"On pense que les gens méritent au moins ça, de se nourrir correctement" : à Marseille, des distributions alimentaires très fréquentées
Avec le confinement, de nombreux habitants des quartiers populaires de Marseille se retrouvent sans revenus. Pour faire face à cette situation, et pallier les difficultés rencontrées par les grosses organisations de distribution alimentaire, de petites initiatives s'organisent.
Le confinement met en difficulté les plus précaires d’entre nous : chômage partiel, activité réduite, etc. De leur côté, les associations de soutien traditionnelles (Restos du cœur, Secours populaire) ont du mal à maintenir leur accompagnement habituel. Pour y remédier, des actions, parfois modestes, se mettent en place à petite échelle. C’est le cas dans la cité populaire de la Maison Blanche, dans les quartiers nord de Marseille, où des distributions de nourriture sont organisées plusieurs fois par semaine.
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Au pied de l’immeuble, la file d’attente serpente sans qu’on en voit la fin. Le mistral soulève la poussière. Nadia, fait la queue, c’est une habituée. "C'est la débrouillette comme on dit." Nadia est au chômage et ne voit pas d’assistante sociale en période de confinement. La "débrouillette" comme elle dit, c’est plus dur en ce moment : "On peut pas manger midi et soir de la viande et des légumes comme plat principal."
Comme Nadia, ils sont nombreux à patienter ici, parfois avec les enfants. La plupart portent des masques. On laisse un peu de distance entre chacun. "Il y a trop trop de monde !" Riyad découvre lui la distribution, c’est sa première. Ce jeune Tunisien vit avec sa compagne, enceinte de jumeaux : "Depuis le confinement, on est dans la merde vraiment. Hier, ma femme, qui est au 6e mois, elle n'a rien trouvé dans le frigo, elle a failli faire un malaise"
Une aide essentielle pour les plus précaires
Jusqu’à 650 colis sont distribués à chaque opération, plusieurs fois par semaine. "On pense que les gens méritent au moins ça, de se nourrir correctement." Nair Abdhallah fait partie des créateurs du collectif d’animation de quartier Maison Blanche, monté après la mort d’une enfant, tombée du 12e étage. L’aide d’urgence, ce n’est pas son domaine, mais tous les repères habituels ont disparu : "Les gens travaillent au black, il n'y a aucune attestation d'employeur. Certains ont des aides qui vont jusqu'à 300 ou 400 euros. Ce n'est pas suffisant."
Moins de rentrée d’argent, et plus de dépenses, notamment avec les écoles fermées. Alors ici, on s’active. Une camionnette arrive : "Il y a des des courgettes, des poivrons." Un autre collectif vient livrer des légumes de récupération. Le réseau militant fonctionne à plein. Une petite partie des colis est donnée par le Secours populaire. Le reste, ce sont des dons de nourriture ou d’argent.
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