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Confinement : les sans-abri vivent dans "un sentiment d'insécurité" à cause de "la peur du gendarme", selon le Secours Populaire

Jean Stellittano, le secrétaire national de l'association, se réjouit par ailleurs d'un afflux de nouveaux bénévoles venus "aider à faire de la livraison à domicile, à faire du drive, à téléphoner." 

Article rédigé par franceinfo
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"Souvent on confond le confinement et l'isolement, pour les plus précaires l'isolement est le plus difficile à vivre.", estime Jean Stellittano, le secrétaire national du Secours Populaire français. (NATHANAEL CHARBONNIER / ESP - REDA INTERNATIONALE)

Les associations caritatives sont très sollicitées depuis le début du confinement pour accompagner les personnes les plus démunies, parmi lesquelles les sans-abri, qui vivent actuellement dans "un sentiment d'insécurité", estime Jean Stellittano, le secrétaire national du Secours Populaire français sur franceinfo.

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franceinfo : Parvenez-vous aller à la rencontre de ces personnes sans domicile fixe ?

Jean Stellittano : Ces personnes sans domicile fixe sont justement à la recherche d'aide et d'information. Au travers des maraudes, des antennes et des épiceries sociales, on arrive à maintenir ce lien avec la société. On arrive à leur apporter des informations et du réconfort aussi, au travers de l'aide alimentaire et de l'échange. Souvent on confond le confinement et l'isolement, pour les plus précaires l'isolement est le plus difficile à vivre.

Comment se traduit cet isolement pour ces personnes ?

Pour les SDF, c'est aussi le sentiment d'insécurité. Le manque d'informations fait apparaître énormément de craintes, pour ne pas dire de paranoïa et également la peur du gendarme. Les contrôles sont renforcés, ils ne savent pas comment faire avec les attestations, ils n'ont pas d'adresse. Cette peur pose un vrai problème et augmente leur stress de façon très importante.

Avez-vous encore les moyens humains, financiers, logistiques, d'aller à leur rencontre malgré le confinement ?

Plus que jamais, les maraudes sont importantes. Au Secours Populaire, on les a augmentées, densifiées, grâce à l'apport de nouveaux bénévoles qui ont rejoint l'association. Il en faut encore. On maintient encore plus le lien avec la rue. Sur le plan financier, c'est énorme. On a chiffré à plus de 10 millions d'euros, depuis les dix premiers jours du Covid-19, le coût en alimentation rien que pour le Secours Populaire, car on a plongé dans nos stocks. On essaie de récupérer des dons à droite et à gauche, car coûte que coûte nous serons au plus près des SDF.

Les bénévoles ne sont-ils pas inquiets d'aller dans la rue, dans ce contexte sanitaire ?

On leur fournit, dans la mesure du possible, des masques et des gants. On leur explique les gestes barrières. Il ne s'agit pas de les mettre en danger. Il y a un tel besoin d'une partie de la population de se rendre utile, d'être au plus près des plus fragiles, que des personnes nous rejoignent. L'inquiétude existe, certains bénévoles se mettent en retrait, on peut le comprendre, mais il y a quelque chose de magique de voir les bénévoles venir nous aider à faire de la livraison à domicile, à faire du drive, à téléphoner. C'est certainement l'un des aspects les plus positifs de ce Covid-19. Au-delà de l'alimentaire, la base, pour nous, c'est le lien social. C'est ce qui fait le ciment de notre société.

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