Info franceinfo Santé : les patients pourront désormais être contraints de faire jusqu'à 30 km de détour à cause du partage des transports sanitaires

Il sera tout de même possible de refuser le transport partagé, mais il faudra, en ce qui concerne cette année, avancer les frais. À partir de 2025, il faudra payer une pénalité dont le montant n'est pas encore fixé.
Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Des ambulances privées sont garées. (JEAN-FRANCOIS FREY / MAXPPP)

Les patients pourront désormais être obligés de faire jusqu'à 30 kilomètres de détour dans leur ambulance ou leur taxi à destination ou au départ de l’hôpital en raison du futur partage des transports sanitaires, selon le projet de décret, qui sera publié dans les prochains jours et consulté par franceinfo vendredi 3 mai. 

Les taxis et ambulances vont devoir être partagés, après un vote du Parlement à l'automne dernier. Cette mesure avait été votée pour permettre à la Sécurité sociale de faire des économies. Le remboursement des transports sanitaires a coûté 5,7 milliards d'euros en 2022, en forte augmentation.

Ce que prévoit le décret

Selon le projet de décret consulté par franceinfo, il faudra donc désormais partager avec d'autres malades son ambulance ou taxi sanitaire, avec un détour de dix kilomètres possible par passager, et dans la limite d'un détour total de 30 kilomètres. Pour des malades qui vont régulièrement à l'hôpital, rallonger le trajet retour après une dialyse ou une séance de chimiothérapie, ce n'est franchement pas une bonne idée, juge Bruno Lamothe, de l'association de malades du rein, Renaloo.

"Le malade peut avoir des nausées, des vomissements... Et cette personne va se voir imposer un détour jusqu'à 30 km alors qu'elle est en situation de vulnérabilité"

Bruno Lamothe, de l'association Renaloo

à franceinfo

L'association préférerait que le décret comptabilise le temps de trajet plutôt que la distance : "Une personne qui habite au Grau-du-Roi, dans le Gard, à 30 km de Montpellier, va mettre 44 minutes en hiver, mais 3h45 en plein été, à cause de bouchons pour aller sur les plages...", fait ainsi remarquer Bruno Lamothe.

Fin des gestes barrière et avance de frais

Quant à l'attente pour le départ de l'ambulance ou du taxi, le décret dit que pour les patients il doit s'agir d'un "délai d'attente raisonnable". "Qu'est-ce qu'un délai 'raisonnable' ?, s'interroge Catherine Simonin, de la Ligue contre le Cancer et France Assos santé. On voit bien qu'aux urgences, on peut attendre cinq heures parfois. Ce sont des dispositions très vagues, très floues..." 

Par ailleurs, dans l'ambulance ou dans le taxi, il ne sera pas obligé de porter de masques et aucun geste barrière n'est prévu par ce décret. "Sans mesure barrière, c'est-à-dire masque et lavage des mains obligatoires avant d'entrer dans le transport, il y a bien évidemment un risque de contamination des personnes les plus fragiles et vulnérables qui peuvent avoir des contreparties derrière et des pertes de chances sur leur santé", dénonce Catherine Simonin. 

Pour obtenir un transport individuel remboursé, il faudra que le médecin spécifie sur l'ordonnance que l'état du patient est incompatible avec un transport partagé. Sinon, il sera tout de même possible de refuser le transport partagé, mais il faudra, en ce qui concerne cette année, avancer les frais. "Pour une personne dialysée, par exemple, la moyenne est de 13 000 euros de frais par année, jusqu'à 20 000 euros. Ces personnes ne pourront pas avancer les frais", note enfin Bruno Lamothe. À partir de 2025, il faudra même payer une pénalité dont le montant n'est pas encore fixé. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.