"Le système de santé a surtout besoin d'une réforme", plaide le médecin urgentiste Mathias Wargon
"Le système de santé a surtout besoin d'une réforme", soutient dimanche 14 janvier sur franceinfo Mathias Wargon, chef des urgences de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis en Seine-Saint-Denis, au lendemain des annonces de Gabriel Attal sur la santé. Lors d'un déplacement à Dijon samedi, le nouveau Premier ministre a annoncé un investissement de "32 milliards d'euros supplémentaires" pour le système de santé français "dans les cinq ans", qui correspond, selon son entourage, à une "hausse du budget de la branche maladie, adoptée dans la dernière loi de financement de la Sécurité sociale". Mathias Wargon regrette l'absence de "vision à long terme", visible par le changement régulier de ministres ces dernières années et l'absence de "ministre dédié à la santé" dans le nouveau gouvernement. Le chef des urgences de l'hôpital Delafontaine à Saint-Denis considère que face aux difficultés qui pèsent sur la santé, "il faut refonder tout le système".
Mathias Wargon assure en effet qu'on "ne peut pas continuer comme ça". "Tout le système de santé s'est reposé sur l'hôpital, de plus en plus, et sur les urgences en particulier, ça fait des années qu'on dit que ça craque", rappelle l'urgentiste. Il déplore notamment des "conditions de travail difficile et dégradées" à l'hôpital face à l'afflux de patients. Dans ses urgences à Saint-Denis, il constate chaque jour "200 à 300 passages", contre "150 à 170 avant 2020". Mathias Wargon explique que beaucoup de malades viennent "aux urgences parce qu'ils ne trouvent pas de solution en ville" or le personnel soignant aux urgences ne peut "pas recevoir tout le monde".
Appel à une "réflexion de fond"
Dans ce contexte, non seulement "il y a besoin de beaucoup beaucoup d'argent", mais "il faut d'abord savoir où le mettre et ce qu'on va en faire", insiste Mathias Wargon. L'urgentiste souhaite qu'une "réflexion de fond" soit faite, avec "un plan". "Qu'on m'explique comment on va réformer le système de santé à cinq ou dix ans, ce qu'on veut faire, comment on veut le rénover", plaide-t-il. Mathias Wargon s'interroge par exemple si pour lutter contre les déserts médicaux, il ne faudrait pas permettre "aux infirmières, aux kinésithérapeutes, aux pharmaciens de faire plus d'actes". "La question, c'est : à qui on donne de l'argent et pour quoi : est-ce qu'on doit se concentrer sur des maladies graves ? Est-ce qu'on doit faire de la bobologie ? Est-ce que les médecins sont là pour faire des certificats ? Est-ce que vous pouvez annuler au dernier moment vos rendez-vous ?", se demande le médecin urgentiste.
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