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Info franceinfo Levothyrox : une centaine de patients porte plainte pour "trafic d'influence"

Ces plaignants s'interrogent sur les conditions dans lesquelles la nouvelle formule du Levothyrox a été mise sur le marché et pointent du doigt le travail, qu'ils jugent orienté en faveur du laboratoire Merck, de la commission à l'Assemblée nationale.

Article rédigé par Mathilde Lemaire
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une boîte du médicament Levothyrox, à Saint Gaudens (Haute-Garonne), le 4 décembre 2017. (REMY GABALDA / AFP)

Une centaine de patients disant souffrir de la nouvelle formule du Levothyrox décide de porter plainte pour "trafic d'influence", a appris franceinfo, vendredi 6 juillet, auprès de leur avocat. Plusieurs patients avaient déjà porté plainte pour "tromperie aggravée, blessures involontaires mise en danger de la vie d'autrui."

Ces plaignants demandent à la juge d'instruction du pôle santé de Marseille, saisie du dossier, d'enquêter sur des conflits d'intérêts présumés. Ils disent s'interroger sur les conditions dans lesquelles la nouvelle formule du Levothyrox a été mise sur le marché et pointent du doigt le travail, qu'ils jugent orienté en faveur du laboratoire Merck, de la commission à l'Assemblée nationale qui a conclu, en octobre 2017, à une simple "crise médiatique et non sanitaire".

L'avocat fait des découvertes

Alors que le laboratoire Merck a toujours affirmé que l'Agence du médicament lui avait imposé de changer la formule du médicament, au motif que l'ancienne posait un problème de conservation, l'avocat Gauthier Lefevre affirme avoir découvert que le laboratoire travaillait déjà depuis plusieurs années sur ce nouveau médicament, et que l'ancienne formule ne posait pas de problème particulier.

Me Lefevre fait reposer sa plainte sur le fait que le professeur Philippe Lechat, de l'Agence du médicament, qui a signé la demande de nouvelle formule adressée à Merck, a travaillé plusieurs années et jusqu'en 2004 pour ce laboratoire : "On découvre que la personne qui a signé le courrier, en février 2012, pour solliciter le changement de formule, a travaillé pour le laboratoire Merck. Il suffit de se référer à la déclaration publique d'intérêt rédigée par l'intéressé, et on voit qu'il a travaillé pour Merck plusieurs années. Il y a donc évidemment un conflit d'intérêt, ça pose question (…). Quand le laboratoire Merck vous donne sa version officielle qui est de dire 'c'est une autorité complètement indépendante qui nous a donné le feu vert', on s'aperçoit qu'en réalité, ce n'est pas une autorité si indépendante que ça; C'est un ancien de la maison, si je puis dire."

Ces gens-là ont des liens d'intérêt financier avec les laboratoires, c'est-à-dire que concrètement, certains professeurs sont régulièrement rémunérés pour des interventions, des réunions, pour le laboratoire Merck.

Gauthier Lefevre, avocat

à franceinfo

L'avocat dénonce également les liens entre les professeurs de médecine entendus par la commission de l'Assemblée en octobre et le laboratoire Merck : "Les personnes auditionnées sont quasiment toutes des proches ou des gens qui ont travaillé pour le laboratoire. Et, évidemment, quand ces gens-là sont auditionnés, ils omettent bien de le dire. Ça va même jusqu'au député qui rédige ce rapport, M. Jean-Pierre Door [Les Républicains], dont on apprend en réalité qu'il a une usine Merck sur sa circonscription du Loiret."

Me Lefevre joint à sa plainte les certificats médicaux de sa centaine de clients souffrant depuis un an, entre autre, de perte de cheveux, douleurs articulaires, et dépressions sévères.

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