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Amazon : "Il aurait été incongru que le chômage partiel soit accordé" assure le syndicat SUD Commerce

Laurent Degousée, co-délégué de la fédération SUD Commerce chez Amazon France, revient ce lundi sur le refus du dispositif de chômage partiel par l’État au géant du e-commerce. Une "sage décision" selon le syndicaliste.

Article rédigé par franceinfo
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Le centre de distribution d'Amazon à Saran (Loiret), le 15 avril 2020. (ERIC MALOT / MAXPPP)

Le gouvernement a retoqué, lundi 4 mai, une demande de chômage partiel du géant américain Amazon, contraint par la justice à réduire ses activités sous peine d'amende et qui entendait percevoir cette "aide" de l'État français au même titre que d'autres entreprises mises en difficulté économique par le confinement. "Il aurait été incongru que le chômage partiel soit accordé" à Amazon, estime lundi 4 mai sur franceinfo Laurent Degousée, co-délégué de la fédération SUD Commerce chez Amazon France. Selon lui, Amazon se comporte de manière "hautaine" et refuse d’aborder la question de fond de la reprise du travail des salariés.

franceinfo : Est-ce que ce refus de chômage partiel pour Amazon se justifie selon vous et pourquoi l’entreprise a-t-elle voulu l’obtenir ?

Laurent Degousée : C'est une sage décision. Cela aurait été doublement incongru que le chômage partiel soit accordé à Amazon. Il y a deux raisons. La première, c’est que c’est Amazon, et personne d’autre, même pas la justice, qui a fait le choix de la fermeture temporaire de ses six entrepôts. La seconde, c’est que, alors même que ces entrepôts français sont fermés, les affaires continuent. On peut toujours commander sur Amazon et être livré depuis un certain nombre d’entrepôts européens. Le chômage partiel est destiné à des entreprises, et donc derrière à des salariés, qui matériellement ne peuvent pas ouvrir. Je pense en premier lieu à ceux de la restauration. Ce n'est pas une question de "on veut" ou "on ne veut pas", ils n'ont pas le droit d'ouvrir. Ils sont soumis à cette nécessité. Malheureusement, Amazon est dans une position hautaine depuis le début de cette affaire. Elle estime, parce que c'est une entreprise certes importante, qu'elle a droit à un certain nombre de passe-droits. C'était le cas déjà en matière d'activité. C'était le cas dans sa réaction face aux deux décisions de justice, dont elle est pourtant à l’initiative pour l’une d’elles. Quitte à oser, pourquoi ne pas aller quémander des subsides publics auprès du gouvernement ? Cette opération, cette manière de faire a été sanctionnée une nouvelle fois. Elle a échoué. On espère que ça va enfin être l’occasion de pouvoir discuter de manière loyale sur comment on redémarre l'activité des entrepôts, en toute sécurité pour les salariés.

Vous demandez que l'on puisse rouvrir les entrepôts, reprendre le travail ?

C'est ce que nous n'avons jamais cessé de faire, y compris quand on ferraillait devant la justice. Cependant, cela suppose de discuter de manière sérieuse et non seulement du nombre de lingettes ou du nombre de masques. Cela suppose, par exemple, d'accepter dans un premier temps une moindre activité ou d'occuper moins de salariés. Cela ne pose aucun problème pour d'autres entreprises, qu'elles soient françaises et étrangères. Ce qui est partiellement flagrant dans les entrepôts, c'est la promiscuité. C’est une source de propagation de ce virus. C'est pourquoi la justice a imposé, de fait, une moindre activité en se concentrant sur les produits dits essentiels, même si cette liste a été élargie par la suite.

Est-ce que vous avez une date pour une possible réouverture, pour l’instant Amazon a arrêté les entrepôts jusqu’au 5 mai ? C’est un moyen de pression pour l’ouverture ou la fermeture des entrepôts ?

Nous n'avons pas de date aujourd'hui. Il n’est pas pensable que les affaires reprennent, que les entrepôts redémarrent comme si de rien n'était dès le 6 mai. On s'attend à une énième prolongation. Ce qu’on espère, c'est que cette prolongation servira à discuter pour de vrai, de quelle manière les salariés vont retrouver leur lieu de travail ? On espère qu'Amazon ne va pas continuer durablement à jouer la montre et qu'on puisse enfin discuter du fond. C’est-à-dire : dans quelles conditions les salariés vont pouvoir reprendre sans prendre le risque d'être à nouveau infectés ? Si on se retrouve à nouveau au contentieux, je pense que ça ne grandirait personne.

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