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Confinement, mode d'emploi 4 : l'école à la maison

Les difficultés des parents confrontés à la nécessité d’assurer le travail scolaire de leurs enfants. La psychanalyste Claude Halmos répond à la question de Serge et Nancy. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Une mère de famille encadre le travail scolaire de ses enfants, le 27 mars 2020. (MAXPPP)

C’est dans ma tête est devenu, durant le confinement, Confinement, mode d’emploi, pour répondre aux questions de nos auditeurs. Cette semaine des parents, Serge et Nancy, nous disent : "Le prolongement du confinement nous inquiète à cause de l’école. Notre fils est en CE1, notre fille en CM1. Nous assurons, depuis le début, leur scolarité mais c’est difficile. Nous nous sentons démunis pour le faire. Nous avons peur de les mettre en retard par rapport aux autres, et de les perturber."

franceinfo : votre réponse, Claude…      

Claude Halmos : Beaucoup de parents rencontrent aujourd’hui les mêmes difficultés que nos auditeurs, et se posent les mêmes questions. Pour la même raison : parce qu’ils croient qu’ils doivent remplacer les enseignants. Or il ne s’agit pas de cela.      

Que voulez-vous dire ?    

Ce dont les enfants ont besoin c’est que la place de l’école et le lien qu’ils ont à l’école soient maintenus. Parce que l’école est pour eux un repère essentiel. Les rythmes scolaires scandent leur vie, et l’école est le lieu où ils retrouvent chaque jour des personnes très importantes pour eux : les enseignants et surtout les "alter ego" de leur âge, leurs copains.

Et elle est essentielle aussi à leur construction, parce qu’ils y font l’apprentissage de la vie sociale. Un apprentissage nécessaire, pour qu’ils puissent vivre plus tard, le mieux possible, dans le monde du travail. Il serait donc très angoissant pour eux - surtout dans une période où tout est chamboulé et où ils sentent l’inquiétude des adultes - d’avoir l’impression qu’elle a disparu.              

Mais que se passe- t-il quand les parents n’y arrivent pas ?        

Mais les parents, contrairement à ce qu’ils croient, y arrivent, pour la plupart, très bien ! Parce que maintenir le lien à l’école ne veut pas dire remplacer les enseignants. Les parents ne sont pas des enseignants : enseigner est un métier. Et, même les parents dont c’est le métier, sont avant tout, pour leurs propres enfants, des parents. Et c’est très bien.

Parce qu’un enfant a besoin de parents, et d’enseignants. Il a besoin de parents qui l’aiment et l’aident, en l’éduquant, à se construire, et à avoir confiance en lui. Et il a besoin d’enseignants, pour acquérir des connaissances, apprendre à travailler. Mais aussi comprendre que, dans la vie sociale, les relations ne sont pas fondées, comme dans la famille, sur l’amour, mais sur le travail à faire : la maîtresse n’est pas là pour aimer, et pour qu’on l’aime. Famille et école sont deux planètes différentes.        

Donc nos auditeurs n’ont pas à s’inquiéter ?      

Ils n’ont pas à s’inquiéter. En maintenant un temps scolaire pour leurs enfants, ils maintiennent une continuité avec leur vie d’avant - c’est un rempart contre l’angoisse ; et l’importance d’apprendre. Et, s’ils ne leur font pas faire le "programme", ils leur font faire, au quotidien, d’autres acquisitions ; par les livres, les films, ou les recherches sur internet. Mais aussi bien par la cuisine.

Le gâteau au chocolat fait ensemble est un outil pédagogique exceptionnel. Il permet aux enfants de découvrir, par exemple, en lisant la recette, l’intérêt de la lecture, et en comptant les œufs, celui du calcul. Et donc de comprendre à quoi sert l’école. C’est le plus bel acquis scolaire dont on puisse rêver !                  

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