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Aisne : La police saisit plus de 5 000 cartouches de protoxyde d’azote, le gaz hilarant très prisé des jeunes, dans un quartier sensible de Soissons

La mairie a pris un arrêté interdisant aux mineurs l’achat, la détention et la consommation sur la voie publique de ce gaz, depuis décembre dernier. Ce qui incite visiblement certains à acheter en gros ces petites cartouches sur internet.

Article rédigé par franceinfo, Aurélien Accart
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
En novembre 2019, le ministère de la Santé avait ainsi répertorié 25 cas de complications depuis le début de l’année, liés à l’usage détourné du protoxyde d’azote.  (LEYLA VIDAL / MAXPPP)

Les policiers de Soissons (Aisne) ont saisi, mardi 16 juin, 5 352 cartouches de protoxyde d’azote cachées dans les parties communes d’un immeuble d’un quartier sensible de la ville, a appris franceinfo de source policière. Bien que la détention de ce gaz - en vente libre et utilisé notamment dans des cartouches pour siphon à chantilly - ne soit pas illégale, les policiers s’inquiètent de l’utilisation qui en est faite par les jeunes, qui le détournent en drogue.

Des stocks de cartouche probablement destinés à la revente

C'est dans le cadre d’une autre enquête - qui a permis au passage aux policiers de saisir une motocross qui a servi dans un rodéo urbain récent - que les forces de l’ordre ont mis la main sur cet impressionnant stock de protoxyde d’azote. Plus de 5 000 cartouches, conditionnées dans des boîtes de 600, et très certainement destinées à la revente. Elles se trouvaient dans un local technique d’un immeuble du quartier prioritaire de Presles.

"L’usage détourné qui est fait du protoxyde d’azote est une réalité à Soissons comme dans d’autres villes de France, explique à franceinfo le commissaire de police de la ville, Emmanuel Libeyre. Les cartouches s’achètent en gros, et se revendent à l’unité.

Ca vaut environ 30 centimes d’euros, mais ça se revend en soirée jusqu’à plusieurs euros l’unité. Et cela présente un risque sanitaire important.

Emmanuel Libeyre, commisaire de police de Soissons

à franceinfo

Des atteintes du système nerveux, jusqu'à la paralysie

Ce risque s'est accru depuis le déconfinement, où l’utilisation comme drogue de ce gaz hilarant a repris de plus belle. "On retrouve des traces de cette consommation dans tous les lieux où les jeunes ont l’habitude de se rassembler, le long des berges et dans les parcs. Nous sommes alertés très régulièrement par les services de la voirie", explique le commissaire.

L’usage récréatif du protoxyde d’azote présente des risques importants pour la santé. Si son inhalation provoque d’abord des rires incontrôlés - d’où son surnom de "gaz hilarant" - qui s’estompent au bout d’une à deux minutes, les effets d’une consommation répétée peuvent être dangereux. En novembre 2019, le ministère de la Santé avait ainsi répertorié 25 cas de complications depuis le début de l’année, liés à l’usage détourné du protoxyde d’azote. Sur les 10 cas de complications graves - des atteintes du système nerveux pouvant aller jusqu’à la paralysie - huit sont répertoriés dans la région Hauts-de-France.

La détention de protoxyde d'azote n'est pas illégale

À Soissons, comme dans d’autres villes de France, la mairie a pris un arrêté interdisant aux mineurs l’achat, la détention et la consommation sur la voie publique de protoxyde d'azote, depuis décembre dernier. Ce qui incite visiblement certains à acheter en gros ces petites cartouches sur Internet, pour les revendre à l’unité aux mineurs. Les contrevenants prennent des risques parfois immédiats que la police a pu observer lors de contrôles routiers. 

Certains prennent le volant après avoir consommé ce gaz. Or les effets peuvent être très violents, ça pose un vrai problème de sécurité publique, en plus du risque sanitaire

Emmanuel Libeyre, commissaire

à franceinfo

La détention de ces cartouches de protoxyde d’azote n’étant pas illégale, aucune enquête judiciaire n’est en cours. Mais la police compte bien faire de la prévention sur ce sujet, en se rendant dans les collèges et lycées à la rentrée prochaine pour sensibiliser sur les risques de la "défonce" au gaz hilarant.

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