derniers jours sont moins catastrophiques que ce que le ministre de la Santé disait quelques heures avant ? Il y a un sentiment qui s'est installé dans l'opinion d'un pilotage un peu dans le brouillard. Même si tout le monde a bien compris que c'est une équation presque impossible à régler.
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