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"C'est un véritable scandale" : le groupe Carrefour place ses salariés en chômage partiel, les syndicats dénoncent "une décision politique"

Depuis la fermeture des rayons non essentiels, décidée par le gouvernement, de nombreuses enseignes de la grande distribution ont recours au chômage partiel. Chez l'enseigne Carrefour, la mesure est dénoncée par les syndicats qui y voient "une fraude" de la part des entreprises.

Article rédigé par Sarah Lemoine - Edité par Pauline Pennanec'h
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'entrée d'un supermarché Carrefour, en Seine-Saint-Denis, le 3 novembre 2020. Photo d'illustration. (BERTRAND GUAY / AFP)

Chez Carrefour, les syndicats sont sous le choc. En plein confinement lié à l'épidémie de Covid-19, la quasi-totalité des salariés, soit près de 90 000 sur 110 000 personnes, ont été placés en chômage partiel par la direction, jeudi 12 novembre, sans aucune concertation. Dans les magasins, ce sont deux à trois jours par semaine pour ceux qui travaillent dans les rayons fermés, un jour par quinzaine pour tous les autres, y compris les caissières et les vigiles. Les salariés des sièges sont aussi concernés, avec deux jours de chômage partiel par semaine.

Philippe Allard, délégué CGT Carrefour, est scandalisé. "Seuls les rayons non alimentaires, non essentiels, sont concernés par la fermeture des rayons, explique-t-il. On ne comprend pas pourquoi Carrefour arrive à faire une activité partielle qui concerne 90 000 salariés dans le groupe."

"Tous les salariés sont concernés hormis la logistique et le drive. C'est un véritable scandale."

Philippe Allard, délégué CGT Carrefour

à franceinfo

Selon les syndicats, le groupe Carrefour n’a pas fait dans la dentelle. Le chômage partiel s’applique uniformément à tous les hyper et supermarchés, quel que soit le niveau de fréquentation ou le nombre de rayons fermés.

Contactée par franceinfo, la direction affirme que les mesures sont justifiées, mais sans communiquer de chiffres. "À ce stade, ça nous paraît démesuré parce que nous n'avons pas de chiffres sur la baisse de fréquentation, les bénéfices, déplore Olivier Guivarch, syndicaliste CFDT. On a quand même l'impression qu'aujourd'hui, dans le commerce alimentaire, l'activité va bien. Donc oui, c'est prématuré de faire appel à l'argent public pour baisser le coût du travail."

Pas de perte de salaire pour les salariés

Les salariés en chômage partiel ne subiront pas de perte de salaire. Le manque à gagner sera intégralement compensé indique le groupe Carrefour, mais là n’est pas question pour Dominique Moualek, délégué Force Ouvrière : "On se réserve le droit de saisir toutes les autorités compétentes, notamment les inspections du travail, pour dénoncer un chômage partiel qui est non adapté, et sur lequel on pourrait certainement dénoncer une fraude au chômage partiel."

"Pour moi, c'est une décision politique qui a été prise par l'entreprise en lien avec les acteurs de la grande distribution."

Dominique Moualek, délégué Force Ouvrière

à franceinfo

Selon le syndicaliste, la grande distribution a tout simplement engagé un bras de fer avec le gouvernement : "Aujourd'hui, la grande distribution, en clair, dit au gouvernement : 'Vous voulez nous interdire la vente des produits non essentiels, vous allez assumer une partie des salaires de nos entreprises'."

Car Carrefour n’est pas la seule enseigne à recourir au chômage partiel. C'est aussi le cas de Casino, de Monoprix, d'Auchan et de certains franchisés Leclerc. Avec ou sans compensation de salaire, selon les cas.

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