Confinement : la hausse des audiences télé traduit "une forte demande d'information et un besoin d'être rassuré", estime le président du CSA
Depuis le début du confinement, "les médias traditionnels, la télévision, la radio voient leurs heures d'écoute progresser", affirme Roch-Olivier Maistre, invité de franceinfo, mercredi 1er avril 2020.
Les audiences télé battent des records avec le confinement. De nombreuses chaînes ont adapté leurs programmes et Canal+ est temporairement passée en clair. "Il y a une forte demande d'information et un besoin d'être rassuré", a expliqué mercredi 1er avril, Roch-Olivier Maistre, président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), invité de franceinfo.
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franceinfo : Les télévisions en font-elles trop sur le coronavirus ?
Roch-Olivier Maistre : Je ne crois pas. Je voudrais saluer la mobilisation de tous les médias qu'ils soient publics, privés, nationaux ou locaux pour être au plus près des Français et les informer. Il y a une forte demande d'information et un besoin d'être rassuré. Il faut lutter contre les fausses informations aussi. Il faut adapter les offres pour répondre aux contraintes du confinement qui sont très lourdes et maintenir le lien entre nous tous. Les séquences d'information ont un succès formidable.
On pensait que ce serait les plateformes de streaming qui emporteraient, en cette période, tout sur leur passage et en réalité ce n'est pas du tout le cas. Ce sont les médias traditionnels, la télévision, la radio qui voient leurs heures d'écoute progresser.
Avez-vous des plaintes en ce moment ?
Non. On s'y attendait parce que c'est un sport traditionnel de se tourner vers le CSA en se demandant ce qu'il fait. Là, on a très peu de plaintes donc je pense que les médias remplissent bien leur rôle d'information même si la période peut être anxiogène pour chacun d'entre nous.
Que peut faire le CSA contre les théories du complot sur le coronavirus ?
Cela souligne l'importance des rédactions traditionnelles, dont franceinfo fait partie. Ces théories prospèrent essentiellement sur les réseaux sociaux, c'est là où on voit circuler en matière de santé le plus de fausses informations. Le fait d'avoir des rédactions professionnelles qui décryptent les choses, font appel à des experts, analysent et apportent la contradiction, c'est le meilleur moyen pour établir de la confiance avec les auditeurs, téléspectateurs et que l'opinion publique se fasse une juste opinion. En ces périodes de pandémie c'est plus que jamais indispensable.
Canal+ a proposé ses programmes en clair, gratuit, pendant 15 jours. Qu'en pensez-vous ?
C'est une initiative qu'ils ont prise, l'opération s'est terminée hier soir et nous l'avons découverte a posteriori. Nous avons rempli notre rôle et rappelé Canal+ à ses devoirs. Derrière une gratuité, il faut voir qu'il y a des auteurs, des producteurs, des financeurs dont les intérêts sont directement mis en cause. Donc, on a rappelé à Canal qu'il y avait des règles, des principes et un équilibre d'ensemble du paysage audiovisuel et qu'il fallait le respecter.
Dans d'autres pays, des acteurs payants comme Canal+ ont mené ce genre d'opération, et ils l'ont fait en accord avec toutes les parties, les ayant-droits, les sociétés d'auteurs, de producteurs. Je pense que Canal+ aurait pu le faire.
Est-ce qu'il y aura des dégâts dans les médias après cette crise, notamment en raison du retrait de certains annonceurs ?
C'est à craindre. Les médias sont confrontés à un effondrement de leurs ressources publicitaires. Les tournages sont stoppés donc la chaîne des producteurs risque d'être directement impactée par cette crise. On est en dialogue avec eux et avec le gouvernement pour essayer de les accompagner au mieux et préparer au mieux la sortie de la crise.
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