La bataille contre Ebola en passe d'être "perdue" ?
A l'occasion d'une conférence à Paris, l'Onu et la Banque mondiale ont demandé l'accélération de l'envoi des aides promises aux pays les plus gravement touchés par l'épidémie d'Ebola.
Les promesses ne suffiront pas à vaincre l'épidémie. L'Onu et la Banque mondiale se sont alarmées samedi 18 octobre du manque de solidarité internationale envers les pays africains touchés par Ebola, alors que le virus a déjà tué 4 555 personnes. Les deux instances internationales pressent les pays occidentaux de mettre en place les aides financières et humaines promises.
"Nous sommes en train de perdre la bataille" face au virus, a déploré le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, lors d'une conférence de presse à Paris. "Certains pays ne se préoccupent que de leurs propres frontières", ce qui est "très inquiétant", a-t-il déclaré. "Nous n'avons toujours pas pris conscience de la solidarité nécessaire" au niveau international, a-t-il encore déploré.
Combien d'argent demandent les Nations Unis ?
Les Nations unies ont reçu jusqu'à présent 377 millions de dollars sur les 988 millions demandés, soit 38%, a déclaré vendredi un porte-parole de l'OCHA (Bureau des Affaires humanitaires de l'ONU) à Genève. "Il faut y ajouter 217 millions de dollars promis, mais qui ne sont pas encore arrivés sur les comptes bancaires", a-t-il précisé. Quant au fonds spécial de l'ONU mis en place pour parer aux urgences, le "Trust Fund", il ne dispose que de 100 000 dollars sur les 20 millions initialement requis.
En réponse à cet appel de fonds, le gouvernement canadien, qui avait annoncé une contribution de 30 millions de dollars canadiens (21 millions d'euros) le mois dernier, s'est engagé vendredi à verser une aide de 30 millions supplémentaires. Le Programme alimentaire mondial (PAM) a pour sa part annoncé vendredi le lancement immédiat d'une distribution d'aide alimentaire à 265 000 habitants de Freetown, la capitale de Sierra Leone, "la plus importante dans le pays depuis le début de l'épidémie d'Ebola".
Quels pays concernés ?
Si sept pays (Liberia, Sierra Leone, Guinée, Nigeria, Sénégal, Espagne et Etats-Unis) ont été touchés, l'Afrique de l'Ouest reste de très loin la région la plus affectée. Seule raison de se réjouir : la situation du Sénégal. L'Organisation mondiale de la Santé a annoncé que le pays, qui avait déclaré un cas, désormais guéri, ne pouvait plus être considéré comme un pays touché par Ebola. La même annonce devrait suivre lundi pour le Nigeria, qui a enregistré 20 cas, dont 8 décès.
Mais la peur d'une contagion de masse au virus Ebola gagne du terrain en Occident, malgré les appels au calme et les contrôles renforcés dans plusieurs pays, dont la France. A titre d'exemple, les autorités portuaires mexicaines ont refusé vendredi à un bateau de croisière de faire escale à Cozumel, comme prévu, en raison de la présence à bord d'une laborantine d'un hôpital texan, qui a pu être en contact avec le patient libérien mort du virus Ebola à Dallas le 8 octobre dernier. Elle ne présente pourtant aucun symptôme de la maladie.
Quels moyens humains pour lutter contre le virus ?
La Communauté d'Afrique de l'Est (EAC) a décidé d'envoyer plus de 600 professionnels de santé, dont 41 médecins, en Afrique de l'Ouest pour combattre l'épidémie, a annoncé vendredi le bloc qui regroupe cinq pays de la région. Londres a de son côté envoyé en Sierra Leone un navire militaire médicalisé, avec un hôpital, trois hélicoptères et 350 personnes à bord. Il devrait arriver dans deux semaines à Freetown. Au total, la Grande-Bretagne prévoit d'envoyer 750 militaires dans son ancienne colonie pour aider notamment à la construction de centres de traitement.
En Sierra Leone, la lutte contre l'épidémie passe désormais aussi par l'implication des rescapés. Une trentaine de survivants ont été réunis par les autorités et l'ONU pour partager leur expérience à Kenema, région la plus touchée dans l'est du pays. Selon l'OMS, les survivants d'une espèce du virus Ebola, en l'occurrence celle dite Zaïre, sont immunisés contre cette espèce. Certains d'entre eux ont ainsi été mobilisés pour apprendre aux soignants à minimiser les risques de contamination.
L'Unicef également a commencé à tirer parti de cette immunisation pour confier à des survivants des enfants en quarantaine ou des orphelins de l'épidémie. Cette rencontre de Kenema était "un projet pilote" pour, à terme, enrôler 2 500 survivants dans la lutte.
Où en est l'élaboration d'un vaccin ?
Au plan médical, la firme britannique GSK a annoncé que son vaccin expérimental contre la maladie ne sera pas prêt à la commercialisation avant 2016, mais ne doit "pas être considéré comme une riposte première à l'épidémie en cours".
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