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Revalorisation salariale à l'hôpital, nouvelles compétences pour les pharmaciens… Ce qu'il faut retenir des annonces du gouvernement sur la santé

La Première ministre a fait une série d'annonces, jeudi, visant à mieux rémunérer certains professionnels de santé, à l'hôpital. Des mesures saluées par les organisations syndicales mais encore jugées insuffisantes.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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La Première ministre, Elisabeth Borne, et le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, au CHU de Rouen (Seine-Maritime), le 31 août 2023. (LOU BENOIST / AFP)

Un nouveau coup de pouce financier pour trouver une parade à la crise de l'hôpital. Le gouvernement a annoncé, jeudi 31 août, un total de plus d'un milliard d'euros de revalorisations pour les soignants, en faveur notamment du travail de nuit et le dimanche.

Après un été où plusieurs services, en particulier les urgences, ont été sur le fil du rasoir, en raison de la pénurie de soignants, la réponse de l'exécutif était attendue par le monde de la santé. La cheffe du gouvernement a, dans la continuité du Ségur de la Santé de 2020, choisi de délier à nouveau les cordons de la bourse, avec à la clef la promesse d'un "choc d'attractivité", selon Matignon. Franceinfo revient sur ces annonces et la réaction des professionnels de santé. 

La revalorisation du travail de nuit et le week-end

Pour Elisabeth Borne, "l'enjeu", est de reconnaître ces "contraintes particulières qu'ont les médecins" et soignants à l'hôpital, soit "le travail de nuit, le dimanche et les jours fériés". Pour fidéliser le personnel paramédical, qui fuit de plus en plus l'hôpital, l'exécutif a décidé de majorer "de 25% la rémunération pour les aides-soignantes, les infirmières". Pour le personnel non médical, une hausse de 20% de l'indemnité pour le travail du dimanche est prévue.

Quant aux médecins, "on va pérenniser l'augmentation de 50% des gardes qu'on avait expérimentée depuis l'été dernier, et elle va s'étendre à tous les médecins, aussi bien du public que du privé", a déclaré Elisabeth Borne. Dernière mesure : les rémunérations des astreintes des médecins de l'hôpital public vont être "alignées" sur celles du privé, plus favorables.

Selon le ministère de la Santé, ces revalorisations concernent aussi le personnel du Samu, et donc les assistants de régulation médicale (ARM) en grève depuis début juillet pour demander une meilleure reconnaissance face à une "explosion" du nombre d'appels ces derniers mois.

Environ 600 millions d'euros de revalorisations déjà annoncées mais pérennisées

Concrètement, le nouveau système remplace la "majoration d'un euro par heure travaillée" — portée en 2022 à deux euros par heure — qui ne prenait pas en compte l'ancienneté du professionnel. Selon des estimations gouvernementales, cela représente, pour une infirmière qui travaille en moyenne "dix à douze nuits" par mois, un bonus d'environ "230 euros bruts mensuels" pour une débutante, "300 euros en milieu de carrière" et jusqu'à "495 euros bruts en fin de carrière".

Pour le personnel non médical, l'indemnité majorée de 20% appliquée les dimanches et jours fériés sera versée sous forme de "forfait", soit approximativement 10 euros de plus par jour, selon le ministère de la Santé. Avec quatre gardes mensuelles, un praticien en milieu de carrière devrait ainsi être augmenté de quelque "560 euros bruts en moyenne", explique Matignon.

Sur le 1,1 milliard d'euros du coût d'ensemble, 600 millions correspondent à des revalorisations déjà annoncées, mais qui sont "pérennisées" et 500 millions concernent de nouvelles mesures, qui seront inscrites dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2024, toujours selon Matignon.

De nouvelles compétences pour les pharmaciens et les sages-femmes

L'exécutif poursuit également son travail déjà engagé pour "élargir les compétences" de certains professionnels de santé, notamment en ville. Depuis début août déjà, les pharmaciens, ou sages-femmes peuvent prescrire et administrer certains vaccins, comme la grippe ou des rappels obligatoires.

La Première ministre autorise désormais les pharmaciens à "prescrire des antibiotiques" pour les cystites et les angines, "dès lors que celui-ci aura réalisé un test pour confirmer l'origine bactérienne" de la maladie et un entretien avec le patient. "La logique, c'est de faciliter l'accès des Français [aux antibiotiques] sur des pathologies classiques", a assuré sur franceinfo vendredi, le ministre de la Santé, Aurélien Rousseau. 

"Il faut que le pharmacien traite les cas les plus simples", a encore précisé le ministre. Interrogé sur France Inter vendredi, Eric Myon, secrétaire général de l'UNPF, l'Union nationale des pharmacies de France, a salué la possibilité d'avoir "une prise en charge immédiate" tout en évitant "le mésusage des antibiotiques", puisque cette possibilité est limitée aux infections bactériennes.

Des annonces bien accueillies, mais jugées insuffisantes

La Fédération hospitalière de France (FHF, hôpital public) a réagi en se félicitant, dans un communiqué, d'un "signe fort" demandé "de longue date". Pour Agnès Ricard-Hibon, porte-parole de la société française de médecine d'urgence (SFMU), "ces revalorisations ciblent les périodes à forte pénibilité" et vont "dans le bon sens". Mais "tout n'est pas une question d'argent", et il faut aussi améliorer les conditions de travail, a-t-elle dit à l'AFP.

Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France, a de son côté estimé sur franceinfo que les mesures concernant les revalorisations salariales "viennent à point nommé" mais que "ce n'est pas suffisant" pour régler tous les maux de l'hôpital. "L'hôpital a aussi besoin d'évoluer sur ses méthodes managériales, sur ses méthodes de recrutement et sur la qualité de vie des professionnels de santé au travail", a-t-il insisté. 

Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), se veut encore plus critique. Auprès de franceinfo, il estime que les annonces d'Elisabeth Borne ne vont pas "changer fondamentalement" les choses avec "quelques dizaines d'euros de plus". "Le vrai problème", selon lui, ce sont "les conditions infernales" dans lesquelles travaillent les soignants. 

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