Amérique latine : "Les systèmes sociaux et sanitaires sont très défectueux et n'ont pas les moyens d'absorber le choc imposé par" le coronavirus, selon un chercheur
L'Amérique du Sud est "un nouvel épicentre" de la pandémie de nouveau coronavirus, a estimé vendredi l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Le Brésil en particulier est le deuxième pays recensant le plus de cas au monde derrière les Etats-Unis.
L'Amérique latine est désormais l'épicentre de la pandémie de coronavirus et craint d'importantes conséquences économiques et sociales. "C'était prévisible", a regretté dimanche 24 mai sur franceinfo Christophe Ventura, directeur de recherche à l'IRIS (Institut de recherches internationales et stratégiques), spécialiste de la société civile et des mouvements sociaux en Amérique latine.
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franceinfo : les pays d'Amérique latine ont-ils les moyens humains et économiques d'affronter cette pandémie du coronavirus selon vous ?
Eh bien non, c'est tout le problème et c'était hélas prévisible. Beaucoup de personnalités en Amérique latine, d'organismes régionaux comme la Cepal (la Commission économique pour le développement d'Amérique latine) ou l'OMS alertaient sur le fait que c'est en Amérique latine que les conditions étaient probablement les plus propices à une déflagration économique, sociale et sanitaire liée au Covid-19.
Cette région vit une autre épidémie, la dengue, qui est la plus importante de toute son histoire. Les systèmes sociaux et sanitaires sont très défectueux et n'ont pas les moyens d'absorber le choc imposé par la pandémie de Covid. Et puis, le Brésil le Pérou et le Chili ont comme points communs l'absence de systèmes sociaux robustes.
Au Chili, le chômage et la faim sont de plus en plus prégnants dans les quartiers pauvres. Ces derniers jours, plusieurs manifestants ont bravé le confinement pour manifester et réclamer des aides alimentaires. L'Etat peut-il remédié à cela ?
Le gouvernement chilien a relâché complètement le confinement pour relancer les activités économiques. C'est un gouvernement qui d'ailleurs, un peu à l'instar de Jair Bolsonaro, considère que l'économie prime finalement sur tout autre chose. Cette stratégie a mené finalement à la multiplication des clusters et aujourd'hui, le pays est obligé de revoir sa politique de manière beaucoup plus draconienne en réimposant cette fois-ci à Santiago un confinement total, dans les standards de l'OMS.
Cela pose de nouveaux problèmes pour des populations pauvres des quartiers populaires qui, le matin, doivent prendre les transports publics. Le pays est très peu outillé en matière de respirateurs, de dispositifs de thérapie intensive, avec encore une fois des hôpitaux qui sont débordés complètement par nombre de malades qui en soit n'est pas forcément énormissime mais qui par rapport aux capacités hospitalières et sanitaires est bien trop important.
Observe-t-on des disparités entre les différents pays d'Amérique latine, avec des pays qui s'en sortent mieux que les autres ?
Oui, les pays qui s'en sortent mieux ce sont d'abord Cuba et le Venezuela, pour des raisons liées à un mode de gestion de la population qui permet un contrôle assez fort. Les médecins cubains sont aujourd'hui dans 14 ou 15 pays, dont la France, pour appuyer la lutte contre le Covid. Le Venezuela a moins de cas importés du fait qu'il est largement déconnecté des flux de transport et des frets depuis un certain nombre d'années.
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